...toute la sainte journée (1)

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Adélaïde

Samedi 27 Juillet 2019

Quelque part, près de Evreux (France), à la station-service d'un aire de repos.

Ereintée par notre passage en force au sein de la ville de Rouen, je suis soulagée qu'on finisse par s'arrêter une nouvelle fois à une aire d'autoroute. Le réservoir de la Toyota de mon amie réclame du carburant, après avoir parcouru un peu plus de quatre cents kilomètres. Je ne suis pas habituée à conduire aussi longtemps, alors je suis bien contente que nous faisons une halte après plus de deux heures de route. De plus que mon estomac commence à remuer dans l'espoir qu'on mange au moins un morceau avant de repartir.

Je me stationne près du SUV de Jimmy, qui a aussi prévu de faire le plein. J'éteins le moteur, ouvre la trappe à essence sous le volant, pendant que Perrine détache sa ceinture de sécurité, en empoignant sa carte de crédit. Elle descend du véhicule en même temps que son cousin, l'enlace un court instant, avant de se diriger vers notre propre pompe à carburant. Je masse mon ventre qui grogne d'impatience et Sullivan se met à bâiller dans mon dos.

— Bon sang, j'ai une de ses dalles, bébé ! s'exclame-t-il en s'étirant de toutes ses forces.

— Ne m'en parle pas, j'ai mon ventre qui gargouille depuis tout à l'heure. J'espère qu'on va manger notre sandwich après avoir fait le plein, il est presque midi !

Je rejette ma chevelure brune sur mes épaules et tente de me recoiffer en m'aidant du rétroviseur.

— Tu es certaine d'avoir ce genre d'appétit, belle gosse ? Tu n'as pas arrêté de coller les baskets de Jimmy tout à l'heure, petite cochonne.

J'imite le grognement de l'animal comme pour plaisanter, ce qui a le don de le faire rire.

— Sans déconner, bébou, on aurait dit que tu allais l'avaler tout cru !

— C'est peut-être dans mes intentions, qui sait ? lui dis-je sur un ton mystérieux, en continuant de me refaire une beauté via le rétroviseur intérieur.

— Alala ! Je sens que ça va être ma distraction pendant tout l'été...

Je termine ma petite remise en beauté pour me tourner vers lui, puis attrape délicatement sa main dans le but de le soutenir. J'ai senti une légère pointe de désillusion dans sa voix. Mon ami a du mal à digérer la pause que lui a imposé son copain. D'après ce que j'ai compris, ils n'arrêtaient pas de se prendre la tête depuis un certain moment, souvent pour une question d'emploi du temps et de jalousie. Alors Léo a décrété qu'ils devaient s'éloigner quelques temps avant de mieux se retrouver. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise décision.

— Ça va aller, Sully. Ce n'est qu'un petit break, d'accord ?

Mon ami m'observe, dépité, peu convaincu par mes paroles qui se veulent rassurantes.

— Justement. C'est un break, ça veut tout dire.

— Il faut que vous vous prenez du temps, l'un comme l'autre. Avoir une pause dans une relation n'est pas forcément une mauvaise chose, chéri. Profite des vacances avec nous, pense un peu à toi et fais ce qui te plait. Déconnecte-toi un peu de ta vie sentimentale, ok ?

Sullivan m'adresse un petit sourire. Avec ses yeux chocolats, ses cheveux courts de couleur marron, son nez plutôt court et sa grande bouche, il est vraiment mignon dans son genre. Je sais que si ça casse avec son petit-ami, il n'aura pas de mal à trouver quelqu'un d'autre. Il est tellement attachant, gentil et amusant que je me lasse pas de l'avoir comme un bon ami. Il est le partenaire de danse de Perrine et tous les deux, ils ont développé une complicité et une amitié sans faille. Alors forcément, quand notre copine a appris pour son break et qu'il avait l'air aussi malheureux que les pierres, elle a tenu qu'il nous accompagne jusqu'en Dordogne.

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