Sex and complicity (1)

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Adélaïde

Vendredi 2 Août 2019

Beaulieu-sur-Dordogne (France), dans la résidence secondaire de Perrine.

J'étouffe un bâillement dans ma main tandis que je zieute le ciel nuageux à travers la fenêtre de la cuisine. Pour la première fois depuis que j'ai mis les pieds ici, le temps est particulièrement monotone. Aucun rayon de soleil à l'horizon, juste des énormes nuages gris et noirs qui flottent dans la voûte céleste et qui m'empêchent de manger mon petit-déjeuner à l'extérieur.

Je peste intérieurement contre la météo, puisque je suis contrainte de rester à la maison. Pourtant, je ne devrais pas être étonnée. A peine nous sommes rentrés de Sarlat, aux alentours d'une heure du matin, le ciel a commencé à gronder puis à s'éclairer de toute part. Les orages ne m'effraient pas en temps normal, seulement cette nuit a été la plus angoissante de toute mon existence. Les éclairs ne cessaient de pourfendre l'air en quelques secondes d'intervalles, arrachant de nombreux grondements assourdissants d'un côté comme de l'autre.

Je n'ai pas été très rassurée, bien que je me trouvais à l'abri dans ma chambre. C'est la première fois de ma vie que j'ai eu aussi peur qu'un arbre, touché de plein fouet par la foudre, tombe tout droit dans la maison, et plus précisément vers moi.

Cette idée aussi absurde qu'effrayante ne m'a pas quitté l'esprit de toute la nuit, si bien que je n'ai seulement dormi que quelques heures. Par conséquent, je suis de mauvaise humeur et comprendre qu'on ne passera pas la journée dehors mine encore plus mon moral.

Expirant un souffle irrité, je sors un bol du placard, le remplis de céréales avec des éclats de fruits rouges et verse du lait frais. Je m'installe mollement à la table de cuisine et commence à manger ma ration de sucres, dans une déprime et une colère qui ne me ressemblent guère. Même mes centaines de notifications sur Instagram, en réaction à mon nouveau post, qui n'est d'autre qu'un selfie avec Jimmy sur la terrasse du bar, ne m'égayent pas une seule seconde.

Quand je remarque que Camille s'est abonné à mon compte et qu'il m'a envoyé un « salut beauté » en message privé, je fais claquer mon téléphone sur la table. Ma mauvaise humeur ne s'estompe pas, bien au contraire, son mot vient de m'arracher une colère encore plus intempestive que l'orage de la veille.

— Je vais lui foutre sa beauté dans son cul, moi !

Je lui ai dit pourtant que je n'étais pas intéressée, mercredi soir. Mais monsieur insiste en pensant que je vais changer d'avis. Sauf que non, je ne vais pas du jour au lendemain être soudainement attirée par lui parce qu'il persévère. Déjà que son style ne me plaisait pas tellement, alors là, c'est le pompon ! Plus il persiste, plus j'ai envie de lui foutre une claque dans la gueule. Après, il a peut-être des tendances masochistes ou je-ne-sais-pas quoi pour vouloir me faire sortir de mes gonds. Mais c'est sûr que s'il commence à me saouler, je vais finir lui envoyer une chaise en pleine figure pour qu'il arrête.

Heureusement que Jimmy était là, hier soir, parce que je ne sais pas comment j'aurais fait sans lui. Sa présence tout comme son soutien m'ont procuré aussi bien du soulagement que de la joie. Non seulement ce connard n'allait pas m'approcher comme Jim m'accompagnait, mais je pouvais apprendre un peu plus à le connaître. Et ce que j'ai appris au sujet de mon beau blond m'anime encore plus.

J'adore parler avec lui. Il est si calme et patient, avec une pincée de bienveillance et d'humour qu'il captive irrémédiablement mon attention. Je me suis sentie tellement à l'aise que je suis devenue aussitôt tactile avec lui. La chaleur réconfortante de son corps m'a apportée un sentiment d'apaisement si profond que j'avais une envie plus farouche de me blottir contre lui. Loin de m'en déplaire, j'en conviens, mais je ne voulais pas l'effrayer en paraissant aussi entreprenante avec lui. Mais ce qui est certain, c'est que j'aime sa façon de me regarder, qui est loin d'être aussi agaçante que ce lourdaud de Camille.

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