8. Prémices d'Azkaban

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Les jours passèrent et la pleine lune approchait dangereusement. La veille, en allant se coucher, il se mit rapidement en pyjama et se roula en boule sur son lit. Peter était quelque part hors du dortoir, probablement à chiper des bonbons sous sa forme de rat et James sous la douche (et Merlin savait que ça pouvait durer longtemps avec lui).

Sirius s'assit à côté du loup garou et mit maladroitement son bras autour de son ami. Remus se serra contre lui, cherchant du réconfort. Il était tremblant et des larmes brillaient dans ses yeux.

Sirius caressait les cheveux châtains, espérant que l'autre ne remarque pas la puissance inhabituelle du bruit sourd qui résonnait dans sa poitrine.

- Tout va bien se passer Moony, murmura-t-il, Tu ne peux pas nous faire de mal, ne t'inquiètes pas.

Il ne répondit pas et laissa sa tête choir dans les bras de son ami. Ce dernier se tortilla jusqu'à trouver une position confortable. Le loup garou se lova contre lui et sa respiration se fit plus calme. Il continuait de caresser ses cheveux et dégagea une mèche qui couvrait le visage à moitié enfoui dans son sweat.

Le châtain s'endormit assez vite, apaisé par son cadet et épuisé par le stress. Sirius l'observa. Il était beau lorsqu'il dormait. Ses traits se détendaient, son expression tendue se relâchait, tout en lui semblait plus serein.

Il observa ses paupières, ses cils, il repéra un minuscule bouton au creux de son oeil. Il détailla son nez parfait, ses joues hâlées où perçaient quelques tâches de rousseur, sa mâchoire. Il s'arrêta sur sa bouche claire à moitié entrouverte barrée par une cicatrice blanche. Il détourna le regard lorsqu'il visualisa sa propre bouche la happer. Il se força à ne fixer que ses boucles de miel avec lesquelles il jouait un peu.

James sortit de la salle de bain et il lui fit signe de ne pas faire de bruit en montrant leur ami. James hocha la tête avec un petit sourire contenant une pointe d'inquiétude et se glissa directement dans son lit.

Sirius mit du temps à s'endormir, entre sa position assise, ses insomnies habituelles et Remus Lupin, le plus bel homme de la Terre, qui dormait sur lui. Il réussit cependant à trouver le sommeil vers 3 heures du matin et ne vit pas Peter rentrer une demi heure plus tard.

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Le lendemain matin fut rude. Remus se réveilla le premier. Il dut secouer Sirius pour qu'il ouvre les yeux mais il fut immédiatement opérationnel. James, fidèle à lui-même, fut impossible à réveiller et Remus lança innocemment un Aguamenti. Pendant qu'il se levait en pestant, les trois se tournèrent vers le quatrième Maraudeur.

Peter dormait encore, mais ce n'était pas sa paresse inhabituelle qui les inquiétait. Vêtu de vêtements qui semblaient avoir traîné dans la boue, il sursautait dans son sommeil et des larmes coulaient en continu sur ses joues. Sirius et James se regardèrent un instant.

Il fallait s'occuper de lui mais ne pas inquiéter Remus. D'un coup de tête discret, les deux complices se mirent d'accord de la marche à suivre. James était génial mais assez nul pour trouver les bons mots. Le brun à lunettes entraîna donc le lycanthrope dehors.

Sirius prit une grande inspiration puis tenta de réveiller le blond. Il le secoua légèrement mais les sursauts ne baissaient pas. Il sortit alors sa baguette magique et lança le même sort que pour James.

Peter se réveilla en sursaut, cracha le peu d'eau qu'il avait réussi à avaler et se redressa, fixant son ami, l'air perdu et bouleversé.

- Peter... murmura Sirius en plongeant ses yeux noirs dans ceux de son ami

Il allait ajouter un "ça va ?" mais il se reprit. La question ne servait à rien au vue de l'état du blond.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? ajouta-t-il

Peter ne répondit pas tout de suite, reprenant son souffle. Il remonta ses jambes contre lui et le fixa d'un regard insondable.

- C'est... commença-t-il

Il sembla se reprendre et ajouta d'un air peu convaincant :

- Je ne sais plus... J'ai fait un cauchemar mais je ne m'en rappelle pas.

Sirius soupira et leva un sourcil. Il ne se contenterai pas d'une explication bancale. De plus, le fait qu'il veuille le cacher rendait la chose bien plus importante à ses yeux.

- Peter, je ne te laisserais pas quitter ce dortoir sans avoir eu une réponse sincère.

Le blond frémit, comme si son ami venait de le frapper puis eut un drôle de sourire. Le plus grand n'était pas certain de ce qu'il y voyait. Était-ce de la douleur ? De la haine ? Du sarcasme ?

- Comme si ça t'intéressait au final... cracha le blond, Tout ce que tu veux c'est tout savoir sur tout le monde. Tu peux faire genre que tu t'intéresses à moi mais je ne suis pas plus important qu'un rat commun.

Sirius se retint de répliquer "Mais tu es un rat commun" et se concentra pour ne pas sombrer dans l'humour, comme toujours quand il était mal à l'aise. Il repassa ce qu'il venait d'entendre et répondit avec une douceur où perçait un peu de colère. Après tous les efforts qu'il faisait pour ses amis il prenait mal qu'on puisse lui parler comme ça.

- Si je voulais tout savoir sur tout le monde j'aurais demandé à Remus et Lily. Il se trouve que ton état m'inquiète et que je veux t'aider. James et Remus seraient bien restés aussi mais on évite de stresser Rem la veille de la pleine lune, tu le sais, donc James est resté avec lui.

- Comme s'il avait besoin d'une nounou, marmonna le plus petit

- Peter, on veut t'aider. Mais pour ça il faut qu'on sache ce qu'il se passe !

- Sauf que c'est faux ! explosa Peter, les larmes aux yeux, Tout ce que vous faites vous le faites uniquement pour vous ! Je n'ai aucun espace pour parler de moi et c'est pas maintenant que je suis si intéressant que ça va changer.

Il ne rendait pas la tâche facile à Sirius ne ne pas se mettre à faire des blagues nulles. Il retint avec force le "T'es toujours pas intéressant" et le prit par les poignets.

- Je suis désolé si on t'a laissé penser que tu n'avais pas ta place parmi nous... On est là pour toi d'accord ? Même si on est un peu bourrins, même si on comprend pas tout on est tes amis. Si t'as besoin de parler on est là.

Le blond acquiesça en silence et son ami lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il le laissa seul dans le dortoir pour qu'il puisse se changer.

Des années plus tard il regretterait de ne pas avoir pu lire dans ses pensées. De ne pas avoir vu la douleur pure en apprenant que sa mère avait rendu son dernier souffle à Ste Mangouste. De ne pas avoir vu que dans ce moment, un jeune homme l'avait rattrapé au bord du gouffre et l'avait ramené vers ses amis vêtus de vert et de noir. Il regretterait de ne pas avoir vu ces adolescents lui montrer tout ce que ses meilleurs amis n'avaient pas réussi à lui offrir, allant, dans ce moment de vulnérabilité, jusqu'à prêter serment à un mage dont il ne savait rien d'autre que le fait que ses amis le traquaient.

Il ne vit pas l'admiration qu'il portait à James dériver vers son pire ennemi, ni la promesse de tenir au courant ses nouveaux amis des agissements des rouge et or. Il ne vit qu'un ami cher qui souffrait et qui avait besoin de lui. Il referma la porte du dortoir et descendit retrouver le reste du groupe.

Les Maraudeurs - L'aube de la guerre (Wolfstar)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant