Le lendemain matin, tout le monde flottait. Chacun préparait ses valises. Si les mineurs étaient tristes de se quitter pour deux mois, les septième années étaient bien plus moroses.
Sept ans de leur vie, ils avaient considéré Poudlard comme leur seconde maison, voir comme leur seule maison dans certains cas, et ils allaient définitivement quitter le château le soir même.
Chacun avait ses remords et ses regrets qu'il laissait entre les murs magiques qui les entouraient encore, mais surtout tant de souvenirs. Sirius se rappelait de leur répartition, de leurs premiers cours, de ses premiers amis, de ses premières réussites, de ses premiers échecs, de ses premiers entraînements de Quidditch, de son premier match.
Il avait une boule au creux de la gorge qu'il s'était forcé de réprimer avant ce jour fatidique. Il quittait sa maison, sa vraie maison. Mais il partait avec tellement plus que lorsqu'il était arrivé.
Il partait avec des amis. Il partait avec une famille. Il partait avec un amoureux. Il partait pour construire une vie magnifique, pleine de joie, d'amour, d'action, de conneries...
Il se réveilla lorsque James rentra dans le dortoir, suivi par Peter. Ce-dernier était trempé, potentiellement sauvé de la gueule de bois par son ami. Le brun à lunettes semblait faible et capable de défaillir à tout instant.
Il tenta de sourire lorsqu'il aperçut ses amis mais c'était au dessus de ses forces. Personne n'osa dire quoi que ce soit. Sirius et Remus se levèrent et, d'un seul mouvement, les Maraudeurs s'étreignirent. James fondit en larmes, suivi par les autres.
Ils quittaient l'une de leurs vies, ils quittaient toute leur adolescence. Mais ils resteraient ensembles. Ils resteraient les Maraudeurs et rien ne pourrait les séparer.
Le reste de la journée fut assez silencieux. Chacun faisait ses bagages à contre cœur. Ils retrouvèrent de nombreuses choses dans leur dortoir. Des farces et attrapes, de la nourriture, dont potentiellement des bonbons qui dataient de leur première année, des farces et attrapes, des vieilles chaussettes et des farces et attrapes.
C'était étrange de se dire que l'année d'après, ce dortoir deviendrait le lieu de vie de premières années et qu'eux aussi vivraient tout ce qu'ils avaient vécu.
Pour la première fois de l'histoire de ses valises, il se força à plier ses affaires et à les ranger de manière ordonnée à l'intérieur de la malle. Lily avait mit de la musique partout dans la salle commune et les dortoirs et il se concentra sur les notes qui s'enchaînaient pour atténuer la douleur.
Chacune de ses cravates, son écharpe, ses gants, toutes ses affaires rouges et or et qui avaient tant signifié pour lui devenaient des souvenirs. D'habitude il faisait tout en un sort mais il voulait prendre son temps, que tout soit retardé.
Mais au bout d'un moment, il dut s'avouer vaincu lorsqu'il plia précautionneusement son pull de Quidditch pour le poser sur le tas d'affaires. Il contempla un instant son œuvre et ferma la valise.
Il resta quelques minutes sans bouger, assis sur le sol de leur chambre. Des bras doux l'entourèrent. Il se retourna pour rendre son câlin à Remus. Il sentait le souffle du châtain dans son cou et une goutte d'eau tomba sur son épaule. Les deux se serraient comme s'ils s'accrochaient l'un à l'autre pour s'empêcher de tomber.
- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? souffla Remus
Il y eut un instant de silence. Il devait les rassurer tous les deux. Et au fond il savait parfaitement ce qu'ils allaient faire.
- On va trouver une jolie petite maison dans le même village que tous nos amis, dit-il, On va fonder un foyer et être heureux. Et peut-être que ce sera difficile parfois mais on restera ensemble et tout se passera bien.
- Je sais que je me répète mais je t'aime Sirius, murmura le châtain dans un sanglot
- Je t'en prie répète-toi Remus, répondit-il, Et au cas où ça ne serait pas assez évident je t'aime aussi plus que tout au monde.
Un grognement leur parvint de l'entrée de la chambre. James, Peter et Lily étaient là.
- Il faut y aller, dit Lily d'une voix brisée
Sirius s'essuya les yeux et prit sa valise. Ils descendirent dans la salle commune où étaient entassées les valises des septièmes années. Tous leurs amis étaient là, à sourire faiblement.
Il repéra des figures d'autres maisons, comme Andromeda, Ted et Pandora.
- Hey, lança James d'un ton mal assuré, Je... Je sais que Poudlard c'est... Fini. Mais on est plus que ça et... Et on va continuer à se voir et à se soutenir. On fera grandir l'Ordre du Phénix et on sera invincibles. On restera ensemble pas vrai ?
Des "ouais" furent lâchés par chacun. Lily enlaça James. Chacun luttait pour ne pas pleurer.
Ils descendirent les marches et même les escaliers ne les empêchaient pas d'atteindre leur destination. Peeves passa à côté d'eux mais ce fut pour les féliciter de tout le bordel qu'ils avaient créé durant leurs années à l'école.
Xenophilius les eut vite rejoint et ne lâcha plus Pandora d'une semelle. Sirius passa pour la dernière fois la Grande Porte en tant qu'élève et frissonna. Ils allaient atteindre les charrettes destinées à les emmener à la gare de Pré-au-lard lorsqu'il réalisa qu'il avait oublié de dire au revoir à quelqu'un.
Il s'excusa et courut de toutes ses forces en direction du Lac Noir. Il atteint la berge complètement essoufflé.
- Frankie ! hurla-t-il, Je ne sais pas si tu peux comprendre ce que je dis mais merci pour tout !
Il fut projeté avec vigueur dans l'eau par Remus qui l'avait suivi. Le châtain le serrait de toute ses forces tandis qu'ils s'enfonçaient dans trente centimètres d'eau.
Sirius se retourna et vit qu'il pleurait. Trempé de la tête aux pieds, il se laissa aller et fondit en larmes, étreignant son amour. Ils furent ramenés à la réalité par James qui dirigeait l'une des charrettes.
Les deux garçons trempés grimacèrent et grimpèrent dans la carriole. Ils virent le professeur McGonagall se diriger vers eux.
- Décidément, vous vous serez fait remarquer jusqu'au bout, dit-elle, exaspérée mais compréhensive
- Vous ne le montrez pas mais on va vous manquer professeur, lança James
- Oh je me doute que les récits de vos exploits donneront de merveilleuses idées à mes futurs élèves, répondit la femme
Elle s'occupa de rediriger la charrette vers son chemin originel. Sirius regarda le Lac Noir s'éloigner et, au moment où sa surface allait devenir impossible à délimiter, il crut apercevoir un remous, et peut-être un ou deux tentacules sortir de l'eau.
Il sourit faiblement lorsqu'ils arrivèrent devant le Poudlard Express. Leur dernier trajet dans le train magique. Ils montèrent dedans avec émotion et retrouvèrent le compartiment dans lequel ils étaient arrivés en première année, tout au fond du train.
- Quand je pense que c'est la dernière fois que je suis dans ce compartiment, souffla Remus
- Ouais, marmonna James
Le groupe d'amis s'était séparé. Seuls les Maraudeurs et Lily étaient dans le même compartiment. Ils regardaient tous par la fenêtre. Le train s'ébranla et ils virent le quai s'éloigner.
Ils arrivèrent rapidement dans la campagne et regardèrent Poudlard s'effacer au loin. Personne ne disait rien. Ils furent coupés par la dame au bonbons.
- Vous voulez quelque chose les enfants ? demanda-t-elle
- Je vais prendre une chocogrenouille, dit James d'une voix rauque
Il paya et ouvrit la petite boîte. La carte de Dumbledore s'y trouvait. Le groupe sourit en regardant la grenouille faire son premier bond. Puis, sans prévenir, elle en fit un deuxième qui la fit passer par la fenêtre du Poudlard Express.
Même si cette étape de sa vie était terminée, Poudlard lui avait donné ce qu'il n'avait jamais eu auparavant. Et il lui sembla que rien ne pouvait égaler ce qu'il ressentait à présent. Des années plus tard, Albus Dumbledore lui-même affirmerait qu'il s'agissait de ce qu'il y avait de plus puissant au monde.
L'amour.
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Les Maraudeurs - L'aube de la guerre (Wolfstar)
FanficLes Maraudeurs entament leur dernière année à Poudlard. Leur plus grande préoccupation n'est cependant pas les ASPICs qu'ils passent en fin d'année. Un groupe de mages noirs qui se fait appeler "Mangemorts" prend de l'ampleur dans l'école et les Mar...