...toute la sainte journée (2)

27 6 0
                                    

Le téléphone de Jimmy en main ainsi que le mien dans l'autre, je reste concentrée sur la route de campagne alors que les pancartes, les quelques éoliennes défilent à une vitesse folle. On aurait dû s'arrêter depuis un peu plus de trente minutes. Mais impossible puisque nous avons quitté l'autoroute pour rejoindre une déviation, suite à un accident de multiples voitures qui créaient des bouchons sur plusieurs kilomètres.

Malgré les imprévus, le conducteur reste paisible. Je n'ai jamais vu un mec aussi calme au volant de toute ma vie, ni aussi optimiste. Il suit à la lettre les recommandations de son GPS et sifflote l'air qui retentit dans la voiture. Il n'a pas râlé une seule fois en changeant son itinéraire, ni froncé des sourcils. Il est demeuré placide, même alors que les routes sont quelquefois semés d'embûches et nous secouent de temps à autre.

Son tempérament serein s'étend dans l'habitacle et nous affecte involontairement. Je me sens étrangement tranquille alors que je suis une véritable peste au volant, traitant tous les automobilistes récalcitrants. Je ne le pensais pas aussi patient, ni aussi doux dans sa façon de conduire. Et honnêtement, son caractère me surprend comme il me plait de plus en plus.

Le GPS lui dit d'emprunter la troisième sortie du rond-point, il ralentit et s'exécute sans sourciller, puis doute un instant face aux nombreuses routes qui nous entourent.

— C'est là, non ? me demande-t-il en pointant face à lui.

Je compte rapidement les sorties avant de me tourner vers lui.

— Oui, c'est tout droit.

Il hoche la tête et choisit de prendre cette chaussée, et heureusement pour nous, c'était bien ce trajet que le GPS indiquait. Après vingt minutes à patauger dans les routes départementales et à emprunter de nombreux rond-point, on finit par retrouver une entrée d'autoroute. Je pousse un cri victorieux, ravie qu'on va bientôt se dégourdir les jambes, tandis qu'il accélère pour y accéder.

— Tu vois, je te l'avais dit qu'il ne fallait pas s'inquiéter, me dit-il en souriant. Toutes les routes mènent à Rome.

— Maintenant plus qu'à trouver un aire de repos, le presse Sullivan, aussi épuisé que nous.

Jimmy acquiesce à sa suggestion. Il a beau être calme au volant, il a besoin de bouger autant que nous. Je monte le volume, maintenant que nous avons rejoint la route principale et envoie quelques messages, soulagée qu'on ait retrouvé notre chemin sans mal. Je réponds aux émoticônes de Steph qui fait la danse de la joie, aussi délesté que nous, puis à Chrystal qui m'interroge sur notre trajet. Je fais un petit selfie avec Sullivan et Jimmy pour l'adresser à ma meilleure amie. Puis je poste la photo dans ma story Instagram en ajoutant le refrain du morceau de « Sur la route » de De Palmas, qui relate un peu mieux la journée éreintante que nous passons.

Mon portable vibre instantanément dans ma main à l'apparition du message de ma meilleure amie.

Chrys : « Ouh, mais que vois-je ? Que fais-tu dans la voiture de Jimmy, ma chère Adé ? »

Les bonhommes avec un sourire au coin qu'elle m'envoie par la suite me font éclater de rire.

Moi : « Changement de programme qui tombe à pic, ma belle. Steph, Perrine et Matthieu voulaient se retrouver, rien que tous les trois. Alors forcément, je me suis incrustée dans la caisse de Jim ».

Chrys : « Jim ? Eh bien, tu adoptes déjà un diminutif de son prénom... c'est bon ça ! »

Je souris en y pensant. Je n'ai même pas fait gaffe en lui envoyant ce message, et puisque tout le monde le surnomme de cette façon, je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas pareil maintenant qu'on a vraiment sympathisé, lui et moi. J'adresse alors à ma meilleure amie plusieurs bonhommes en réponse : le coquin, le gêné puis celui qui met un doigt devant sa bouche.

NOUS Au travers des vicissitudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant