Chapitre 5

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Le jeune chasseur fut stupéfait de voir sa petite blonde ici. Lui et ses camarades avaient été appelés dans ce lycée après que le corps enseignant ait décidé de balancer l'un des leurs comme étant un vampire. Il ne pensait pas revoir la délicieuse jeune femme au tempérament de feu qu'il avait eu le plaisir de rencontrer deux jours plus tôt.

Les mains fermement agrippées au col de sa veste, celle-ci le secouait comme un pruneau tout en clamant :

—Dis-leur de le relâcher !

Il attrapa ses mains dans les siennes et la força à le lâcher.

—Je ne peux pas, lui répondit-il, un peu confus par sa demande.

Cet homme - non, ce monstre ! - était un vampire, un buveur de sang, une sangsue sur pattes. Il rendait service au monde entier en l'en débarrassant. Et la jeune femme voulait qu'on le libère ?

Hors-de-question !

—Je peux comprendre que tu sois sous le choc, mais on ne peut pas le laisser partir.

—Pourquoi ? Qu'a-t-il fait de mal ? De quoi l'accusez-vous, au juste ? s'énerva t-elle.

—C'est un vampire !

Pourquoi n'arrivait-elle pas à l'intégrer ?

La tigresse recula d'un pas, sonnée par sa réponse.

—Et c'est tout ?

C'est tout ? C'était déjà énorme !

—Tu découvres que mon professeur a une paire de crocs, et aussitôt, tu décides de l'envoyer au bûcher ?!

Raphaël ne voyait pas du tout où était le problème. Pour lui, les vampires étaient les plus pitoyables des créatures surnaturelles. Des morts ambulants sans aucune grâce, obligés de s'abreuver à la gorge des gens pour continuer à trainer leur pauvre carcasse solitaire. Il lui rendait un fier service en mettant un terme à sa misérable vie.

—Les lois sont claires. Chaque être surnaturel doit être dénoncé au Conseil des Chasseurs afin que nous, l'élite, puissions nous charger de l'éliminer.

Pour Raphaël, ce système garantissait la paix et la sécurité. Que pouvaient-ils bien faire d'autre ? Les enfermer ? L'État avait déjà bien du mal pour garder prisonnier quelques malfrats humains, alors tout un peuple de créatures surpuissantes, certainement pas.

La jeune blonde croisa les bras sur son torse. Elle paraissait fâchée après lui, ce que Raphaël ne comprenait pas. Ce n'était pas lui qui dicter les règles, il les appliquait tout simplement.

—Je vois. L'État te dit de sauter, et toi, tu sautes. C'est qui le bon chien chien ?

Raphaël tenta de passer outre l'insulte, seulement, c'était difficile. Il n'était pas un mouton, c'était un soldat, un héros ! À lui seul, il avait déjà sauvé bon nombre de vies. Et si cette femme n'arrivait pas comprendre l'importance de sa mission... 

Eh bien tant pis !

—Je ne suis pas un toutou. Je suis un chasseur, et je chasse les monstres. Maintenant, pousse-toi, que j'exécute ce pourquoi je suis ici.

Il tenta de la contourner, mais la jeune femme, beaucoup trop têtue à son goût, le retint par le bras.

—Mr Maverick n'est pas qu'un simple vampire, protestait-elle. Regarde-les, exigea t-elle en balayant la salle de la main. Regarde-les bien.

Raphaël analysa la classe du regard. Une vingtaine de jeunes étudiants étaient assis derrière une table. Ils restaient tous bien sagement assis sur leur chaise, attendant la suite des évènements. Bien que la salle était plongée dans l'obscurité, il s'aperçut que la plupart des élèves se sentaient mal. Aucun d'eux ne semblait se réjouir de son arrivée.

—Ils sont sous le choc, et alors ? dit-il, se demandant bien ce que de pauvres élèves avaient à voir avec lui. Ce n'est pas souvent que l'on a la chance d'assister aux premières loges à une intervention de chasseurs.

—Des chasseurs qui ont arrêté leur professeur, rétorqua t-elle en insistant sur le dernier mot. Un homme qu'ils ont côtoyé une heure par jour, cinq fois par semaine, depuis six mois. Un homme qui les a instruits, qui a pris le temps de les faire progresser.

—Lohan Maverick est un vampire, la coupa t-il.

—Lohan Maverick est un homme bien.

On entendit soudain des cris de protestations provenant de l'extérieur. Intriguée, la petite blonde se jeta sur les fenêtres closes et en ouvrit une. Quelques élèves courageux firent de même, baignant la lugubre salle de lumière.

Raphaël n'eut pas besoin de s'approcher pour savoir ce qui se passait actuellement. Evan et Tino, ses camarades de chasse, emmenèrent le vampire jusqu'au milieu de la cour, là où tous les élèves pourraient admirer leur travail. Ils avaient recouvert le mort-vivant d'une épaisse couverture afin de le protéger des rayons du soleil, le temps de proclamer haut et fort sa véritable nature, et les conséquences que cela engendrait.

Raphaël entendait d'ici ses camarades rire. La chasse avait toujours été une activité fort amusante pour eux. Il connaissait que trop bien la délicieuse sensation de pouvoir et de force qui parcourait le corps lorsque l'on retirait la vie à de telles créatures vicieuses. La chasse faisait partie d'eux, ils ne feraient jamais rien d'autres de leur vie.

Une fois leur spectacle terminé, Tino retira la couverture d'un coup sec. Le vampire se retrouva impuissant sous l'assaut d'ultraviolet qui vinrent lui brûler la peau. On l'entendit hurler, supplier, geindre. Il prendrait feu au bout de quelques secondes, et finirait en tas de cendres.

Une exécution des plus propres, sans cadavre ni effusion de sang.

Raphaël allait s'en aller, fier de ce qu'il avait encore accompli aujourd'hui. Mais sa blonde retint à nouveau son attention. Il croisa son regard à l'instant où elle se détournait de la fenêtre. Il fut frappé par ce qu'il lut dans ses yeux.

C'était du dégoût, un concentré de haine et de colère.

Les Précurseurs de l'HarmonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant