La sirène psychorigide (2)

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Je me rends compte que je me suis assoupie uniquement lorsque je sens une faible caresse sur mon bras. Je tressaute et ouvre les paupières, avant de découvrir Jimmy debout, sur ma gauche. J'enlève un écouteur pour entendre ce qu'il a à me dire, mais celui-ci me tend un grand verre contenant un liquide doré.

— Tiens, une citronnade. C'est Perrine qui vient de le faire. On prend l'apéro au niveau du salon de jardin, si tu veux.

J'étouffe un petit bâillement dans ma main et remarque que tout le monde est réuni sous la pergola en toile. Même Sullivan, qui est un gros dormeur, est là. Je me redresse en grimaçant, tous mes membres sont gourds et mon esprit est encore comateux.

— Oh, punaise, je me suis endormie.

— Je vois ça. Encore heureux que le soleil ne soit pas encore trop chaud, sinon tu serais cramée !

Je capture le verre entre mes mains, encore dans les vapes.

— Ça va aller ? me demande-t-il, en s'accroupissant à ma hauteur pour me détailler de son œillade douce et soucieuse.

— Ouais, t'inquiète. C'est le temps que je me rappelle comment je m'appelle, où est-ce que je suis et quel jour nous sommes. Bref, faut que mon cerveau reconnecte ses neurones.

Jimmy laisse filer un petit ricanement amusé.

— Je vois, je vais aider ton cerveau à se remémorer du coup : tu t'appelles Adélaïde, tu te trouves en ce moment même dans le jardin, et nous sommes actuellement le lundi 29 Juillet. Ça te va comme informations ?

— Il est quelle heure ?

— Onze heure et demi, répond-t-il instinctivement.

J'étouffe un ronchonnement en constatant que j'ai fait une sieste de plus d'une heure. Du coup, j'ai la sensation d'être encore plus fatiguée. Je masse mon visage engourdi sous l'œil attentif de Jimmy, et m'extirpe de mon transat un peu trop rapidement. Un léger vertige me prend, mais je n'ai pas le temps de chanceler puisqu'il s'est redressé aussi hâtivement que moi et qu'il a posé une main dans mon dos pour me soutenir.

— Tu es sûre que ça va aller ? répète-t-il, cette fois-ci étrangement inquiet.

— Euh...ouais, je me suis levée un peu trop vite. Ça arrive, non ?

Il retire sa main chaude de ma peau, ce qui m'arrache un frisson.

— Désolé, j'ai cru que tu allais tomber.

Je le rassure d'un sourire, puis je parcours les quelques mètres pour accéder au salon de jardin avec mon verre à la main.

— Et voilà la meilleure ! chatonne Sullivan en me voyant arriver.

Un peu plus éveillée que tout à l'heure, je tourne sur moi-même en bougeant des fesses. Jimmy m'effleure d'une épaule en me dépassant, puis s'installe sur l'immense canapé près de Stéphane. Je dis bonjour au petit monde que je n'ai pas croisé ce matin, et m'assois sur le fauteuil en face du beau blond. Matthieu et Perrine sont l'un à côté de l'autre sur le sofa à ma gauche, et Sullivan a lui aussi emprunté le siège sur ma droite.

— Alors, la marmotte, tu rêvais quoi de beau ? me taquine Stéphane.

— Pas de toi, chéri, en tout cas.

— Ni de ton ex, je présume ?

Je lui fais les gros yeux tandis que Jimmy tourne la tête vers lui d'une mine dubitative.

— Oh non, encore heureux ! Ça fait un bout de temps que je n'ai plus rêvé de cette horreur !

— En tout cas, il a bien marqué ta vie, plaisante-t-il dans un jeu de mot douteux.

NOUS Au travers des vicissitudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant