J-4
Venise
Au milieu de la place San Marco, tout n'est que profusion de touristes, de masques raffinés et de costumes chatoyants. À l'ouverture du carnaval, les époques se confondent, et tous les yeux sont rivés sur le sommet de la tour du campanile, où la plus belle femme de Venise, rattachée à un câble, s'apprête à effectuer « le vol de l'ange » pour lancer le début des festivités.
- Regarde Benito, la jolie dame va s'envoler dans les airs !
Le petit garçon, qui me serre fort la main, essaye de tendre le cou en direction de mon doigt, mais la foule amassée autour de nous l'empêche de profiter du spectacle.
- Je veux voir la zolie madame ! se met-il à chouiner.
Alors je le hisse dans mes bras et le pose sur mes épaules.
Sancha nous prend en photo, avant de diriger l'objectif sur la silhouette gracieuse qui prend enfin son envol. Sa robe multicolore ondoie dans le vent hivernal, et une multitude de paillettes et de confettis se met à tourbillonner autour d'elle.
Puis, les tambours résonnent sur la place, à la tête d'un défilé de costumes du XVIIIe siècle. Benito gesticule sur mes épaules, Sancha lui attrape les mains, et au son de l'orchestre ambulant, nous nous mettons à danser.
Je me sens légère, emportée par les notes joyeuses de la musique et la clameur des spectateurs.
Finalement, venir à Venise à cette période était une bonne idée. Et je me réjouie de ces quelques instants d'insouciance et d'émerveillement en compagnie de ma meilleure amie et de son fils.
Après avoir profité de l'effervescence des débuts du carnaval, nous parvenons à trouver une table dans un restaurant bondé. Devant de grandes pizzas aussi délicieuses qu'hors de prix, nous nous régalons.
- C'est quand même dommage qu'Angelo soit retenu à Naples. Il devrait avoir honte de te délaisser comme ça, s'indigne soudain Sancha.
Il est vrai que j'aurais aimé le voir un peu à l'approche de la cérémonie, mais au final, je ne lui en veux pas. Ce qui me plaît chez lui, c'est sa passion débordante pour son métier, son sang-froid, et sa dévotion envers ses patients.
- Que veux-tu, à côté du charme aseptisé de l'hôpital et de l'excitation des opérations à cœur ouvert, il faut croire que je ne fais pas le poids, je réponds en souriant.
Mon amie ne parvient pas à retenir un tchip un peu traînant :
- Et il compte se radiner quand ?
- Je ne sais pas. Le connaissant, il serait bien capable de se libérer seulement à la veille du mariage. Mais ce n'est pas grave, je peux très bien m'amuser sans lui.
- Tant mieux ! Moi j'aime pas Angelo. Il me vole Tatatie !
L'affirmation brusque et boudeuse du petit Benito nous surprend.
- Mio putto... je lui dis doucement en ébouriffant ses cheveux. Sache que même quand je serais mariée, tu resteras ma priorité. Il n'est pas encore né, l'homme qui arrivera à nous séparer.
Visiblement rassuré, il balance joyeusement les pieds sous la table et se concentre à nouveau sur sa pizza au pastrami. Sancha se penche alors par dessus mon épaule pour me chuchoter d'une voix impatiente et presque sulfureuse :
- Angelo n'est pas là, qu'à cela ne tienne, ce soir, je t'emmène fêter dignement tes derniers jours de « célibat». Et ton fiancé n'aura qu'à prier pour que tu ne te laisses pas envoûter par les joies des soirées de carnaval.
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Enseigne moi la patience - Yandere Giorno
FanfictionVous êtes une jeune professeure d'Histoire. Votre vie bascule le jour où le sublime et charismatique Giorno Giovanna devient votre élève. Toute l'année, vous avez résisté à ses charmes et entendez bien continuer. Mais la fatalité du destin semble bi...