Alya se sentait minable. La jeune femme trainait des pieds, ses mèches humides et emmêlées se balançant au gré de ses pas. Ses vêtements trempés maculaient le sol de gerbe d'eau froide et elle eut une pensée pour le pauvre employé qui se coltinerait le ménage. Elle rejoignit Raphaël dans la chambre, transportant tant bien que mal sa pauvre carcasse vidée de toute énergie.
Elle se sentait faible, harassée. Comme si le feu qui avait brûlé en elle avait consumé une partie de sa source vitale.
—Tiens, enfile ça avant d'empirer ton état.
Le chasseur lui tendit des vêtements secs qu'elle ne prit pas tout de suite.
—Tu vas me voir toute nue ? dit-elle bêtement.
L'extrême fatigue qu'elle ressentait rendait son cerveau quasiment inopérationnel. Elle n'était même pas sûre de comprendre pourquoi elle devait se changer.
—Quel spectacle fabuleux ce serait ! s'exclama le jeune homme très joyeusement.
Puis, comme s'il se rendait compte que c'était totalement déplacé, il se racla la gorge.
—Je vais patienter dans l'autre pièce, le temps que tu t'habilles. Un vrai gentleman !
Il lui fit un clin d'œil qu'elle remarqua à peine avant de quitter la chambre, laissant la pile de vêtement sur le grand lit.
Alya était crevée. Ses muscles étaient si mous que lorsqu'elle entreprit de retirer son pull et que sa tête resta coincée dedans, elle fut incapable de s'en défaire. Elle se secoua mollement dans tous les sens, tentant en vain de retirer le tissu de son visage. Au lieu de ça, elle s'emmêla les pieds et tomba lourdement contre quelque chose de gros et dur qui devait être un meuble. Quelque chose tomba et se fracassa sur le sol, alertant le chasseur qui patientait dans l'autre pièce.
—Est-ce que tout va bien ? s'inquiétait-il.
—Je, euh... j'ai besoin d'aide, avoua t-elle finalement.
À peine eut-elle fini sa phrase qu'elle entendit le son d'une porte qui s'ouvrait. Alya n'osait pas imaginer à quel point sa posture devait être minable. Assise sur le sol, les deux bras en l'air et la tête coincée sous le pull trempé, la jeune femme devait faire peine à voir.
L'éclat de rire cristallin du chasseur confirma ses craintes.
—Je suis coincée, précisa t-elle.
—Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre, pouffa Raphaël.
Au bruit de ses pas qui montait crescendo, elle l'entendit approcher. Ses mains se posèrent doucement de chaque côté de ses bras, enserrant un coin de tissu entre ses doigts, puis il tira délicatement sur le vêtement qui finit par glisser. Le corps enfin libéré et les cheveux en pétard, Alya leva la tête pour le remercier.
Sa cicatrice lui sauta alors aux yeux, lui rappelant ce qu'elle n'aurait jamais dû oublier. Raphaël était un chasseur, il était l'ennemi qui pourchassait et exécutait les gens qui lui étaient proches. Être ici, à ses côtés...
C'était mal.
Sentant un profond mal-être s'installer en elle, Alya décida qu'il était temps de s'en aller. Elle devait rentrer chez elle avant que sa mère ne commence à s'inquiéter. Cela faisait un moment que les cours s'étaient terminés, elle aurait dû être à la maison depuis longtemps.
—Je... Il faut que j'y aille, bafouilla t-elle en se levant.
—Tu veux que je te raccompagne ?
Elle secoua la tête. La jeune femme ne voulait pas de sa compagnie. Enfin si, elle l'appréciait et il l'avait aidé. Le garçon se montrait presque adorable avec elle, bien que trop envahissant. Cependant, il restait ce qu'il était : un meurtrier. Et même si passer du temps avec lui n'était pas désagréable, elle devait cesser de le fréquenter.
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Les Précurseurs de l'Harmonie
ParanormalDans un univers semblable au nôtre où l'existence des créatures surnaturelles n'est plus un secret, les chasseurs sont des êtres adulés. Ils débusquent les monstres, ces rejetons de l'enfer, et les éliminent afin de rendre le monde meilleur. Enfin...