Mauvaise rencontre

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June

Je sanglote encore quand je me rend compte que je ne le tiens plus dans mes bras... que tout à disparu, et que je suis à nouveau dans le noir...

J'ai mal de l'avoir abandonné au chevet de son père, mort... seul au monde face à une vie qui ne sera qu'un combat sans fin.

Une autre image se dessine...

Une espèce de grand dortoir, dans la pénombre. Des enfants dorment, d'autres, non.

Je ne suis pas actrice comme tout à l'heure. J'observe la scène, sans pouvoir interagir, comme si je flottais tel un fantôme dans les allées entre les petits lits.

Des pleurs... il y en a plusieurs, beaucoup trop. Et je reconnais l'un d'entre eux.

J'arrive auprès de lui. Il est un peu plus grand, peut-être même un an de plus que dans le souvenir précédent.

Ses pleurs me serrent le cœur, d'autant plus qu'il les étouffent avec ses mains, pour le pas qu'ils soient trop bruyants. Comme si on le reprimanderait s'il pleure trop fort...

Je veux le réconforter, caresser ses cheveux, lui montrer que je suis là... Mais cette fois, je ne peux rien faire d'autre que l'observer souffrir et pleurer en silence...

Ses petites mains couvrent son visage. L'une sur la bouche pour atténuer le bruit de ses sanglots, l'autre pour cacher son œil. Son œil droit, celui que je connais comme étant bleu.

Mes larmes accompagnent les siennes, de le voir aussi malheureux et saisi par la douleur. Et je comprend alors, que cette douleur est ressentie doublement. Physique et psychique.

En me concentrant un peu plus, je parviens à ressentir ce qui l'affecte.

La peine, surtout... Parce qu'il sent qu'un autre lien se brise. Sa mère... sa mère est en train de mourir. Il est si jeune et pourtant, il en a parfaitement conscience... C'est si terrible que j'arrive à peine à supporter de voir son visage exprimer une telle détresse...

La douleur... son œil lui fait mal.

Quelque chose change en lui...

Grâce à la lueur de la lune pénétrant dans la pièce, j'arrive à entrevoir cette partie de son visage qu'il cache. Son œil est en train de changer... en même temps que sa mère s'éteint.

Je ressens par le biais du lien avec son fils, qu'elle a été torturée des mois durant, et qu'à present, dans son dernier souffle, elle lui transmet son don.

Cette épreuve est bien trop horrible pour un tout petit d'à peine trois ans... Je suis si bouleversée par ce qu'il endure, sans pouvoir le bercer ni même lui parler...

Je regarde autour de lui, si des adultes peuvent lui apporter un peu de réconfort. Je vois une sorte de petite loge au fond de la pièce, des louves discutent.
Je tends l'oreille pour entendre ce qu'elles disent.

« Mais euh... il y en a qui pleurent. Il faudrait peut-être aller les voir, non ?
- Oh, tu sais, chaque nuit c'est pareil. Ils pleurent en appelant leur mère, pensant qu'elle finira par arriver.
Il vaut mieux qu'ils comprennent assez vite leur condition. Si on s'apitoie sur leur sort, ils ne se feront jamais une raison.
Non, moi je dis qu'il faut les laisser, ils vont comprendre au bout d'un moment, et passer à autre chose. Ça vaut mieux pour eux.
-... Regarde celui-là, là-bas, on dirait qu'il a mal.
- Oui, Iversen.
Écoute, il a été infernal toute la journée. Il ne mérite pas qu'on s'occupe de lui.
Il s'en prend à tout le monde, eh bien qu'il reste tout seul avec ses problèmes. Ça lui apprendra.
Et ça m'étonnerai qu'il ait mal quelque part. Son père était un loup assez imposant. Ce petit à tous les gènes qu'il faut pour se rétablir seul.
Inutile de perdre ton temps avec de la compassion. Il passe ses journée a jouer au plus fort, il fait moins le malin, maintenant.»

Destins liés, 3. Les jumelles AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant