La sirène psychorigide (1)

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Adélaïde

Lundi 29 Juillet 2019

Beaulieu-sur-Dordogne (France), devant l'allée de la résidence secondaire.

Jimmy serre le frein à main, une fois stationné devant la maison secondaire de Perrine. Je bouge la tête au même rythme que la mélodie, qui passe désormais du Lady Gaga. Lorsqu'il coupe le moteur, le morceau s'estompe, mais c'est loin de me déplaire puisque je descends immédiatement du véhicule en même temps que lui. Je m'apprête à le joindre jusqu'au coffre pour l'aider à transporter les sacs de courses jusqu'à l'intérieur, mais il m'arrête dans mon geste.

— Non, laisse, je m'en occupe. Tiens, va ouvrir la porte plutôt, me dit-il en me tendant ses clefs.

Je saisis l'objet en question en le regardant fixement.

— Je ne suis pas en sucre, tu sais ? Tu as peur de quoi ? Que je me casse un ongle ?

— Je te l'ai dit tout à l'heure, c'est trop lourd pour toi.

— C'est ça, dis plutôt que tu veux t'en servir comme des poids !

Un éclat amusé passe dans ses prunelles étranges.

— Ah, zut ! Et moi qui voulais garder cette astuce secrète ! Me voilà démasqué !

Je le repousse gentiment dans un rire, puis décide de l'abandonner à son sort pour déverrouiller la porte d'entrée de la maison. Je l'ouvre en grand et franchis le seuil pour jeter les clefs dans le panier prévu à cet effet. Mon regard tombe instantanément sur mon reflet. Je prends le temps d'effacer les traces de maquillage qui ont légèrement bavé et serre un peu plus fort ma queue de cheval.

J'avance par la suite dans le vestibule jusqu'à ce que je discerne le bruit de la télévision. Je lève un sourcil, me dirige vers le salon, puis découvre Stéphane complètement affalé sur l'un des canapés. Vu ses cheveux ébouriffés, ses yeux semi-ouvert et sa tête de déterré, je dirais qu'il vient tout juste de se réveiller et qu'il se trouve encore dans un état comateux.

Malicieuse, je me colle dans l'encadrement de l'arche et croise les bras.

— Alors, espèce de flemmard, on est encore dans le coltard ?

Stéphane sursaute légèrement au son de ma voix. Il lève ses yeux marron vers moi et les écarte un maximum en me regardant de la tête aux pieds.

— Wow, t'es partie où comme ça, toi ?

— Dans tes rêves, chéri, déclaré-je après avoir perçu son œillade un peu trop baladeuse.

Il rejette sa tête en arrière pour expulser un soupir dépité. Je fronce des sourcils, puis m'approche de lui en remarquant qu'il n'a pas l'air d'être dans son assiette.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es levé du pied gauche ?

— T'as pas idée, j'ai fait un putain de cauchemar...

Une moue triste se dessine sur ses lèvres. Je ne peux pas m'empêcher de jargonner comme s'il était encore un petit bébé :

— Moooh, tu veux que tata Adé te fasse un câlin ?

Il voit que je me moque de lui, mais hoche toute de même la tête en accentuant sa tête de chien battu. Je m'installe alors sur sa droite et lui ouvre les bras. Stéphane ne se fait pas prier. Il cale sa tête contre mes seins et m'entoure de ses mains. Je referme mes bras sur lui et le berce contre moi comme s'il s'agissait de mon bébé.

— Allez, c'est tout, bébé Steph. Ça va passer, ce n'était qu'un mauvais rêve.

Il fait mine de chouiner alors que cet idiot profite bien de mon étreinte, frottant sa tête contre ma poitrine. Les mecs, je vous jure !

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