XXIX• Consultation

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-Nahara-

Cela fait un mois et demi — aujourd'hui — que Kit est partit.

Mon petit ami ne sait toujours pas que je vais rentrer au Conservatoire de danse de Londres et je m'en veux encore plus chaque journée.

J'ai le cœur lourd lorsqu'il me demande ce qu'il se passe quand on est en FaceTime. Il voit que quelque chose cloche chez moi mais il n'ose pas forcer. C'est ce que je préfère chez lui. Il me laisse m'exprimer toute seule sans pour autant me forcer la main.

Il me manque tellement.
Ses bras me manquent.
Ses lèvres.
Ses cheveux.
Mais surtout le confort d'être auprès de lui.
Collé à lui.

Kit Connor est une enflure. Je le hais quand il est trop loin de mon âme. Ce qui prouve que je l'aime trop fort.

Actuellement, je suis dans la salle d'attente de mon psychiatre, un sweat de Kit qui me réchauffe.

J'en ai seulement six.

Tous avec son odeur mais ça devient dur car ils perdent tous son parfum.

Je me souviens du jour de son départ, il m'a tendu la poche avec tous ses pulls en me chuchotant dans l'oreille qu'il m'avait volé une de mes écharpes.

J'avais ris malgré les larmes qui ruisselaient sur mes joues.

Ce jour là, nous avions mangé des Lasagnes et j'avais réussi à m'en resservir sans me sentir coupable.

Je m'étais confiée, alors je me sentais bien.

Mon père essaie de me faire les plats que j'aime le plus pour m'habituer. Il ne m'oblige même pas à avaler une bouchée de plus lorsque je dis que je n'ai pas faim.

Je fais tout de même des efforts.

— Nahara, m'appelle madame Doyle.

C'est notre septième rendez-vous depuis le lendemain du départ de Kit.

Mon père a fait très vite. Trop vite même.

Je me lève un sourire discret aux lèvres et la suis dans son bureau.

Je m'installe sur le siège en posant mon sac de cours par terre. Puis comme d'habitude, je pose mes mains sur mes genoux en triturant mes doigts sans la regarder.

Je n'ose jamais trop l'observer.

Le jugement peut se lire facilement dans les yeux des gens. Peu importe s'ils sont là, pour vous aider. Ils ont toujours un avis personnel au fond d'eux.

Une fois elle a quand même haussé les sourcils quand je lui ai raconté ce que les filles du collège m'avaient fait subir. Puis elle a pleuré lorsque j'ai parlé de papa.

Je ne veux plus voir ça.

C'est pour cette raison que je ne voulais plus y retourner au bout de la seconde fois. Mais je devais le faire pour aller mieux. Je dois aller mieux.

Je fais des efforts mais on sait tous que ce n'est pas au bout d'un mois que je vais m'entendre de nouveau avec la nourriture.

Elle prend de grandes inspirations en tapant plusieurs fois son stylo contre son bloc-notes.

Je suis sûre qu'elle me regarde.

— Alors, commence t'elle. Comment ça va depuis la dernière fois, Nahara ?

Je hausse les épaules.

— Bien. Je suppose.

— Tu supposes ?

Puis je t'ai vuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant