Destins liés, 3. Les jumelles Alpha

Le temps qu'il faudra

June

Ce soir, je préfère m'isoler avec lui dans l'appartement de ma mère, en plein centre-ville. Je pense qu'il faut y aller par étape, étant donné les déferlements d'événements qui se sont succédé pour lui aujourd'hui.

Le voyant perdu, je lui prends la main, pour l'emmener avec moi.

Moi-même, je n'en reviens pas de faire ça... J'ai l'impression de le forcer à s'évader, alors que nous sommes légitimes... Oui, légitimes.

Alek observe les gardes, et tout le monde, pour s'assurer qu'il n'y a pas d'arnaque quelque part. Puis, se laisse finalement conduire jusqu'à la voiture.
Il reste muet, toujours un peu hagard.

Je lui accorde ce moment de silence nécessaire à son esprit pour faire le tri de tout ce qu'il doit assimiler, pour comprendre où il en est.

Arrivés devant l'immeuble, je me gare, toujours dans le silence. Et l'invite à sortir de la voiture pour qu'on puisse rentrer.

Il a besoin d'être guidé pour tout, tellement il est troublé.

Une fois dans l'appartement, je l'emmène et le fait asseoir dans la salle de bain, pour nettoyer ses lésions et contusions.

Il m'observe faire, sans un mot.

« Alek... Comment tu te sens ?
- ... Je ne sais pas ...
Je n'arrive pas à réfléchir.

Je ne sais même pas si je réalise vraiment que je suis dehors. J'ai l'impression... de m'interdire de le croire.

Ce que vous avez fait... toi et ta famille...

Mais, demain... Je sais que demain, j'y retournerai peut-être. Je ne peux pas me sentir libre... il ne faut pas.
- Je comprends. Tu as besoin de temps.
Alek, tu as aussi besoin de dormir. C'était une journée beaucoup trop chargée en rebondissements.
- Je veux voir tes blessures.
- Oh, il n'y a probablement déjà plus rien.
- Je veux les voir... Quitte à retourner en taule, autant que ce soit pour quelque chose. J'vais les retrouver, June.
- Non, tu ne feras rien de tel parce que ce n'est pas nécessaire. Ils ont été interpellés et sont entre les mains de la justice.

La vie ne peut pas n'être qu'une succession de représailles, Alek. On ne se construit pas en ne souhaitant que détruire.

Laisse tomber, s'il te plaît. Sois juste... avec moi. Reste avec moi.
- ... Laisse-moi voir. »

Comprenant son besoin d'évaluer les réelles conséquences de cette agression, je retire le gros pansement de mon cou et les autres. Sur mon flanc, et ma cuisse.

Il se lève pour s'approcher de chacune des lésions, qui sont déjà bien moins impressionnantes que tout à l'heure, puis il les lèche, et les embrasse.

Étant encore en chaleur, ses gestes ravivent mon besoin de lui... que je tente de dissimuler.

Je ne veux pas lui demander quoi que ce soit.
Il finit par embrasser délicatement mes lèvres, et je fonds dans ses bras...

Oui, c'est ça. Ce que je veux, c'est que tu sois avec moi...

Je le serre, heureuse de pouvoir l'enlacer en dehors de cette maudite prison.

Le coup de sonnette le fait sursauter.

Je ressens qu'il panique, alors je me dépêche de le rassurer.

« Alek, c'est juste le dîner qui vient d'arriver. Personne ne va venir te chercher pour te ramener là-bas...
- ...Ok... le dîner.
Le dîner ?
- Oui, je pense que tu as envie d'un petit plaisir. Mais, je t'avoue que j'ai fait assez simple.
Des pizzas.
- C'est parfait. Vraiment parfait.»