Le protecteur (1)

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Jimmy

Jeudi 1er Août 2019

Sarlat-la-Canéda (France), à l'approche du centre-ville.

— Non, mais je n'y crois pas ! s'exclame Adélaïde alors que Stéphane lui raconte ses péripéties de la veille. Tu es vraiment allé dans sa tente ?

Je regarde un instant mon meilleur ami prendre un air coquin par le biais de mon rétroviseur intérieur. Je secoue la tête alors qu'il nous certifie que oui : il a bel et bien passé la nuit avec l'une des jumelles, après qu'on est allé rendre visite à ces quatre jeunes adultes dans leur camping, et plus exactement devant leur mobil-home.

Nous liant de sympathie avec le dénommé Arthur, ce dernier a tout naturellement voulu nous inviter à boire l'apéro, mercredi soir. Perrine, totalement sous son charme, a insisté pour qu'on y aille tous ensemble, d'autant plus qu'ils viennent de la même région que nous et plus exactement aux alentours d'Arras. Ce qui nous faisait un point en commun.

D'une humeur aussi enjouée que ma cousine, Stéphane a sauté sur l'occasion et pas uniquement, on dirait...

— C'était laquelle des deux ? me surprends-je à demander.

— Alix, dit-il instinctivement avant de froncer les sourcils, ou peut-être Iris, je ne sais plus.

Cela ne m'étonne pas qu'il ne s'en souvienne plus. Il a enchaîné les bières et les verres de whisky, puis sous la persévérance d'Arthur, nous sommes restés pour manger les pizzas du camping et avons bu des Irish-coffee en guise dessert. Autant dire qu'il a frôlé de peu sa limite et qu'évidemment, il s'est laissé entrainer dans l'une des tentes des filles pour coucher avec l'une d'entre elles.

Je me demandais pourquoi il n'était pas toute de suite rentré avec nous la nuit dernière, étant également saoul avec tout ce qu'on a picolé. Maintenant, je comprends mieux.

— C'était bon ? l'interroge Adé en se tournant vers lui, espiègle.

— Oh, putain ouais ! s'exclame-t-il, les joues rouges et l'air totalement rêveur.

Je me marre avec Adélaïde alors que mon meilleur ami soupire de béatitude en songeant à cette fameuse nuit. Je décide de reporter mon attention sur la route et chercher une place malgré toutes les voitures qui sont stationnées n'importe comment. Je fais un peu le tour de la ville, quelquefois gêné par les automobilistes qui tournent en rond.

— On ne t'a même pas vu t'éclipser en douce la nuit dernière, se remémore Adélaïde. C'est seulement quand il a fallu partir qu'on s'est demandé où t'étais parti.

Son petit air suffisant m'arrache un soupir diverti.

— C'est parce qu'il y avait un certain Camille qui te faisait aussi du charme, du coup tu n'y a vu que du feu ! s'amuse-t-il en remuant ses hanches sur son siège.

Je réprime un grommellement de mon côté. Le meilleur pote d'Arthur n'était vraiment pas discret pour avoir les faveurs d'Adélaïde. Je l'ai moi-même remarqué alors que j'avais un sacré coup dans le nez. La belle brune plisse les yeux en retour.

— Quelle horreur ! J'ai bien cru qu'il n'allait jamais s'arrêter ! Je me suis pourtant bien fait comprendre qu'il ne m'intéressait pas, non ?

Elle braque le cou vers moi pour m'interroger du regard. Je hausse des épaules. Je ne me souviens même pas si elle lui a dit quelque chose. On était tous bien enivrés, je me rappelle seulement qu'elle l'ignorait pendant qu'il lui parlait, ou qu'elle coupait court la conversation.

— Le pire, c'est qu'on va le revoir là-bas ! Qu'est-ce qui a pris à Perrine de les inviter nous rejoindre dans cette ville ?

Un rictus amusé incurve mes lippes.

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