Sa mère était déjà là lorsqu'elle rentra enfin chez elle. Simon avait lancé un sort qui lui permettrait d'être invisible durant trente secondes - le temps qu'il lui fallait pour gagner la chambre de son amie.
—Tu rentres encore mouillée. Que s'est-il passé encore ? s'agaça Mme Darmont.
Alya jeta un coup d'œil à ses vêtements trempés. Le vent avait séché ses cheveux, mais leur état déplorable ne mentait pas eux non plus.
—Euh, rien. Juste une petite bataille d'eau avec Coline, se justifia t-elle.
C'était sans doute mal de mentir à sa propre mère, mais Alya ne voulait pas que l'existence de ce lac tranquille ne se répande. Par chance, Mme Darmont goba son mensonge sans difficulté.
Alya s'apprêtait à monter les escaliers lorsque sa mère s'exprima distraitement :
—Je ne t'ai pas entendu aller en cours ce matin.
La jeune femme se figea sur le bas des marches.
Alors, il y avait bien eu cours aujourd'hui.
Elle était une grande fille bien-sûr, mâture et capable de veiller sur elle. Mais elle logeait sous le toit de sa mère et elle n'avait pas intérêt à la vexer si elle voulait que leur cohabitation soit la plus agréable possible.
—Je n'ai pas fait de bruit, répondit innocemment la blonde.
Ce ne serait pas la première fois d'ailleurs. Le matin, elle se faisait aussi silencieuse qu'une souris, ne voulant pas déranger sa mère dans son sommeil.
Mme Darmont fit volteface et fusilla sa fille du regard.
—Pas un mensonge de plus. Le lycée a appelé, tu étais absente en classe aujourd'hui.
Fichu établissement.
—Maman, je...
—Où étais-tu ? la coupa t-elle sèchement.
Où elle était ? Cela dépendait du moment de la journée.
Elle avait fait la grasse matinée jusqu'à treize heures. Si sa mère avait eu la bonne idée de la chercher dans sa chambre, elle aurait su.
—Tu trainais encore avec ce chasseur, n'est-ce pas ?
Un chasseur ?
Le souvenir de Raphaël se rappela à elle. Elle n'avait pas revu le jeune chasseur depuis son pétage de plomb à l'hôtel. Et c'était sans doute mieux ainsi. Elle le fuyait. Pas qu'il ne soit d'une désagréable compagnie, non. En fait, la jeune femme commençait même à l'apprécier. Mais elle n'oubliait pas qu'il restait un chasseur, et qu'il tuerait ses amis sans hésiter s'il venait à savoir qui ils étaient. De plus, elle basculait lentement dans le monde des créatures surnaturelles depuis qu'on lui avait jeté un sort.
Si jamais Raphaël venait à découvrir ce qu'on lui avait fait, la traiterait-il comme les monstres qu'il affronte au quotidien ?
Cette pensée lui donna des sueurs froides.
—Je veux bien que tu passes du temps avec ce garçon, c'est le plus incroyable des chasseurs. Mais ce n'est pas une raison pour délaisser tes études. Peu importe sa fortune, tu dois d'abord te débrouiller par toi-même. Quand vous serez mariés, alors là, tu pourras te la couler douce, mais en attendant...
—Marié ?! s'écria la jeune femme, coupant court au délire de sa mère. Mais je ne vais pas me marier avec lui, jamais ! Et qu'est-ce qui te fait penser ça d'abord ?
C'est alors que Mme Darmont la gratifia d'un sourire narquois.
—Ne fais pas ta mijaurée, j'ai bien vu comment ce garçon te regarde.
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Les Précurseurs de l'Harmonie
خارق للطبيعةDans un univers semblable au nôtre où l'existence des créatures surnaturelles n'est plus un secret, les chasseurs sont des êtres adulés. Ils débusquent les monstres, ces rejetons de l'enfer, et les éliminent afin de rendre le monde meilleur. Enfin...