06 août 2023
Léo essuyait distraitement les verres sortis du petit lave-vaisselle, les yeux dans le vague. En ce dimanche, il ne travaillait que la matinée mais il était pressé de terminer. Bien qu'il adore son boulot – être barman était vraiment quelque chose le passionnant – il aurait préféré pouvoir traîner au lit avec Gaby. Ce dernier ne lui avait pas facilité la tâche, en plus de ça. Au moment où il avait voulu se lever, le breton s'était accroché à lui comme une sangsue, bien décidé à le retenir sous les draps encore un peu pour un moment de tendresse matinale. Déjà très peu résistant, Léo avait cédé quand son petit-ami s'était mis à embrasser son cou avec beaucoup de douceur – et d'envie.
Il n'était pourtant pas du genre à céder si facilement mais face à Gaby, Léo se surprenait à ne jamais résister. Gaby lui faisait tourner la tête simplement en promenant ses lèvres sur sa peau, ce qui constituait un fait surprenant pour Léo. Jamais aucun de ses amants ne lui avait procuré cet effet. C'était d'autant plus étonnant qu'ils n'avaient toujours pas couchés ensemble... Du moins, ils n'avaient pas été jusqu'à la pénétration. Pour Léo, se toucher mutuellement était déjà faire l'amour. Chaque fois qu'il promenait ses mains sur le corps de Gaby, il lui faisait l'amour, et plus ça arrivait, plus il en voulait encore.
Léo n'était pas habitué à ce qu'il ressentait. Personne ne lui avait jamais fait un tel effet avant Gaby. Il appréciait tout du jeune homme, même ses défauts les plus exaspérants. Il était subjugué par ses petites manies, sa sensibilité, sa façon de voir la vie. Il adorait le voir s'émerveiller d'un rien ou parler pendant des heures avec une passion infaillible de ces petites sculptures qu'il fabriquait et peignait. En y réfléchissant, Léo se disait que Gaby pourrait bien lui parler de n'importe quoi, il l'écouterait tout de même pendant des heures. Le breton rendait sa vie bien plus belle et Léo n'était même pas certain que Gaby ait réellement conscience du bonheur qu'il lui procurait.
— Léo, t'es dans la lune ?
La voix d'un de ses collègues le fit sortir de ses pensées. Léo cligna des yeux pour constater que son camarade le fixait avec insistance, comme pour attendre une réponse.
— Pardon. Tu m'as demandé un truc ?
— J'te disais que t'avais terminé depuis dix minutes déjà !
Léo jeta un coup d'œil à l'horloge en fer forgé d'un blanc un peu rouillé qui ornait l'un des murs en bois du bar. En effet, il était treize heures bientôt quinze. A force de penser à Gaby, son esprit avait totalement divagué.
— Désolé, j'étais ailleurs.
Il rangea les verres qu'il avait essuyé et accrocha le torchon à son emplacement, sous l'œil amusé de son collègue.
— Tu pensais au p'tit brun qu'est venu te chercher l'autre jour, mh ?
— P't'être bien, répondit simplement Léo dans un sourire aimable.
Il s'entendait bien avec son camarade de travail – Danny de son prénom – mais ce dernier avait tendance à être un peu trop intrusif. Et un peu trop rentre-dedans, aussi. Léo avait déjà repoussé ses avances plusieurs fois depuis qu'il bossait ici.
— C'est ton plan cul ?
Léo arqua un sourcil, mi-agacé, mi-las. Il n'aimait pas les questions sur sa vie privée. En vérité, il détestait parler de lui en général, si ce n'était pour dire les mêmes choses banales qu'il servait à tout le monde : « j'aime la photographie », « j'adore voyager », « je suis quelqu'un de très sociable ! » et toutes ces phrases bateaux qui donnaient aux gens l'impression de le connaître alors qu'ils ne savaient rien de lui. Personne ne savait les meurtrissures de son cœur, les blessures qu'il tentait de faire cicatriser ni même ce gouffre profond qu'il avait dans la poitrine depuis la mort de ses parents.
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À nos cœurs abandonnés [BxB] [TERMINÉE]
RomansaLe chemin de nos vies prend parfois un tournant inattendu par hasard. En ouvrant un mail qui lui a été envoyé par erreur, Gaby ne s'attendait pas à ce que son été en soit chamboulé. A travers quelques mots, il fait la connaissance de Léo, baroudeur...