Amour de rencontre (2)

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Je grogne en réponse et tente de retrouver mon bien à l'aveuglette.

— Tu ronfles, entends-je malgré mon esprit comateux.

Je ronchonne en ouvrant les yeux et découvre Adé sur ma gauche, ma casquette dans sa main.

— Rends-la-moi, je vais choper une insolation avec tes conneries, parviens-je à dire.

— Tu ronfles, répète-t-elle en produisant une moue mécontente, puisque je l'ai sans doute dérangée pendant sa lecture.

Je frotte mes yeux si sensibles à la lumière, me redresse sur mes deux coudes et réussis à mettre la main sur ce qui m'appartient. Je remets ma casquette et lui tire la langue.

— Je ne ronfle pas, je fais de la moto.

— Haha, très drôle, on ne me l'a jamais faite, celle-là ! déclare-t-elle en me poussant légèrement le bras.

Je me marre avec elle, bien que je me sens encore un peu dans les vapes. Des ombres se projettent sur nous un instant alors que des personnes cherchent un emplacement. Adé se met à râler parce que leur passage ont froissé sa serviette. Je retire le pli à sa place et lève la tête vers les quatre jeunes adultes qui se posent près de nous.

— Désolé ! nous dit le mec aux cheveux châtain foncé.

Je lui fais signe que ce n'est pas grave.

— Punaise, j'ai perdu ma page, se plaint la belle brune à côté de moi.

Je la regarde feuilleter ses pages jusqu'à ce qu'elle la retrouve. Elle coince un livret au passage où elle est arrivée puis repose son bouquin à côté d'elle.

— Bon, bah moi je vais me reposer un peu, me dit-elle en étouffant un bâillement dans sa main.

Adélaïde se retourne sur le dos après ses mots et ferme les paupières. Je lui mets une sorte de chapeau pour lui couvrir les yeux et le sommet de son crâne, pour qu'elle n'attrape pas de coup de chaleur. Mon regard tombe involontairement sur la rondeur de ses seins, qui je le sais grâce à Stéphane : sont aussi « doux et moelleux qu'un coussin ». Quel fumier celui-là. Je n'en reviens pas qu'il a mis sa tête à cet endroit, et ce avant moi. Il avait beau être désolé, je ne le crois pas une seule seconde lorsqu'il m'a dit qu'il ne l'a pas fait exprès.

— Excuse-moi, mais tu n'aurais pas de la crème solaire ? me demande le mec aux cheveux châtain foncé, qui s'est déplacé vers moi. On l'a oublié dans notre mobil-home.

— Euh...ouais, attends.

Son intervention me fait oublier ma jalousie passagère. Je me mets en position assise pour retrouver le produit en question et le lui prête. Le gars me remercie avant de le remettre à l'une des filles qui lui ressemble, mais pas autant que celle à côté d'elle.

« Des jumelles, je comprends, rien qu'en les examinant quelques instants ».

Des vraies, si je ne me trompe pas. Comme mon père avec son frère. Je les observe, curieux, alors qu'ils se sont installés près de nous. Le mec au teint halé et aux cheveux noirs n'attend pas ses potes pour rejoindre le lac en quelques foulées. Il croise Perrine qui vient d'en sortir, trempée jusqu'aux os. Elle lance un regard vers nos amis qui jouent à celui qui éclabousse le plus loin, puis part à ma rencontre.

— Brr, l'eau est froide ! m'informe-t-elle en se plaçant sur sa propre serviette à quelques mètres de moi.

Je lui souris alors qu'elle tente de se sécher avec un deuxième bout de tissu. Ses longs cheveux blonds sont humides au niveau de son dos. Elle tente de les recoiffer avec ses doigts, en vain. Perri fouille alors dans l'un de nos sacs pour retrouver une brosse qu'elle a glissé dedans, puis c'est à côté de moi qu'elle décide de dompter sa crinière. Je l'aide à défaire les nœuds, puis à sa demande, je lui retrace la raie au milieu. Elle glousse quand je m'amuse à faire voler ses mèches autour d'elle. J'adore m'occuper de sa magnifique chevelure, même enfant je la coiffais patiemment sous ses directives.

NOUS Au travers des vicissitudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant