Jimmy
Samedi 27 Juillet 2019
Beaulieu-sur-Dordogne (France), à l'approche de la résidence secondaire de Perrine.
Un air ravi s'épanouit sur mon visage tandis que je roule au pas dans les ruelles étroites du village, qui a marqué une bonne partie de mon enfance. Je ne peux pas avancer plus vite, plusieurs touristes traversent sans se douter une seule seconde du danger. Je m'immobilise de temps à autre, laissant passer des enfants de tout âge et reprends ma route.
Les vacances sont à nous depuis seulement quelques petites minutes, et je ne peux pas me priver de l'annoncer aux passagers de ma voiture, alors même qu'ils sont en train de somnoler.
Je lance un rapide regard envers Adélaïde qui s'est endormie contre le carreau de ma caisse. Après avoir dépensé toute son énergie lors de notre dernier arrêt, je ne suis pas surpris qu'elle soit en train de piquer un somme. Je la laisse alors se reposer, tout comme son ami, Sullivan, qui cille légèrement des paupières en pressentant qu'on ne se déplace plus aussi vite que tout à l'heure.
Je vérifie que Stéphane me talonne en jetant un coup d'œil à mon rétroviseur, pour continuer à m'enfoncer en plein cœur du village. C'est au bout de dix minutes de patience et de manœuvres qu'on finit par se stationner devant l'allée de la résidence secondaire. Je serre le frein à main, tout fier de moi, et éteins définitivement le moteur. J'entends le bâillement bruyant de Sullivan, qui me contamine illico. J'étire mon corps ankylosé, qui risque de se plaindre de mon manque d'exercice et de ma position si longtemps assise.
— Enfin arrivés ? me souffle Sully en se frottant les yeux.
— Yep, affirmé-je, les étoiles dans les yeux. Bienvenu à la maison !
Je discerne son cri étouffé tandis qu'il contemple à travers la vitre les lieux qui nous entourent. Je m'occupe par la suite de réveiller la belle endormie d'une faible caresse sur son épaule.
— Hé, la marmotte, il faut se réveiller... lui dis-je en douceur.
Un ronchonnement somnolent sort de ses lippes. Je réitère mes tentatives de réveil jusqu'à ce qu'elle se redresse sur son siège pour étouffer un bâillement dans sa main. Adélaïde remarque qu'on s'est arrêtés après avoir ouvert les yeux. Elle étudie de son côté d'un regard étonné la si belle nature qui nous fait face, puis en déduit après plusieurs secondes d'observation :
— On est enfin arrivés.
Je ne réponds pas. Je la regarde contempler les alentours dans le silence, et lorsque j'aperçois ses yeux éblouis se tourner dans ma direction, mes lèvres s'étirent d'eux-mêmes.
— Bienvenue dans la maison de mon enfance ! lui déclaré-je, aux anges.
— C'est magnifique ! Whaaaa ! laisse-t-elle échapper.
— J'avoue que ça en jette ! dit Sullivan avant de siffler, impressionné.
Mon sourire s'élargit. Je décide de ne pas perdre de temps et de poser mes pieds sur la terre ferme, regorgée de mes plus beaux souvenirs. J'inspire une grande bouffée d'air en fermant les paupières, alors qu'une expression enjouée égaye mon faciès. Les odeurs me ramènent à plusieurs années en arrière, lorsque je n'étais qu'un petit garçon innocent.
Je me rappelle avoir couru sur cette herbe sauvage aux côtés de Perrine pendant que nous jouions au chat et à la souris. Nos parents nous observaient, un peu inquiets, parce que très souvent on manquait de tomber près de l'étang situé juste en face de la maison. Mais elle comme moi ne voyions pas le danger dans nos jeux et quelquefois une de mes jambes effleurait l'eau stagnante malgré les protestations de ma mère. « Tu vas te salir ! me disait-elle avant de sourire en percevant mon air radieux, bon fais attention la prochaine fois, petit cochon ! ».
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NOUS Au travers des vicissitudes
RomanceLorsque la passion naît au travers des vicissitudes. C'est bien connu: le hasard fait bien les choses. Les circonstances de la vie ont permis une simple et douce rencontre entre la tempétueuse Adélaïde et le beau sportif Jimmy. Une véritable aubain...