Chapitre 13

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Désespérée, Alya se releva prestement et fonça vers la porte de sortie.

—Simon ! Simon, aide-moi ! hurla t-elle.

Le géant la rattrapa aussitôt. Il approcha dangereusement sa main enflammée de son visage.

—Prononce encore un mot et je brûle ta jolie langue rose.

Alya déglutit. Sa langue était très bien là où elle était.

Elle commençait à croire que tout était fichu, lorsque la silhouette de son camarade de classe apparut au pas de la porte. Son oncle sorcier le suivait de près.

—Alya ? Mais qu'est-ce que...

—Simon, remonte tout de suite à l'étage. Tout ça ne te regarde pas.

Simon s'offusqua.

—Ça ne me regarde pas ? C'est mon amie que vous retenez en otage ! s'indigna t-il. Que lui faites-vous ?!

Le géant fit disparaitre ses flammes le temps d'arranger la situation.

—Détends-toi, petit. On ne lui fait rien de mal. On veut juste des informations à propos des chasseurs.

Alya soupira de découragement. Elle ne souhaitait qu'une chose, que cette situation interminable prenne fin pour qu'elle puisse rentrer chez elle.

—Quoi ?

—Remonte à l'étage, ordonna le sorcier.

—Non ! Mais enfin, Alya n'est pas avec les chasseurs !

Une étincelle de joie éclata dans le cœur de la jeune femme. Il y avait enfin une personne qui la croyait et était de son côté.

—Comment peux-tu croire ça ? C'est une humaine, ils mentent comme ils respirent !

—Je l'ai vu. Le jour où ils sont venus arrêter notre professeur, elle s'est opposée au chasseur pour qu'il l'épargne. J'étais au premier rang, j'ai tout entendu.

Alya se remémora son altercation avec Raphaël. Toute sa classe avait assisté à la scène.

Les deux hommes ne savaient plus que dire. Ils semblaient enfin croire à son innocence.

—Vous voyez ? Je vous l'avais bien dit que j'étais de votre côté. Et pour la photo, je vous jure qu'ils m'ont forcée.

Le géant de feu lui lança un regard courroucé mais ne fit aucun geste pour la faire taire.

—Écoutez, je sais que vous ne faites pas confiance aux êtres-humains et je trouve ça parfaitement normal étant donné ce qu'ils vous font subir. Or, je ne suis pas comme eux. Je suis née humaine mais je suis pour la cause surnaturelle. Ma meilleure amie est une métamorphe ! Toute sa famille m'a pratiquement adoptée.

Alya avait conscience qu'elle déblatérait sans doute un peu trop. Mais elle était en panique et la nervosité lui faisait dire n'importe quoi.

—Ça suffit, la coupa le géant. On te croit.

Il la croyait ? Tant mieux !

Si elle le pouvait, Alya aurait sauté de joie. Elle allait vivre durant de longues années encore. Comme il lui tardait de rentrer chez elle pour parler de tout ça à Coline. Aussi, elle aurait à s'entretenir sérieusement avec son camarade de classe qui lui avait caché être un sorcier.

—Puisque je suis de votre côté, est-ce que ça vous ennuierez de... me lâcher ? proposa Alya.

Le géant la tenait toujours fermement contre lui et cette position commençait sérieusement à devenir inconfortable. L'homme consentit enfin à la relâcher.

—Bien, puisque tout s'est éclairci entre nous... Est-ce que je peux m'en aller ? tenta t-elle.

Elle ne voyait plus de raisons de la maintenir ici maintenant qu'ils savaient qu'elle n'était pas leur ennemi. Elle ne les dénoncerait pas aux chasseurs, ils pouvaient en être certains. Elle était même prête à signer un pacte de confidentialité - ou peu importe le nom que cela portait. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était rentrer chez elle avant que sa mère n'appelle les policiers et que tout cela ne termine en affaire d'État.

L'oncle de Simon observa le géant de feu derrière elle dans l'attente d'une réponse. De toute évidence, celui-ci semblait être le chef de cette joyeuse assemblée. Ce dernier paressait réfléchir, les bras croisés contre son torse.

—Elle pourrait rejoindre la C.A.C, dit-il abruptement.

—La quoi ? fit la concerné.

Cette suite de lettre n'avait aucun sens pour Alya qui était persuadée de ne jamais avoir entendu pareil nom.

—La communauté anti-chasseur, expliqua le sorcier. Et puis quelle idée sordide, pourquoi voudrais-tu faire entrer une humaine là-dedans ? Elle ne nous servira à rien !

Alya jeta un coup d'œil à Simon, mais son camarade paraissait tout aussi perdue qu'elle.

—Les chasseurs s'intéressent à elle. Cette humaine pourrait devenir notre agent infiltré.

—Eh oh, je suis là. Et j'ai suffisamment fricoté avec ces chasseurs pour le restant de ma vie.

Elle avait apprécié sa soirée aux côtés de Raphaël mais que l'on soit clair, rien de toute cette histoire ne serait arrivée s'il n'avait pas croisé sa route.

Le grand homme la saisit brusquement par les épaules. Les yeux dans les yeux, Alya ne savait plus où se mettre.

—Je crois que tu ne saisis pas l'importance de cette communauté. Les chasseurs gagnent du terrain à mesure que le temps passe. Si ça continue ainsi, toutes les espèces surnaturelles seront éradiquées de la surface terrestre. Nous sommes déjà si peu nombreux. Nous avons besoin de quelqu'un comme toi. Si nous ne vainquons pas les chasseurs, nous allons tous y passer.

Il jeta un regard à Simon resté en retrait.

—Tu tiens à tes amis, n'est-ce pas ? Si tu ne nous aides pas, ils mourront eux aussi.

Alya s'écarta d'un geste sec. C'en était trop pour elle. D'abord elle se faisait kidnapper, puis menacée, et enfin on la suppliait d'entrer dans un gang criminel pour mener bataille contre les chasseurs.

Ça c'était ce qu'on appelait une journée pourrie.

—Ça fait un peu gros à digérer là tout de suite, répliqua t-elle.

Peut-être que s'ils ne l'avaient pas enlevée, la pilule serait mieux passé. Or, tout lui semblait absurde. Alya avait besoin de remettre de l'ordre dans sa tête.

—C'est maintenant qu'on a besoin d'une réponse, continuait de la brusquer le géant.

—Laisse-lui un peu de temps pour y réfléchir. Un jour ou deux, ce n'est pas si énorme, argumenta le sorcier.

Elle était reconnaissante de son intervention. Pour l'instant, sa priorité n'était pas de rejoindre la C.A.C mais de retrouver sa mère et sa meilleure amie afin de les rassurer. Elles devaient se faire un sang d'encre - ou pas. Depuis combien de temps était-elle enfermée ici au juste ?

—Très bien, concéda le chef du groupe. Il y a un lit de disponible dans la chambre de Valentina.

Alya fronça les sourcils, perplexe. Elle ne voulait pas d'un lit - encore moins avec cette Valentina qui devait être la vampire qui avait aidé à la kidnappée. Elle voulait rentrer chez elle ! Mais ça, personne ne semblait le comprendre.

Elle voulut protester lorsqu'une alarme stridente retentit. Elle porta automatiquement ses mains à ses oreilles afin de couvrir le bruit.

—Qu'est-ce que c'est ? demanda Simon à sa place.

—Des chasseurs, répondit son oncle.

—Ça ou c'est encore un rat qui s'est infiltré dans la maison. Tu es sûr que ton sortilège fonctionne correctement ? râla le géant après son acolyte.

C'est alors qu'une explosion retentit et fit trembler les murs, confirmant leur pire crainte. Les chasseurs avaient débarqué et ils n'étaient pas venus prendre le thé.

Les Précurseurs de l'HarmonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant