Le temps passa à une de ses vitesses, et voilà qu'on était déjà samedi. Oui, ce fameux samedi où se déroulerait la grande et belle cérémonie en l'honneur des chasseurs. Puisqu'Alya n'avait pas d'autres choix que d'y assister, il était temps de commencer à s'y préparer. Et comme sa garde-robe ne contenait aucune tenue adéquate pour ce genre d'évènement, elle allait devoir faire les boutiques.
La jeune femme rejoignit sa meilleure amie dans l'après-midi. Toutes deux devaient se trouver une belle robe avant la fin de la journée, et elles avaient ainsi décidé de se coltiner cette corvée ensemble.
Les voilà donc en train de faire du lèche-vitrine dans la rue bondée du Gros Horloge, un Bubble Tea à la main.
—Et celle-là, qu'en penses-tu ? questionna Coline.
Elle lui tendait un cintre de sa main libre d'où pendait une ravissante robe vert menthe. Mais le regard d'Alya était surtout rivé à l'étiquette attachée au bout de tissu.
—Deux cent trente-sept euros pour une robe que je ne porterai qu'une soirée ? Non merci, je refuse de faire cet honneur à mon abruti de cavalier, râla t-elle.
Elle en avait assez de faire le tour des boutiques sans jamais rien trouver. Elle ne savait même pas ce qu'elle cherchait. Elle serait au centre de l'attention avec Raphaël et se devait de porter une jolie tenue. Cependant, elle ne voulait pas faire ce plaisir à ce chasseur arrogant. Elle hésitait entre éblouir la foule de sa beauté, ou ridiculiser l'homme qui serait à son bras avec une robe des plus loufoques.
Et les prix exorbitants n'aidaient pas. Heureusement qu'elle travaillait à chaque vacances afin de faire des économies. Autrement, elle n'aurait pas eu le moindre sou pour se payer un vêtement. Elle cumulait les petits jobs à vrai dire : employée polyvalente en restauration rapide, remise en rayon dans un hypermarché, et même animatrice dans les centres de loisirs. Alya aimait toucher à tout. Et dans quelques années, elle pourrait enfin devenir ce pour quoi elle étudiait : experte comptable.
Coline reposa la robe sur son portant en poussant un soupir de défaite.
—On aurait dû s'y prendre plus tôt. Toutes les boutiques ont été dévalisées, et nous, on se retrouve avec tous les trucs que les gens ne veulent pas.
Bon nombre de personnes ayant été invité à la cérémonie, les magasins ont vu défiler des centaines de jeunes à la recherche de la tenue parfaite dans la semaine qui avait suivi l'annonce du maire. Si bien qu'à présent, il ne restait plus grand-chose de potable - ou alors bien trop cher pour que les filles puissent se l'offrir.
—J'ai un costume de princesse qui traine dans un coin du grenier, tu crois que ça peut faire l'affaire ? plaisanta Alya.
Ledit costume remontait à l'époque où elle avait cinq ans. Elle l'avait porté en guise de déguisement pour faire la tournée de bonbons à Halloween. Pas très effrayant, mais suffisamment adorable pour que les gens lui offrent de plus grosses poignées de friandises qu'à ses camarades.
—Essayons une autre boutique. On ne trouvera rien d'intéressant ici.
Alya et Coline sortirent du magasin sans avoir acheté le moindre article. Découragées, elles s'arrêtèrent un instant pour déguster une gaufre au chocolat avec supplément chantilly.
—Il faut que j'arrête de sortir avec toi. Chacune de nos sorties se termine par une collation bien grasse, se plaignit la blonde.
Coline pouvait s'offrir ce luxe. En tant que métamorphe serval, elle ne prenait pas un gramme. Alya, c'était une autre histoire. Elle devait déguster son goûter tout en culpabilisant du poids qu'elle finirait par prendre. Mais c'était plus fort qu'elle. Impossible de résister aux délicieux arômes de la gaufre chaude.
—Quelle mufle, c'est toi qui as proposé de s'arrêter ici ! protesta Coline.
—Oui, mais sans toi, je ne serais même pas sortie de ma maison, rétorqua la jeune femme.
Elles continuèrent de discuter joyeusement de diverses choses, tentant vainement d'oublier ce pourquoi elles étaient ici. Jusqu'à ce que Coline leur rappelle leur véritable mission.
—Eh, j'ai une idée. Puisque tu sors avec un chasseur, pourquoi ne pas y aller dans une tenue moulante en cuir ? proposa Coline. Comme ça, vous serez assortis. Il y a une super boutique de sadomasochisme à quelques rues d'ici.
Alya s'offusqua de cette idée saugrenue.
—Oui et toi, tu pourrais mettre une robe tigrée et des oreilles de chats, surenchérit-elle.
—Si seulement je pouvais y aller sous ma forme animale, soupira son amie. Pas besoin de se casser la tête avec une robe, il suffirait d'être propre et de se pointer à poil. Le rêve !
Mais c'était impossible, à cause des chasseurs et de la haine des humains envers le monde surnaturel. Jamais Coline ne pourrait se montrer sous son vrai jour. Elle devra continuer de se métamorphoser uniquement dans des endroits clos comme dans sa maison ou celle d'Alya - quand sa mère était absente. Son pauvre alter-égo ne gouterait jamais au bonheur de gambader librement dans la nature. Il devait sans cesse être sur le qui-vive et, si jamais un humain se pointait, prendre la fuite.
—Tu sais quoi ? J'en ai marre de tourner en rond. On va entrer dans une boutique, choisir une robe au hasard et hop ! on passe en caisse, proposa la métamorphe.
—C'est un peu risqué.
—Je me ris du danger ! Hahaha ! plaisanta Coline.
Alya leva les yeux au ciel en riant à l'entente de la citation cinématographique. C'était d'autant plus amusant quand on savait que la femme était un félin garou tandis que l'auteur de la phrase culte était un lion.
—Bien, puisque tu sembles si sûre de toi... Mais interdiction de choisir sa propre robe, on va chacune choisir la tenue de l'autre, lança Alya d'un air de défi.
—J'accepte ! Puisse le sort vous être favorable, répondit Coline en lui tendant la main.
Alya serra la main de sa meilleure amie afin de signer cet accord verbal. Puis elles se levèrent de table, leur gaufre engloutie, et s'en allèrent en quête d'une boutique qu'elles n'avaient pas déjà visitée.
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Les Précurseurs de l'Harmonie
ParanormalDans un univers semblable au nôtre où l'existence des créatures surnaturelles n'est plus un secret, les chasseurs sont des êtres adulés. Ils débusquent les monstres, ces rejetons de l'enfer, et les éliminent afin de rendre le monde meilleur. Enfin...