Lève-toi et marche

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June

Après avoir raccroché, je reste immobile et pensive, analysant tout ce que je viens d'apprendre.

Alek Iversen... C'est donc toi que la Déesse m'a donné. Visiblement, tu n'es pas un enfant de cœur...

Mais on m'a appris que l'habit ne fait pas le moine.
Et puis, il sent bon. Maintenant que j'ai bien imprimé son odeur, elle me revient sans cesse en mémoire comme un appel.

Il sent le frais et la douceur... quel paradoxe.
June, réveille-toi, ce n'est pas le prince charmant. Il est ... Accusé d'un grand crime ?
Je dois faire quelques recherches.

Reprenant mes esprits, je m'installe face à mon ordinateur afin de mener ma petite enquête, qui ne devrait pas être compliquée, maintenant que j'ai son nom complet.

Je le tape sur la barre de recherche internet et lance le chargement.
Bon, pleins d'articles sont déjà proposés... avec des photos. Suspense...

J'ouvre le premier article, mais la photo est difficile à regarder... Il est maintenu de chaque côté, et muselé comme un grand malade qui boufferait tout le monde si on le lâchait dans la nature.

Je remarque tout de suite son regard fou... et ses yeux vairons. Un œil bleu perçant... et un œil vert, plus doux et brillant.

Mais qu'est-ce qu'il a fait ?!
Je ne parviens pas à voir son visage sur les photos. Il est toujours à moitié caché par la muselière...Dire que mon père a porté ça aussi... c'est dégradant.
Je commence à lire.

Oh... non...
Alek Iversen est accusé d'avoir décimé une meute entière suite à un règlement de compte. Un territoire entier ravagé par les flammes... incendie criminel en pleine nuit.

Il s'est propagé tellement vite qu'il y a eu beaucoup de morts... des soldats, surtout, qui se sont mobilisés et sacrifiés pour sauver tout le monde.
Déesse, c'est horrible.

Des photos de l'incendie défilent et me donnent la nausée... Non.

La nature m'aurait donné un compagnon aussi atroce ? Moi, June, le nuage de barbe à papa ?

... Il est vrai que... là, comme ça, il a l'air d'un malfrat avec ses tatouages et son air menaçant. On perçoit surtout de la rage... Mais, est-on enragé comme ça quand on est condamné pour un crime qu'on a commis ?

Le médecin disait qu'il clamait son innocence... ça paraît plus cohérent, d'être enragé après avoir été jugé coupable injustement...
Ça y est, ça commence. Le lien m'influence... je commence déjà à me persuader qu'il est innocent.
En tout cas... que faire ?

Si je le vois, il est fort probable que je sois grisée par le lien, incapable d'objectivité.

Mais alors quoi, je l'abandonne ? Je crois que je ne pourrais même pas dormir la nuit si je prends cette décision... ça me torturera.

Est-ce que je demande de l'aide ? À qui ? Mon père va péter les plombs... ma mère aussi.
Chiara... Oh, certainement pas... Elle va vouloir le faire exécuter en voyant toutes ces images... et Zakarya l'autorisera.

Je commence à trembler en réalisant que je suis susceptible de vivre le scénario le plus dramatique pour un loup. Assister à l'exécution de son partenaire.
Merde, Chiara m'appelle.

C'est un peu chiant, parfois, d'avoir quelqu'un qui ressent toutes vos émotions un peu fortes.
« ... Allô.
- Oui ! Qu'est-ce que t'as ?
-... Chiara, je ne suis pas un bébé, tu le sais, non ?
- Oui, mais tu es ma sœur, et même un peu plus que ça puisque je sens littéralement quand un truc ne va pas chez toi.
C'est par rapport à ton partenaire ?
- ... (je ne sais pas du tout quoi répondre)
- Je le savais. Tu en sais un peu plus sur lui ?
- ... Je ne connais toujours pas son visage... je ne l'ai toujours pas rencontré. Écoute, c'est simplement un peu désarmant comme situation, tu sais que j'aime bien tout maîtriser.
- ... Oui.
- Je retourne ça dans ma tête encore et encore, c'est comme ça que je suis, non ?
- ... si.
- Bon, alors tu vois, pas de quoi en faire un plat. Je vais bien.
- ... d'accord.
Bon, tu as raison, je vais te laisser respirer. Je sais que tu gères, c'est juste que j'ai le sentiment de t'avoir abandonné et je commence à me sentir mal, loin de toi. Je veux simplement que tu saches que je suis là.
- Je sais... je n'en doutes pas, et merci. On se voit bientôt. Je t'aime.
- Tu sais que moi aussi. Allez, bye.
- Bye. »

Destins liés, 3. Les jumelles AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant