Manakiel & Sowl (mxm)

Chapitre 2 : Manakiel

— Tu es sérieux, Mana ?

Les jolis yeux noirs de Dina fusillaient son ami lorsqu'elle eut fini d'écouter son récit rocambolesque. Installé confortablement sur le fauteuil de son bureau, le fae ignora ses protestations, hypnotisé par le mouvement de la maquette de la grande roue de l'Extraordinarium qui tournait lentement. C'était un des rares objets qui n'avait pas été brisé par les hommes du Voxxum. Ça et son bureau, même s'il nécessitait à présent d'un livre épais pour le faire tenir plus ou moins droit. Après avoir fini de contempler sa réplique miniature, il répondit :

— Orden m'a assuré que c'était un bon gaillard. Et qu'il ne ressemblait à personne d'autre. Je ne devrais pas avoir trop de mal à le retrouver.

Dina soupira et s'installa sur la banquette molletonnée non loin de lui.

— J'ignorais qu'il avait un fils. Et tu me dis qu'il a fugué en plus ? C'était un pacte complètement stupide. Tu m'avais pourtant promis de ne plus jouer de tours comme ça.

— J'ai dit que j'essaierai d'éviter d'en faire si ça venait à nuire à l'Extraordinarium, nuança le fae en ôtant son chapeau.

Il ébouriffa sa crinière violette en désordre, puis se carra dans son siège pour poser négligemment ses grandes bottes cirées sur le bureau qui émit un horrible grincement de protestation.

— J'ai un peu d'argent et un homme en plus pour m'aider à retaper le grand chapiteau. Si nous reprenons au moins quelques numéros, nous aurons au moins une rentrée d'argent fixe pour manger et négocier avec le banquier.

— Jusqu'à ce que le Voxxum nous tombe encore dessus, râla Dina.

Elle soupira, tentant vainement de replacer le rembourrage de son assise qui menaçait de s'échapper par un large trou.

— Mais tu as raison, concéda-t-elle. Nous ne sommes pas assez nombreux et ceux qui sont restés avec nous ne sont pas en mesure de faire tous ces travaux seuls.

— A part Pierre et Tarkin, ajouta Manakiel.

A l'évocation du dernier nom, Dina se renfrogna brièvement. Manakiel ne releva pas.

— Je vais allez en parler aux autres. Et je te conseille de trouver rapidement ton fugueur, Mana. Comment comptes-tu faire d'ailleurs ?

—Je vais sur les quais ce soir.

— Tu ne crois pas que tu as assez d'ennui pour qu'on te voit là-bas ?

— Il n'y a que là-bas où je trouve du vin du continent, se défendit le fae. Je prendrai ça sur mon or personnel, ne t'en fais pas.

— Contente-toi de celui cultivé sur ces terres, rétorqua Dina. Ça te fera faire des économies.

— N'avais-tu pas un nouveau numéro à répéter ?

— Si... Mais pour la seconde partie, j'ai besoin d'un partenaire. Tu te souviens que j'en avais un, avant que tu ne le fasses fuir ?

— Il était médiocre, se défendit-il. Tu brilles bien plus sur la piste seule qu'avec un balourd à tes côtés.

Les lèvres carmin de Dina tressaillirent. Manakiel préférait la voir sourire plutôt que d'entendre ses sermons. Son clin d'œil charmeur eut raison de sa contrariété et elle gloussa sans gêne. Il trouvait son rire communicatif, en total contraste avec ses jolies robes brillantes en perle, ses cheveux noirs coupés au carré et son maquillage, toujours impeccable en toute circonstance.

— Tu es impossible, Mana. Essaie d'être sage ce soir, pour une fois.

— J'irai avec les gars, si ça peut te tranquilliser.