Chapitre 29 : La famiglia

107 14 76
                                    


Noyée dans les yeux de Giorno, je pars à la dérive et me laisse avalée par le flot de son corps. Mes orteils s'enroulent au bout de mes escarpins et mon ventre se crispe sur une crampe de plaisir. Puis, quand la houle de ma jouissance devient une simple écume, je ne suis plus qu'une épave qui flotte à la surface d'un état léthargique.

Incapable de bouger le petit doigt, je ne réagis pas quand Giorno passe sa main sur mon front nimbé de sueur. Pas plus lorsqu'il réajuste ma robe pour me couvrir la poitrine.

Par contre, quand il se relève et que la chaleur de son corps me déserte, je suis parcourue de longs frissons. J'ai froid. Comme un soldat resté sur le carreau en plein hiver. Je creuse au fond de moi pour trouver ne serait-ce qu'un brin de combativité, une once d'adrénaline, mais je suis vide.

L'orgasme, la fatigue, le trop plein d'émotion, ont finalement eu raison de moi.

Je me souviens pourtant que quand j'ai quitté l'église, malgré la déroute, je me sentais capable de faire face à mon destin sans l'aide de personne... Capable d'affronter n'importe quoi, n'importe qui... C'était visiblement sans compter Giorno Giovanna.

Contre lui je ne peux simplement pas lutter.

Peut-être parce qu'il n'est pas véritablement mon ennemi. Parce qu'alors qu'il me déchausse et qu'il m'enroule dans une douce couverture, il me fait me sentir à la fois vulnérable et en sécurité... Parce que quand il me tient comme ça, blottie dans ses bras, peu importe à quel point je me sens piégée, il me rappelle que c'est encore l'endroit où je me sens le mieux.

Oui, ça doit être ça au final. Giorno Giovanna est un piège. Un piège de passion, d'amour et de tendresse, trop intense et trop confortable pour qu'on veuille lui échapper.

Demain... Demain je lui résisterai... Peut-être... Pour l'instant, rien que l'envie de m'empaffer me paraît insurmontable...

Je ferme les yeux, me laisse bercer par le roulis de l'eau. Le nez enfoui au creux du coude de Giorno, je respire l'odeur qui imprègne sa chemise, masculine, apaisante. Entourée de sa chaleur, je m'apprête à passer la porte du sommeil... Lorsque tout à coup, un bruit cataclysmique le fait resserrer ses bras autour de moi. En même temps que le sien, mon corps se contracte et ma somnolence laisse place à la stupeur.

Semblable à un éboulement, le bruit gronde au dehors, bientôt suivit de voix paniquées qui se multiplient sur le quais.

- Je vais voir. Ne bouge surtout pas de là, me commande Giorno en quittant précipitamment la cabine.

Comme si j'allais l'écouter ! Quelque soit la catastrophe qui vient d'avoir lieu, il m'est impossible de rester tranquille. Pas tant que j'ignore si Angelo, Sancha et Benito sont en danger.

Je me lève d'un bond, sans doute trop vite pour ne pas me sentir étourdie. Je tangue un instant et m'administre un bonne claque sur le coin de la joue. La douleur me fouette le sang et me remet à peu près les idées en place.

Quand j'arrive sur le pont, le vent me charrie la poussière des gravats et j'en appelle à Dieu devant la destruction de son temple séculaire.

Sous une fumée blanchâtre tout l'arrière de l'église, du chevet jusqu'au cœur, s'est effondré. Ne reste plus qu'un amas de pierres anciennes et de débris qui s'amoncellent autour du dôme brisé, laissant voir les entrailles du lieu dévasté.

Je vois les gens s'agiter sur le parvis, certains fuyant loin de la catastrophe, d'autres s'agenouillant sous le poids de la désolation. Des fronts ensanglantés qui n'osent pas regarder derrière eux, des corps tremblants et titubants, saisis par le choc...

Enseigne moi la patience - Yandere GiornoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant