Chapitre 14 : Manakiel

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Manakiel se réveilla en sursaut après un étrange rêve où tout n'était que feu, chaos et douleur. Il s'était même imaginé entendre la voix de Sowl qui lui chuchotait à l'oreille des paroles réconfortantes,. Une voix qu'il n'entendrait peut-être jamais dans la réalité. Ce n'était qu'un rêve, encore un.

— Vous êtes réveillé.

Le ton monocorde du démon le ramena brutalement à lui. Une douleur sourde se diffusait dans tout son corps. Son épaule lui lançait. Ses souvenirs confus lui revinrent à l'esprit.

L'attaque des hommes de main de Frink.

— Tu n'es pas blessé ? articula-t-il d'une voix pâteuse.

— Tenez, dit Sowl de façon autoritaire. Madame Creda m'a dit de vous donner ça.

Il lui tendit un gobelet contenant un liquide épais et odorant. Manakiel plissa le nez.

— Ça sent le rance et la terre. Je ne boirai pas cette mixture, ça va me donner mauvaise haleine.

— Vous vous occuperez de votre haleine plus tard, grinça Sowl. Madame Creda était sûre que vous râleriez. C'est pour ça qu'elle m'a obligé à rester ici pour m'assurer que vous le feriez.

— Comme si tu avais une quelconque influence sur moi, maugréa le fae.

— Buvez, Danvilliers. S'il vous plaît.

Il lui arracha le verre de sa main valide et le but cul sec. Le remède verdâtre lui arracha une grimace dégoûtée.

— Je serai sur pied d'ici quelques jours, assura-t-il. Tu vas encore devoir travailler pour deux pendant ce temps, mon cher Sowl.

Le démon lui adressa une moue pincée et opina du chef, sans pour autant desserrer la mâchoire.

— Très bien.

Manakiel s'attendit à des réprimandes ou des répliques assassines, mais rien de tout cela ne vint. Sans rien ajouter de plus, le démon se leva pour prendre congé.

— Attends, Sowl...

Mais il ne put achever sa phrase car il ne s'était même pas retourné. Il devait terriblement lui en vouloir de l'entraîner dans ses ennuis et de lui faire perdre du temps sur ses travaux. Sur cette pensée, Manakiel s'endormit avec une drôle d'émotion qu'il sentait s'épanouir dans sa poitrine. Du regret, voilà ce qu'il ressentait. Sowl avait été encore impliqué malgré lui dans ses petites querelles. Après tout, c'était son monde, pas le sien. Cela lui appartenait et Sowl n'avait rien à y faire. Tous deux avaient des vies diamétralement opposées. Le choc de la collision de leurs deux mondes avait été rude et Sowl en faisait les frais.

Logique qu'il me déteste.

Madame Creda entra quelques instants plus tard dans sa chambre pour inspecter son pansement autour de son épaule. La plaie s'était déjà refermée, mais il arborait un hématome de toutes les couleurs bien disgracieux.

— Tu as une mine affreuse, Mana. Ce n'est pas très raisonnable de partir vagabonder aussi longtemps sans nous donner de nouvelles.

— Toi aussi, Helen, sourit Manakiel. Ton teint est terne.

— Je sais... Mais occupons-nous plutôt de toi.

Il la laissa faire, perdu dans ses pensées. Helen avait dû se faire du mouron à cause de lui. C'était une femme d'une telle bienveillance que parfois, Manakiel trouvait cela absurde.

Trop gentille pour ce monde.

— Helen...

— Tu m'as fait une promesse, Manakiel, lui rappela la vieille dame.

Manakiel & Sowl (mxm)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant