4. La mission

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La première réaction des deux professeurs lorsqu'ils entrèrent dans la grande salle fut la surprise pure. Jamais personne n'avait grillé le couvre-feu avec autant d'effronterie. Slughorn bégaya un peu en remarquant sa prodige des potions et bafouilla un "Qu'est-ce que vous faites là ?" bancal.

Le professeur McGonagall eut un temps de réaction plus court et comprit immédiatement que c'était important.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle au groupe, regardant tour à tour les adolescents

- Nous devons absolument nous entretenir avec le professeur Dumbledore, annonça Lily en s'avançant

- Vous avez une raison à cela ? demanda le maître des potions d'un ton suspicieux

- Bien sûr que oui ! fit James avec moins de tact que sa petite amie, On ne va pas improviser un sujet de discussion quand on le verra !

Son impertinence lui valut un coup de coude de la part de la rouquine.

- Ouch, s'exclama-t-il, Je me fais plus frapper depuis que je sors avec toi que de toutes mes années de Quidditch.

- Tais-toi par Merlin ! jura l'intéressée

- Vous avez fini ? fit McGonagall

- Professeur, intervint Remus, Il s'agit d'une affaire des plus importantes concernant des mages noirs.

La grande salle fut soudain plongée dans le silence le plus total. Tout le monde avait les yeux rivés sur le loup garou. Même James avait renoncé à se plaindre.

- Suivez-moi, murmura McGonagall d'une voix éteinte.

Le groupe fut conduit en silence jusqu'à la gargouille qui gardait le bureau du directeur.

- Chocogrenouille ! lança-t-elle

La gargouille s'écarta pour laisser passer le groupe. La sorcière leur indiqua d'attendre dans un petit hall avec Slughorn et s'en alla chercher Dumbledore. Ils ne dirent rien, en partie à cause de la présence du gros sorcier qui les fixait comme s'ils allaient lui apporter le mauvais œil.

Sirius regarda Remus et ce dernier lui sourit et lui prit la main pour le rassurer. Ça s'était toujours fait dans l'autre sens. Remus Lupin était quelqu'un d'anxieux et son ami était là pour le calmer. Ça avait toujours marché dans ce sens. Mais là, c'était différent. Sirius Black était terrifié et Remus Lupin lui tenait la main pour le rassurer.

Il était définitivement dans la merde. Le sourire de son ami le faisait fondre et le contact avec sa main créait en lui des décharges électriques qui allait de sa main à son cœur, grillant son cerveau au passage. Il allait donc pouvoir cocher la case "être sûr d'être hétéro" de la liste des trucs à trouver sur lui-même. Génial.

Il retira sa main, les joues brûlantes, espérant que personne ne le remarquerait dans la pénombre, et détourna le regard. Cette découverte avait le mérite de l'avoir distrait de son problème actuel. McGonagall revint quelques minutes plus tard, accompagnée d'un Dumbledore en robe de chambre rose vif.

- Venez les enfants, dit-il d'une voix complètement réveillée, Vous pouvez partir ne vous inquiétez pas, ajouta-t-il à l'intention des professeurs

Ils entrèrent dans la pièce jonchée d'objets tous plus bizarres les uns que les autres. Dumbledore s'assit et fit apparaître quatre fauteuils de l'autre côté du bureau s'ajoutant à celui qui y siégeait déjà.

James lui indiqua le siège central et les adolescents s'assirent. Sirius était face à Dumbledore. À sa droite, James et Lily se tenaient la main et à sa gauche Remus et Peter le regardaient avec confiance.

- Je vous écoute, fit le directeur en caressant sa barbe argentée

Remus le poussa légèrement pour l'inciter à prendre la parole. Il prit une grande inspiration et se lança.

- Monsieur, commença-t-il, Un grand mage noir se lève. Avant que je quitte la maison ça faisait des semaines que j'entendais parler du "Seigneur des Ténèbres". Ma cousine Bellatrix, en particulier, semblait impliquée. Et voilà que dans le train...

Il reprit son souffle et tenta d'avoir un discours cohérent.

- Dans le train, reprit-il, J'ai vu ma cousine demander à au moins quatre élèves de recruter des membres et qu'"il" n'aimait pas attendre. Elle avait stupéfixé Andromeda et je sais qu'elle est contre ses agissements mais j'ai reconnu deux des élèves. Je pense qu'elle manipule sa sœur Narcissa et Severus Rogue à l'air d'être dans le coup.

Dumbledore jeta un coup d'œil furtif à Lily. Il attendit un moment puis releva la tête en les fixant avec un regard flamboyant.

- Vous êtes grands à présent, dit-il gravement, Seul Sirius n'est pas majeur, je pense qu'il est temps pour vous de décider si vous souhaitez réellement vous engager contre les forces du mal.

Les adolescents se regardèrent. Le regard de James et celui de Lily étaient de l'excitation pure et Peter semblait apeuré mais quand même déterminé. Sirius croisa le regard de Remus et il sut qu'ils pensaient la même chose. Bien sûr qu'il voulait combattre les forces du mal. Mais, si pour Sirius il s'agissait de toute sa famille, toute son enfance, Remus était l'une des créatures les plus craintes du monde magique.

- Je me range de votre côté, professeur, fit James en se levant

- Je vous suis également, ajouta Lily dans la foulée

Peter fixa James, comme pour se donner le courage de le faire, puis se leva à son tour. Sirius regarda son ami qui semblait en proie à une panique interne des plus mouvementées. Il lui tendit la main.

Remus regarda tour à tour la main et les yeux gris de Sirius. Il eut un sourire ému et prit la main qui lui était tendu. Les deux garçons se levèrent à leur tour. Dumbledore avait observé la scène et souriait avec bienveillance.

- Parfait, dit-il, Je vais donc vous confier votre première mission. Il me semble que vous possédez un objet très pratique et ingénieux vous permettant de suivre les gens dans le château. J'ai toujours fermé les yeux dessus mais aujourd'hui je vais vous demander de vous en servir pour la bonne cause.

Les Maraudeurs se regardèrent, penauds et surpris.

- Je voudrais, continua le vieux sorcier, que vous fassiez une liste des personnes que vous pensez ou savez être enrôlées dans cette organisation et que vous les suiviez à l'aide de votre carte. J'aimerais que vous me préveniez si vous voyez l'un d'eux disparaître de la carte. Je vois beaucoup de choses mais malheureusement pas tout et cet objet pourrait nous être utile.

Il marqua un temps de pause puis reprit.

- Je souhaite également que nous soyons honnêtes les uns avec les autres. Je me doute que vous avez d'autres objets magiques dont je n'ai pas connaissance. Je ne suis pas là pour vous empêcher de faire des bêtises et laisse ce soin à notre cher Rusard mais entre nous ce serait sûrement mieux.

Il y eut un autre silence et Sirius réalisa qu'il attendait d'eux de se dévoiler.

- En réalité, fit James d'un ton hésitant, Nous n'avons qu'un seul autre objet puissant. Il m'a été transmis par mon père.

Il vit son meilleur ami sortir de sa poche la grande cape qui les avait autrefois abrité pour chiper des bonbons aux cuisines. Dumbledore la prit entre ses mains et eut une expression étrange.

- Elle t'a été transmise par ton père dis-tu ? demanda-t-il tout bas

- Oui, répondit James, Elle est dans la famille depuis des dizaines et des dizaines de générations.

Dumbledore observa encore un peu la cape puis la rendit au jeune Potter.

- Merci de me l'avoir montré... fit le mage, les yeux dans le vague

Il sembla se reprendre et ajouta d'une voix plus cordiale :

- Allez zou, allez vous coucher ou le professeur McGonagall viendra vous chercher dans votre lit pour son cours !

Les cinq sortirent du bureau et revinrent dans la salle commune. Eux qui pensaient déléguer l'information se retrouvaient désormais avec leur première mission. Ils se dirent bonne nuit et partirent se coucher.

Les Maraudeurs - L'aube de la guerre (Wolfstar)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant