XV• Let Me Love the Lonely

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-Élira-

Vendredi.

C'est quoi ce bordel ?! Pourquoi il faut toujours que tout se complique dans ma tête. Tout tourne comme une toupie idiote qui a décidé de ne jamais s'arrêter.

Mérie et moi sommes ensemble et amoureuse mais il y a un truc qui cloche. Pas avec elle, avec moi. Je suis le problème. Le petit truc de trop. Je ne suis pas heureuse. Pas à cause de Mérie. Pas à cause de l'absence de Nahara. Même si j'ai l'impression qu'elle m'en veut toujours. Qu'elle ne veut plus me voir. Puis c'est pas comme si rien n'était de ma faute. Je l'ai embarqué — sans qu'elle le sache — dans ma relation amoureuse avec Mérie. Ma petite amie est extrêmement jalouse de mon amitié avec Nahara et je ne peux pas choisir entre les deux. Même si Mérie m'a posé son ultimatum...

Pourquoi a-t-elle fait ça ?

Depuis, je ne lui parle que rarement, je l'évite et j'essaie de me rapprocher de Nahara mais celle-ci a toujours quelque chose à faire quand je suis dans les parages.

— Élira, tu vas en cours, me demande ma mère en me voyant vêtue de mon uniforme violet.

Il est vrai qu'en ce moment je ne vais pratiquement plus en cours. Sûrement un coup de mou. Je rate beaucoup de mes nuits et j'oublie parfois de manger, ce qui ne gêne pas ma mère puisqu'elle n'accepte pas mon poids qui me paraissait normal jusqu'à cette année où je me suis rendu compte qu'on me regardait. Je n'ai plus vraiment ma place au lycée, ni au club de danse parce que Nahara ne me parle plus. Les filles, elles, font des efforts mais je ne regarde que ma meilleure amie se met de côté et s'éloigne du petit groupe que nous formons.

Au final, elle n'a pas l'air aussi forte que je le pensais. Ces temps ci, lorsque je la vois dans la cour ou en classe elle paraît perdue, vide d'émotion, alors que quand elle danse, on ressent tout, c'est ça qui la rend exceptionnelle.

Alors que moi, je ne suis rien. Enfin, plus rien depuis que les deux personnes les plus importantes de ma vie sont loins de moi.

— Oui.

C'est la seule réponse qui sort de ma bouche et je déglutis en la voyant s'approcher de moi.

— Tu as faim, me demande mon petit frère en mangeant ses céréales.

Aaron est très observateur, il voit quand quelque chose ne va pas. Il le remarque que je ne dors plus et que je ne passe plus mon temps à table, ou à jouer avec lui. Il a vu que je suis souvent très fatiguée. Il sait que j'ai besoin d'aide mais il est trop petit et il sait aussi qu'il ne sera jamais écouté par nos parents.

« Il ne faut jamais dire jamais. »

J'entends encore sa voix me consoler et me prouver que rien est impossible. Tu me manques tellement ma Nahara...

— Laisse ta sœur tranquille, tu veux ? Passe une bonne journée ma chérie, me sourit elle en m'observant de haut en bas.

Est-elle contente de ma fine taille, ou elle me juge ? Je n'en ai aucune idée mais son regard me brûle la peau et ce n'est pas aussi agréable que quand Mérie le fait.

Putain, elle aussi me manque. J'espère qu'elle va bien. J'espère qu'elle ne m'en veut pas. Enfin, je sais qu'elle m'en veut.

Puis je t'ai vuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant