Sous tension

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Le lendemain

June

Je rentre chez moi après une autre longue journée.
Je suis allé me dégourdir les pattes ce soir. J'en avais vraiment besoin, je ne me rendais pas compte que j'étais si tendue.

J'aime beaucoup me transformer.

Contrairement à mon allure humaine, mon corps de louve est imposant. Je suis plus volumineuse que les autres femelles, grâce à mon gène Alpha. Il m'est donc beaucoup plus facile de me sentir dominante et respectée.

Mais ce soir, c'était presque trop. Je ne pouvais pas m'empêcher de grogner sur tout ce qui bouge, même lorsque c'était simplement le bruissement des feuilles d'arbres provoqué par le vent.
Le moindre bruit me mettait en alerte.
Constatant que j'ai réellement besoin de décompresser, j'ai envoyé un message à Eddy sur le chemin de la maison, lui demandant de me rejoindre tout à l'heure.

Et Chiara me manque... Il est prévu qu'elle revienne dans deux semaines.

Je pose mes clés sur le meuble de l'entrée, je retire ma veste et mes chaussures, puis je m'affale sur mon sofa. Mon téléphone toujours en main, j'appelle ma soeur.

Comme d'habitude, elle décroche quasiment immédiatement. Elle sent quand je veux la contacter.

« Pronto ! J'attendais ton appel, Junietta.
- Comment va mon double maléfique ?
- Ça va très bien. Sea, sex, sex, sex and sun.
- Ouep. Je sens bien que de ton côté, c'est la kiffance. Veinarde.
- Et toi ? Toujours la tête dans le guidon, hein ?
Tu as besoin de te détendre June, et je dors mal ! Ta nervosité m'atteint, où que je sois.
Appelle S.O.S. Eddy, qu'il vienne nous arranger ça. Une bonne baise, parfois, c'est tout ce qu'il nous faut.
- ... Justement, il vient tout à l'heure.
- Ah ! Mon sommeil l'en remerciera.
- Mouais... Je ne sais pas s'il sera toujours enclin à me soulager après le savon que je vais lui passer...
- Quoi ? Pourquoi ?!
-... Il est piqué.
- Ah... c'était couru d'avance.
Ma gentille, polie et douce sœur est un volcan au lit, le fantasme classique de presque tous les mâles...
C'est si gênant que ça ?
Quand il rencontrera sa compagne, il t'oubliera, toute bombasse que t'es.
- Ce n'est pas la question. Là, il veut du love. Des dîners aux chandelles, des balades au clair de lune, du bécotage sur les bancs publics... qu'on soit un couple aux yeux de tous.
- Oh, sacrilège ! ...Et alors ?
- Et alors ?
Premièrement, c'est chasse-gardée. Ce genre de niaiserie est réservé à mon véritable partenaire.
Ensuite, je n'ai pas envie d'être le sujet de commérage de toute la région alors que je suis en phase de transmission.
Et pour finir... ben, j'en n'ai pas envie.
Je suis peut-être un cœur d'artichaut mais il ne palpite pas plus que ça pour un mâle.
Je veux juste leur... bref, t'as compris.
- Je vois.
Ton cœur se réserve aussi pour l'élu. C'est tout à fait logique, venant de toi.
Chérie, ne cherche pas, tu n'es pas une dure à cuire, tu es juste extrêmement loyale à ton compagnon avant même de l'avoir rencontré.
- ... Je ne suis pas sûre. Peut-être que je réserve mon cœur à ma meute et ma famille, c'est bien aussi.
- Balivernes !
Oui, j'aime bien utiliser les vieilles expressions en ce moment.
Non, mais sérieusement, t'as cru que tu parlais à qui, là ? Je suis... une sorte de morceau de toi !
Je sais qui tu es mieux que toi-même.
June, rien n'est comparable au lien de compagnon. On a beau nous rabâcher ça toute notre enfance, on n'a aucune idée de ce que c'est tant qu'on ne l'a pas vécu.
Regarde-moi !
J'avais tout le temps envie de foutre des tartes à tous les mâles, de leur casser leurs gueules arrogantes... et maintenant, je suis une guimauve !
Et j'adore ça...
Tu seras aussi foutue que moi, si ce n'est pire.
Mais, bonne nouvelle ! Ce n'est que du bonheur en barre, et ça nous fait évoluer en une meilleure version de nous.
- ... Si tu le dis.
En tout cas, je ne l'attends pas pour tenter d'être la meilleure version de moi. Je crois que j'y arrive déjà assez bien, d'ailleurs.
- Tu dis ça aujourd'hui... Mais, tu verras, on en reparlera.
Bon, pour ce qui est d'Eddy, même si tu le rappelles à l'ordre, ça m'étonnerait qu'il boude au point de refuser l'appel de ton joli petit corps.
Au moins un petit quicky, ça se négocie !
- On verra ça... Allez, je te laisse à ton compagnon. Bises à Nathan.
Je t'aime.
- Je t'aime.
On se rappelle bientôt. »

Destins liés, 3. Les jumelles AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant