Nahara
Nous nous regardions, laissant un long silence nous couper les mots. Ce n'est pas gênant, ce n'est pas apaisant non plus.
C'est amoureux.
Kit essaie désespérément d'avaler mes mots pendant que je capte chacune de ses réactions.
J'ai la boule à la gorge. Je n'ai jamais autant parlé de mon passé. De l'épreuve que nous avions traversé mon père et moi. C'est une première. Et même si je ne le regrette pas le moins du monde, à l'instant, j'ai peur de le faire plus tard. Il peut tout se passer en si peu de temps. J'ai tellement peur qu'il soit l'amour de ma vie et que je le perde comme mon père a perdu le sien.
J'ai probablement trouvé ma flamme est rien qu'en le regardant mes yeux brilles. Je panique, j'ai peur qu'elle s'éteigne à tout jamais.
Je termine ma glace, coupant notre échange de regard. À chaque fois que je le regarde trop longtemps, je suis effrayée qu'il aperçoive mes plus grandes peurs.
Ça va aller.
Même si je suis heureuse d'être à ses côtés, j'ai l'impression de perdre quelque chose. Comme si on me l'arrachait mais je ne sais pas quoi. Je ne sais pas pourquoi. Mon cœur se serre comme s'il était le seul à avoir la réponse pendant que mon esprit cherche comme il le peut.
Je pense que c'est le fait de raconter ça à quelqu'un, j'ai tout lâché. Ce n'est plus un secret. Plus un souvenir à moi toute seule. Car grâce à celui-ci, j'en ai fait un nouveau avec un homme parfait.
Un homme à qui je donne mon âme mais qui s'en va dans seulement quelques mois...
Je n'ose pas lui en parler par peur de briser quelque chose entre nous mais ça me pèse. Ce sujet me pèse. Y penser me pèse. Ça pèse lourd. Car je ne le reverrais plus pendant des mois.
Des années, peut-être.
Début août, il partira à Londres pendant que je serais là. Sans lui, face à mes démons. Seule. Il partira comme si rien ne s'était passé entre nous, et c'est ce qui me brise le plus. Je ne veux pas qu'il m'abandonne. Même si je ne sais pas vraiment si ces couples virtuels fonctionnent réellement.
Comme l'amitié virtuelle. J'ai eu une amie virtuelle avant le déménagement. Pendant que mon père mourrait sur son lit d'hôpital et que je sombrais intérieurement, elle était la lumière que je cherchais. Elle était mon remède. Enfin, c'est ce que je pensais. Elle souffrait elle aussi de son côté. Et deux personnes mal en point ne font pas bon ménage. Plus les disputes s'enchaînaient, plus on avait mal. Alors, le cœur brisé, nous avons arrêté en bon terme. Du moins, c'est ce que je crois.
Notre amitié c'était du genre; bonne personne, mauvais timing. Nous ne savions pas comment nous aimer. Je ne le sais toujours pas, à vrai dire. J'essaie juste. Je ne sais où j'ai trouvé la force, d'ailleurs.
Je secoue la tête pour chasser ses pensées qui me font passer du coq à l'âne et me concentre de nouveau sur mon petit ami.
Un sourire se dessine sur mon visage.
Mon petit ami.
Je ne m'y ferai pas.
Il hausse un sourcil.
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Puis je t'ai vu
RomansaChaque vendredis soirs elle se rendait à la petite supérette d'à côté de chez elle pour s'acheter le même gâteau qu'elle ne supportait plus de jour en jour. Juste pour pouvoir voir son crush en dehors du lycée qui y travaillait. Elle le connaissait...