7] Sourde et calme

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-Ta vente a été avancée. Elle se fera demain.

A15 croit mal entendre.
C'est impossible. Elle avait encore du temps. Elle ne peut pas être vendue, pas si tôt!

La porte du cabinet s'ouvre, et l'homme qui était venu la chercher entre, tandis que le docteur lui fait comprendre qu'il peut la ramener à sa cellule.
Le trafiquant attrape alors le bras d'A15 pour la faire sortir mais celle-ci se dégage et avance vers le docteur.

-Pourquoi? Je n'ai pas dix-huit ans. Je n'ai pas mes règles!
-Ce n'est pas moi qui décide, c'est ainsi.

Le trafiquant lui reprend le bras, cette fois ci plus fermement.

-Lâche-moi.

Le docteur Peltier tente de la résonner:

-Ne fais pas d'histoire A15. Je n'ai pas envie de te sédater.
-Allez, viens, ordonné le trafiquant en la tirant.

A15 se laisse traîner hors du cabinet, et est violemment poussée dans le couloir.

-Avance. Je sais que tu connais le chemin.

Il lui donne un coup au milieu des omoplates avec la cross de son arme et A15 manque de s'effondrer au sol mais se rattrape inextremis.
Elle obéit et avance en direction de sa cellule. Mais sa vision est troublée par ses larmes. Elle a du mal à respirer, la sensation d'étouffer.
Elle ne peut pas partir d'ici, pas encore, pas si vite!

-Peltier est bien gentil. A sa place je t'aurais laissé à poil comme la pute que tu es.

A15 je l'entend pas. Ses oreilles bourdonnes. Elle se moque de ce qu'il peut dire derrière elle. Mais elle donnerait tout pour avoir encore un peu de temps. Pour le revoir, Lui.

Finalement ils arrivent à la cellule ouverte d'A15 et l'homme la pousse une nouvelle fois par surprise pour l'y faire entrer, si violemment qu'elle en trébuche et s'effondre sur le sol bétonné. Sans sa combinaison, elle se serait ouvert les genoux. Mais les paumes de ses mains ne sont pas pas épargnées et s'ouvrent légèrement, faisant comme un électrochoc à A15 qui revient à la réalité en poussant un grognement de douleur.
Heureusement, elle entend la porte se refermer dans son dos. Il est parti.

-Alors comme ça tu vas être vendue...

A15 sursaute. Elle lève les yeux de ses mains ensanglantées et regarde le mur devant elle. Cette voix. Dans son dos. Il n'est pas parti. Tout au contraire.
Elle avale sa salive, lentement, ne se retourne pas, reste à genoux, jette un coup d'œil vers son matelas.

-Pourtant je sais que tu n'as pas encore tes règles. Alors pourquoi?
-Je ne sais pas, répond-t-elle calmement.
-Tu t'es faite tringler? Tu n'es plus aussi pure qu'il l'aurait fallut n'est-ce pas?

A15 commence à se relever très lentement, comme pour ne pas l'effrayer.

-Je suis aussi pure que je l'ai toujours été. Je ne sais pas pourquoi je suis vendue. Mais tu dois partir maintenant.

Elle se relève tout à fait, se tourne face à l'homme.

-Tu mens. Ça fait trois ans que je suis ici. Trois ans que je te vois tous les jours préparer d'autres filles pendant que tu te sens supérieure à elles. Et aujourd'hui tu réalises que tu n'es finalement pas mieux qu'elles toutes.

Le trafiquant pose sa main sur sa braguette. A15 regarde ses doigts sous le tissu qui laisse deviner la forme de son sexe. Elle en est infiniment dégoûtée, mais ne laisse rien paraître.

-Il est temps que quelqu'un finisse de te faire comprendre ce que tu es vraiment. Un vide couilles.

Celle qui n'a pas de nomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant