NOUS Au travers des vicissitudes

J'étais sur la route...(1)

Jimmy

Samedi 27 Juillet 2019

Wavrin (France), dans le quartier de Jimmy et Stéphane.

Les lèvres pincées, je hisse ma grosse valise dans le coffre de ma voiture, et place au-dessus mon sac de sport. Je les cale de manière à ce qu'on puisse ranger parfaitement nos affaires et hésite pendant un instant à déplacer ma glacière jusqu'à la banquette arrière de mon SUV gris.

Heureusement que ma caisse est plutôt grande, parce que grâce à ça, on peut empiler nos bagages sans que cela ne devienne un énorme casse-tête. Mon père me l'a vendue pour une bouchée de pain après avoir acheté son énorme 4x4 noir, il y a trois mois. Il aurait pu s'en débarrasser pour plus cher, mais comme il voulait que j'ai un bon véhicule pour mes débuts, il a préféré la brader et me faire plaisir en prime.

Fier d'avoir ma propre voiture depuis peu, j'adore me balader dedans, même si je galère parfois à faire quelques manœuvres. Toutefois, la liberté qu'elle m'offre n'a pas de prix. Si je le désirais, je dormirais à l'intérieur, surtout ces moment où ma mère essaie de me prendre la tête.

Aussi heureux et excité par les aventures qui m'attendent d'ici les prochains jours, un sourire démesuré barre l'entièreté de mon visage. Je sens comme une bulle de bonheur s'imprégner dans ma poitrine lorsque je songe à ce début d'indépendance durant ces vacances loin de chez moi. Je compte profiter un maximum de ces moments d'autonomie en compagnie de mes amis, jouissant des mêmes libertés que n'importe quel jeune adulte de mon âge.

— Chaud devant ! retentit la voix forte et essoufflée de mon meilleur ami.

Je me décale sur la gauche pendant que Stéphane débarque avec son immense valise et son sac à dos rouge. Il gonfle exagérément les joues en tentant de porter sa malle à bout de bras, et ce dans une position qui risque de lui faire très mal. Je n'attends pas à ce qu'il se bloque le dos avec ses bêtises et le chasse vivement loin de ses bagages pour les hisser moi-même dans ma voiture. Je décide après coup de déplacer ma glacière sur la banquette arrière et la bloque avec la ceinture de sécurité.

— Merci, heureusement que t'es là, frangin, me souffle Stéphane en se tenant les genoux.

Je pousse un soupir désespéré après avoir fermé ma portière.

— Je t'ai déjà dit de ne pas porter de cette façon, là tu étais à deux doigts de te froisser un muscle ou de te bloquer le dos. A quoi servent mes cours à la salle si tu fais des erreurs pareilles ? Je me le demande bien.

— C'est parce qu'il est seulement six heures du matin. J'suis pas réveillé, t'sais.

— Mais ouais, bien sûr, marmonné-je dans ma barbe, pas convaincu par ses arguments.

Je continue à bien stabiliser nos affaires puisque nous devons par la suite chercher notre ami, Matthieu, qui monte avec nous. Nous devons par la suite nous rendre au point de rencontre, qui se situe tout simplement devant la maison de Perrine, avant de partir tous les six à l'aventure. Je vérifie l'horaire sur ma montre connectée et m'aperçois qu'il est bientôt l'heure. Je m'apprête à fermer le coffre de ma voiture, mais nous sommes interpellés par la mère de Stéphane.

— Mon lapin ! l'appelle-t-elle en courant malgré sa robe de chambre, tu as oublié ton goûter !

Jeanne brandit un sachet en plastique, contenant vraisemblablement le casse-croûte de mon meilleur ami. Je pousse un ricanement moqueur tandis que Stéphane croise les bras contre son torse, agacé, et se met à taper du pied comme un lapin enragé.

— Mamoune ! Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça dans tout le quartier ! Je vais avoir vingt-deux ans en Octobre au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.