Un heureux hasard (1)

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Adélaïde

Jeudi 25 Juillet 2019

Lille (France), dans le centre-ville.

Les talons de mes petites sandales claquent fièrement contre les pavés du trottoir. D'une démarche assurée, j'arpente les rues du centre-ville en compagnie de ma meilleure amie. Les lunettes de soleil vissées sur mon nez, mes sacs d'achats coincés à l'intérieur de mon coude, habillée d'un débardeur jaune pétant suivi d'un mini-short en jeans légèrement déchiré sur les rebords, je déambule telle une star de cinéma.

Loin de m'accommoder des regards des autres, je m'amuse d'intercepter les attentions quelquefois outrées à mon encontre. Grand bien leur fasse ! Je me sens bien comme je suis et je n'ai pas besoin de leur avis pour être parfaitement moi-même.

Je dédie des grands sourires aux passants qui me dévisagent. Je roule parfois des fesses en surprenant les œillades indiscrètes des jeunes hommes. Un rictus diabolique se dessine sur mes lèvres lorsque je remarque l'un des derniers à m'avoir reluquée se prendre les foudres de sa petite-amie.

J'aime attirer l'attention, faire parler de moi. C'est l'un de mes passe-temps favoris quand je ne danse pas.

— Dis chérie, lancé-je à ma meilleure amie, il faut que j'achète aussi un nouveau maillot de bain. On irait pas y faire un petit tour ?

Chrystal lève la tête pour m'observer d'un air réjoui. Elle est beaucoup plus petite que moi, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Avec sa personnalité farouche et son tempérament de feu, elle n'est pas aussi inoffensive qu'une minuscule souris.

De longues boucles brunes s'échouent sauvagement autour de son beau visage, lui donnant un aspect de crinière. Ses grands yeux noirs m'envoient un éclat malicieux, tandis que ses lèvres pulpeuses s'ourlent pour former un beau sourire. Son petit nez retroussé remue dans sa mimique, que je trouve aussi adorable que ses pommettes rebondies. J'ai toujours admiré le teint hâlé de sa peau, représentant un magnifique métissage entre son père turc et sa défunte mère française.

Elle s'assume aussi entièrement, peut-être pas plus que moi. Depuis qu'on se connait toutes les deux, grâce à notre passion commune pour la danse, on ne cesse d'attirer l'œil partout où on passe. Chrys n'est pas aussi extravagante que moi, mais elle apprend à s'aimer un peu plus qu'auparavant. Avec un merveilleux petit-ami à ses côtés, elle n'a pas de mal à avoir confiance en elle et en ses capacités.

— Bien sûr, bébé, me répond-t-elle, empruntant le même ton que moi. Il y a une boutique juste là, si tu veux.

— Allons-y !

Les bras dessus-dessous, nous acheminons les quelques mètres qui nous séparent du magasin qui vend de la lingerie féminine, comme des maillots de bain. Nous entrons à l'intérieur, aussi enjouée l'une que l'autre, et saluons l'une des employées qui nous dit bonjour par pure politesse. Je me détache de Chrystal pour remonter mes lunettes de soleil au-dessus de ma tête, puis me dirige vers le rayon consacré aux bikinis. Le sourire aux lèvres, je fais défiler les cintres à la recherche de mon bonheur. Au bout de quelques minutes de prospection, je finis par en sélectionner trois de différentes couleurs.

Je me tourne vers ma meilleure amie qui semble chercher la taille de son bonnet parmi les soutiens-gorges rouges qu'elle fait avancer tour à tour.

— Qu'est-ce que tu en penses, chérie ? Jaune poussin, rose fuchsia ou irisé ?

Chrys braque le cou vers moi pour examiner les bikinis que je lui brandis sous le nez. Elle palpe légèrement le tissu des maillots de bain avant de me donner son opinion.

NOUS Au travers des vicissitudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant