Manakiel & Sowl (mxm)

Chapitre 16 : Manakiel

Manakiel se leva à midi, ce qui n'était pas dans ses habitudes, même après une folle nuit d'ivresse. Une terrible migraine ne l'avait pas non plus aidé à quitter son lit, ni ce drôle de sentiment qui l'écrasait comme s'il devait faire un numéro d'équilibriste avec une enclume sur la tête.

— Chut, chut, Elfie, grimaça-t-il en entendant ses cris stridents.

Comme à son habitude, le petit primate ne l'écouta pas et redoubla d'excitation lorsqu'elle le vit bouger dans ses draps. Elle devait avoir faim. Pris de remords, Manakiel se leva pour ouvrir sa grande cage dans le coin de sa chambre et lui donna à manger. Il s'attela ensuite à se rendre présentable et se rendit dans le chapiteau d'un pas traînant, où il retrouva les frères Edström qui s'entraînaient avec une concentration inébranlable.

— Tu es en retard, observa Dina du coin de l'œil.

Manakiel prit place à côté d'elle sur les gradins à proximité des coulisses.

— Tu sais bien que j'aime me faire remarquer quand j'entre en scène, sourit Manakiel en lui dérobant la pomme qu'elle tenait entre les mains.

— C'est ça, va dire ça à Helen. Elle était à deux doigts d'aller faire cuire Rillette pour te punir de te soustraire à tes obligations de patron.

L'air scandalisé du fae la fit pouffer de rire. Après s'être assuré que Madame Creda ne lui tombe pas dessus en ayant appris qu'il avait adopté un nouvel animal de compagnie, ils discutèrent un peu du déroulé des répétitions. Dans l'ensemble, tout se passait bien. Discrètement, il regarda par-dessus l'épaule de son amie en espérant apercevoir Sowl travailler dans son bureau. Il avait vraiment fait un travail remarquable et détenait un goût plutôt raffiné en décoration. L'endroit était désormais devenu bien plus chaleureux, Manakiel s'y sentait bien. Du moins, lorsqu'il osait y mettre les pieds en sa présence alors que cet endroit lui appartenait.

— Si ça peut te rassurer, Sowl ne boude pas. Aujourd'hui, il court un peu partout avec Tarkin et Pierre pour aider un peu tout le monde.

— Tu crois qu'on va pouvoir continuer en parallèle de restaurer la maison de la peur ? Et le carrousel ?

— Chaque chose en son temps, conseilla Dina. Tous les débris ont été débarrassés dans le parc, c'est déjà un grand avancement. Quand nous aurons un peu de temps, Ntumba s'occupera de tout ça avec Pierre.

— Très bien. J'espère que notre réouverture attirera de nouveaux candidats pour faire tourner la boutique. J'en ai marre de devoir courir dans toutes les Colonies pour convaincre des gens sans le sou de nous suivre.

— Tu as déjà bien travaillé là-dessus. Maintenant, l'orchestre est au complet et d'autres artistes m'ont assuré qu'ils nous prêteraient main forte. Pense à lever le pied aussi.

— Je le ferai quand je récupèrerai l'acte de propriété de l'Extraordinarium, éluda Manakiel.

— Bonjour.

Le fae se retourna pour faire face à Sowl qui s'était approché sans un bruit. Il ne sut comment réagir, alors il lui sourit.

— Bonjour, Sowl. Comment vas-tu ?

— Euh, bien, merci, bafouilla le démon. Je venais vous dire que le bureau était terminé.

— Ah, très bien ! Puis-je aller voir ?

— C'est votre bureau, se contenta de répondre Sowl.

Manakiel sauta joyeusement sur ses pieds en ignorant le cri de protestation d'Elfie, toujours juchée sur son épaule. Il se dirigea vers la pièce, où tous les meubles avaient été restaurés, repeints et vernis. Il se rendit directement dans la deuxième partie et s'attarda sur les jolies tentures accrochées aux poutres. Son bureau se tenait fièrement au fond de la pièce, et les tiroirs avaient été réparés. Dessus avaient été posées toutes ses affaires : ses plumes multicolores, son encrier, du papier vierge et sa miniature en état de marche. Il la regarda tourner avec une joie manifeste. Comme un enfant le jour de son anniversaire, il revint sur ses pas dans la partie loge, pour admirer ses costumes de scène, tous recousus et remis à neuf, soigneusement accrochés dans sa nouvelle penderie.