Choupinette et canard en sucre (2)

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Je range mon portable dans la poche de mon short de sport et escalade rapidement les escaliers. Comme si je me trouvais dans ma propre maison, je rentre dans la chambre de Stéphane, contourne son lit à deux places et m'affale sur son énorme pouf poire de couleur rouge. J'entends le ricanement de mon meilleur pote, qui n'a pas loupé une seule seconde de mon moment paresseux. Je m'allonge quasiment sur l'assise, comme s'il s'agissait d'un transat, puis le regarde en plaçant mon bras derrière ma tête.

— Allez, raconte-moi : qu'est-ce qui se passe encore avec ta mère ? m'interroge-t-il d'un air curieux.

Je laisse filer un long soupir par mon nez. Je ressens un certain agacement quand je repense à la scène qu'elle m'a fait ce matin, tout comme de la contrariété. J'ai passé l'âge de me faire passer un savon, c'est vrai, mais bon sang, c'est atrocement douloureux de comprendre que je ne fais que de la merde depuis quelques temps. Comme louper de peu mon rattrapage et ne pas obtenir ma licence malgré mes nombreux efforts.

— Comme d'hab, lui réponds-je, dépité. Depuis que j'ai eu mes résultats désastreux, elle n'arrête pas de me prendre la tête avec ça. J'ai hâte d'être à samedi et de me barrer de la maison. Comme ça, je n'entends plus ses reproches à longueur de journée.

Stéphane me lance un regard incertain.

— Mais, c'est normal, non ? Elle s'inquiète pour ton avenir.

— Mais tu sais tout comme moi que mes parents ont constamment désapprouvé mes choix. Et le fait que j'ai lamentablement échoué cette année leur ont conforté leur idée du : « tu vois, je te l'avais dit, ces études ne sont pas faites pour toi ! »

Mon meilleur ami lève les yeux un court instant, perdu dans ses pensées, puis hoche la tête dans une grimace.

— C'est vrai que pour ça, ils ne sont pas marrants, tes parents.

J'émets un son dans le fond de ma gorge, voulant clore ce sujet au plus vite. J'aime mes parents, plus que tout au monde ; seulement à l'heure actuelle, je commence à ne plus les supporter. J'ai de plus en plus envie de prendre mon indépendance et de profiter de ma vie et de ma passion comme je l'entends. Néanmoins, je ne gagne pas d'argent pour pouvoir prétendre à une quelconque liberté, loin de ma famille. Je suis conscient que grâce à eux je ne manque de rien depuis que je suis enfant, et qu'on m'a sûrement un peu trop gâté.

Mais plus je vieillis, plus je souhaite voler de mes propres ailes. Avec ou sans leur aide.

— Bon, sinon, pourquoi as-tu si besoin de moi ?

— Il faut que tu m'assistes dans la préparation de ma valise, m'explique-t-il en étalant plusieurs hauts à côté de son bagage. Pour commencer, il faut que je prévois combien de tee-shirts et de shorts ? Est-ce que je dois prendre un jeans ? Il fait chaud là-bas ou pas ?

Je me redresse légèrement de son pouf poire, faisant frémir les billes dans l'assise.

— Eh bien, prévois au moins une bonne quinzaine de hauts, et peut-être cinq ou six shorts. Prends un jeans, on sait jamais si un jour il pleut des cordes et que la température dégringole. Et oui, il fait très chaud là-bas, des moments il fait quarante degré en période de fortes chaleurs et quand il y a des orages, je peux te dire qu'on a la frousse !

— Y'a de quoi laver les vêtements ?

— Oui, les parents de Perri ont installé une buanderie. Ce n'est pas pour rien.

Steph émet un petit sifflement alors qu'il compte ses tee-shirts de diverses teintes.

— Eh bah, dis-donc, ils ont les moyens ton oncle et ta tante.

NOUS Au travers des vicissitudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant