Chapitre 8 : Manakiel

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— Tu devrais rentrer chez toi, Artie.

Artur contempla Manakiel avec un air contrarié.

— Mais pourquoi, Mana ? Pourquoi tu ne veux plus...

— Je te l'ai déjà expliqué, répondit le fae. Ça ne mènera nulle part.

—Oh arrête, tu me l'as déjà fait ce coup-là, ricana Artur.

Il s'approcha de lui d'un pas déterminé, cherchant à mouler son corps contre celui du fae.

— Tu es si beau Mana... murmura-t-il d'une voix suave. J'ai envie de toi. Et je sais que je ne te laisse pas indifférent.

— Nous avons partagé quelques nuits, je le reconnais. Mais je t'ai déjà dit qu'il n'y aura rien de plus.

Artur ignora son refus et tenta de l'embrasser. Le fae repoussa doucement son geste avec un petit rire gêné. Il aimait bien le trapéziste. Mais il ne ressentait pas plus que de l'affection à son égard. Manakiel était fait ainsi, il charmait, flirtait et couchait à l'occasion avec des hommes qu'il jugeait séduisants, cependant, il n'avait jamais tenu à construire quoi que ce soit avec quelqu'un. Comme si son cœur était fait de glace, incapable d'éprouver le moindre attachement amoureux sur le long terme. Pourtant, il avait essayé maintes fois de le faire. Cela marchait quelques semaines, quelques mois, puis il passait au suivant après s'être lassé.

Récemment, il avait rencontré le nouveau serveur du Requiem, un grand type costaud, un peu rustre. Il s'y rendait souvent pour l'observer, lui parler. Mais son intérêt pour lui s'était arrêté pour une raison inexplicable. Peut-être devait-il simplement coucher avec lui et passer à autre chose ? En tout cas, c'était ce qu'il comptait faire ce soir.

— Tu reviendras me voir, Manakiel, assura Artur.

— C'est ce qu'on verra, répondit-il avec un clin d'œil. Je vais au Requiem ce soir. Ne m'attends pas.

Artur accusa le coup et le laissa partir sans insister davantage.

**

À l'aube, Manakiel se réveilla aux côtés de son prétendant. Son corps, évidemment nu, était étendu de tout son long contre lui, ses bras ceignant sa poitrine. La soirée avait été agréable. Hélas, pas assez pour revenir, mais il pouvait enfin passer à autre chose.

Le fae regarda la petite horloge de la table de chevet à côté de lui : trois heures du matin. Il pouvait encore redescendre pour prendre un dernier verre au comptoir avant de rentrer à l'Extraordinarium. Soudain, des coups violents résonnèrent contre la porte.

— Erwan ! cria une voix furieuse. Erwan, c'est moi, ouvre cette putain de porte !

Manakiel se dégagea de l'étreinte de son amant. Ce dernier se réveilla en sursaut après une deuxième salve de tambourinements. Il jura en bondissant du lit puis enfila son pantalon à toute vitesse tandis que Manakiel le regardait s'agiter, amusé.

— Habille-toi, lui demanda Erwan d'une voix implorante.

— Tu aurais pu me dire que tu avais un ami, rit-il. Ça m'aurait évité de me retrouver dans cette situation.

— Mais je ne savais pas qu'il viendrait ce soir, se défendit-il. Tiens, mets vite ta chemise.

— Pour quoi faire, au juste ? Que comptes-tu bien lui dire ?

— J'en sais rien !

— Dis-lui que je te faisais un tour de magie, plaisanta le fae.

La porte s'ouvrit à la volée sur un jeune homme excédé qui les fixa d'un air mauvais.

Manakiel & Sowl (mxm)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant