𝒪𝒸ℯ𝒶𝓃 ℒℴ𝓋ℯ

~ 2 ~

 
 
    Le moment que Hongjoong détestait le plus était l'orage. L'orage violent comme sa colère qu'il s'efforçait de calmer. Cet orage qui avait éclaté à deux reprises pendant les périodes sombres de sa vie : le jour de la découverte de la tromperie de son père et le jour du procès.

     Le deuxième orage l'avait plus marqué qu'autre chose. Dans la cour du tribunal, l'orangé assistait à la scène la plus blessante et la plus humiliante de sa vie. Il aurait aimé perdre la vue que d'assister à une myriade de baisers enflammés au goût de la trahison.

    Cette femme accrochée à son père tel un kangourou, les bras passant à son cou et lèvres capturées entre celles de son père. Le tonnerre avait grondé dans ce ciel voilé de gros nuages gris et la pluie était tombée.

    Hongjoong restait là sous la pluie à les regarder s'embrasser comme s'ils avaient toujours été amoureux l'un de l'autre, comme si leur vie en dépendait,  comme si une autre n'avait pas été blessée par cette tromperie, comme s'il n'avait jamais existé et comme si tout ce qui venait de se passer n'avait aucune importance à leurs yeux.

     Pour le jeune garçon, la pluie jouait deux rôles différentes pour des personnes opposées : bénissant l'amour et la trahison de l'un et remplir le cœur de l'autre de tristesse, d'amertume et de rancœur.

Oui, Hongjoong ressentait tous ses sentiments à l'égard de son géniteur. La pluie faisait le bonheur de l'un et le malheur de l'autre.

   Le malheur de sa mère et le sien. Son cœur à lui avait les coups du tonnerres palpitant et électrisant sa poitrine comme la plaie ouverte qui a été faite par un couteau à double tranchant.

Ses yeux en était le reflet.

   Couché sur le ventre, une grosse couverture de laine blanc le couvrant complètement, il faisait le contour de la pièce qui autrefois avait été sa chambre, grâce à une lampe torche éclairée entre les mains. L'orage percutait dans ses conduits auditifs. La pluie caressait doucement la fenêtre de sa chambre, laissant de grosses gouttelettes glisser sur la surface froide.

  Hongjoong  se perdait dans le fil de ses pensées,
il se répétait ô combien cette chambre était désormais vide. Il ne lui restait plus rien, mis à part son lit. Son armoire avait été retiré cet après-midi.

Comment va-t-il pouvoir vivre à la campagne ? certes, il y aura ses grands parents dans leur maison patrimoniale mais allait-il s'adapter à sa nouvelle vie ?

    Il reposa cent fois cette question jusqu'au petit matin, dès la première heure où sa mère l'avait réveillé car c'était le jour J de leur déménagement.

    Hongjoong qui avait passé sa nuit à fulminer contre tout le monde, avait grogné de mécontentement dès le réveil. Sa mère lui avait ordonné d'aller prendre sa douche, de s'habiller et de descendre. Tout ça devrait être exécuté en quelques secondes.

   Toujours des ordres et encore des ordres. Hongjoong avait massacré du regard sa mère qui avait déglutit péniblement, ne s'attendant pas à un regard si obscur. Elle en avait la chaire de poule et s'était ridiculisée, perdant ainsi le peu d'autorité qu'elle avait sur lui.

Juste pour le réveiller.

    Elle avait balbutié ses ordres sous son regard assassin et plein de mépris. Hongjoong avait par la suite, exécuté ses ordres mais de manière lente. Si lente que sa mère avait dû crier son nom dans toute la maison pour l'inciter à se dépêcher.

    L'orangé avait subitement éclaté de rire sous sa douche lorsqu'elle avait crié son nom : la voix de sa génitrice ressemblait à celle d'une chouette rayée.