Lui est là. Devant elle. Debout. Vivant.
Alice sent son coeur se serrer si douloureusement dans sa poitrine qu'elle a l'impression de faire un arrêt cardiaque. Elle ouvre sa bouche en grand, pour hurler ou chercher de l'oxygène, elle ne sait pas, mais elle n'arrive ni l'un ni l'autre.
Le temps est figé. Toutes les filles le regarde lui, silencieuses. Et finalement il brise le silence:-Tout le monde dehors.
Aussitôt, comme une vague, toutes les filles sortent en vitesse du camion, et sautent sur le béton pour se retrouver à découvert dans le hangar.
Alice elle ne bouge pas, figée.-Sortez la.
Deux hommes armés montent dans la remorque et la soulèvent chacun par un bras pour la traîner hors du camion. La jeune femme n'a aucun mouvement de résistance, toujours nue, sidérée, paralysée, incapable du moindre son ou du moindre geste. Ils la laissent tomber sur le sol gris, à genoux, les bras ballants.
Elle fixe Jules sans pouvoir détourner son regard, comme un fantôme ou un prophète revenu d'entre les morts.
Lui aussi la regarde, avec un sourire, visiblement plus amusé que jamais par tout ceci. Il s'accroupit devant elle.-Oh ma pauvre petite A15. Si ridicule et idiote petite A15...
Il vient retirer la bande de tissu ensanglanté qu'elle avait posé sur sa joue coupée en moitié de sourire.
-Tu m'aurais donc tué, sans le moindre scrupule, sans le moindre remord. De toutes les filles que j'ai vu passer ici depuis que je suis gosse, tu as vraiment été la plus ingrate de toutes. Tu avais raison.
Cette dernière phrase ne lui est pas adressée. Alice tourne son visage en suivant le regard de l'homme, et là elle découvre Adèle, debout et vivante à côté de tout le groupe qui l'encercle.
La douleur dans la cage thoracique d'Alice est t'elle qu'elle doit poser sa main entre ses seins pour essayer de calmer les battements incertains de son coeur. Elle pose son autre main au sol pour et se recroqueville pour une torture en poussant un gémissement de douleur, les dents serrées.-Chut, chut, chut, ce n'est rien. Tu es un peu choquée je comprends. Mais dis-moi, tu ne pensais tout de même pas que tu allais pouvoir m'échapper comme ça? Tu n'es pas une personne A15, tu n'as aucun droit. Tu es un simple objet, et les objets ne s'enfuient pas.
Alice écoute à peine, elle n'y arrive pas, elle est trop perdue, trop ailleurs. Lui continue:
-Adèle a eu raison de me dire que tu commençais à trop réfléchir, à devenir un problème. Je l'ai vu venir aussi, mais j'avoue: je n'aurais pas cru à ce point. Pas avant que tu ne plantes le mec qui devait te baiser. Là j'ai compris. J'ai compris que tu ne pouvais plus être une simple pute à filmer. Les filles à problèmes comme toi c'est parfait pour les snuff movies: ça permet à la fois de se débarrasser du problème, et de donner ce que la clientèle souhaite. Mais tu comprends, du sang du sang c'est mignon, mais c'est trop simple. Les gens sont exigeants de nos jours, ils veulent toujours plus. Alors j'ai eu l'idée de mettre un peu de suspens et d'espoir dans tout ça.
Alice réussit à se redresser un tout petit peu, juste assez pour le regarder de nouveau. Cette fois, les larmes se sont mises à couler en silence sur son visage taché de sang, et de la bave rouge dégouline de sa plaie buccale.
-Les chaînes trop peu serrées, les fausses armes que j'ai laissées à ta disposition, le faux sang pour Adèle et moi, le petit spectacle de tous mes hommes et Adèle en mode meurtrière. Et évidemment, les clefs qui te permettaient de n'ouvrir que certaines portes. Toutes les filles, c'était peut être ça le plus beau. Je me doutais que tu allais les libérer. Grosse pute débile étouffée par la compassion que tu es. Elles ont obéit au doigt et à l'œil, t'ont suivie, t'ont sauté dessus. La gueule que tu tirais! Putain un délice. J'ai tant aimé assister à tout ce petit cinéma. Parce que oui bien-sûr, tout a été filmé de A à Z. Je pense que le public n'aura jamais autant joui qu'en voyant l'espoir sur ton visage suivit du désespoir le plus absolu. Tout était vraiment parfait. J'avoue que j'ai été fort sur ce coup là. Je ne m'étais pas amusé comme ça depuis des siècles. Même une truie trisomique serait moins immonde et conne que toi.
Et sur ces mots il lui crache en plein visage un molard immonde et gras qui vient se mélanger aux larmes et au sang d'Alice.
VOUS LISEZ
Celle qui n'a pas de nom
HorrorA15 n'a pas de prénom. Elle n'en a jamais eu. Elle n'est qu'un objet doté d'un numéro. Elle n'est jamais sortie de l'Usine, l'épicentre du plus gros trafic de femmes d'Europe. Mais bientôt, elle aura 18 ans. Bientôt, elle sera vendue. ! Lecture po...