Chapitre 9 : Sowl

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Depuis les derniers événements, le comportement de la troupe envers Sowl avait changé. On venait le voir de plus en plus régulièrement, pour des petits services, pour partager un repas ou encore simplement boire un verre en fin de journée sous le grand chapiteau encore en cours de restauration. Désormais, la piste de spectacle avait été remise en état, les sièges et les gradins avaient retrouvé leur place initiale.

Les frères Edrström partageaient leur temps entre l'entraînement et l'élaboration de nouvelles figures aériennes. Ils avaient également commencé la restauration de la maison de la peur avec l'aide de Tarkin et Pierre.

Avec une mine concentrée et ses lunettes en demi-lune sur le nez, Violette continuait son ouvrage, installée dans un coin du chapiteau. Elle recousait sans relâche des perles sur les costumes de scènes. Ntumba s'occupait de remettre en état les câbles pour tout réalimenter en électricité. Les jumelles s'étiraient quotidiennement sur la scène, non sans se chamailler régulièrement. Quant à Pierre et Tarkin, ils avaient achevé d'abattre les cloisons du bureau de Danvilliers. Maintenant que tout était débarrassé, Sowl revoyait les plans du fae pour y ajouter quelques notes afin d'être certain que tout se tienne lorsqu'il commencerait les travaux. Un nouvel orchestre avait été recruté et répétaient les mêmes notes sans relâche pour accorder leurs instruments. Madame Creda passait régulièrement pour leur demander à tous s'ils avaient besoin de quelque chose.

Sowl avait un peu tardé pour continuer son labeur, pris de pitié de la voir se débattre dans cette cuisine en ruine qu'elle peinait à faire fonctionner. Il avait pris de son temps pour tout réaménager pour qu'elle puisse se fatiguer le moins possible. Parfois, il avait envie de secouer Danvilliers. Il ne concevait pas qu'une personne de son âge doive travailler dans de telles conditions.

Alors qu'il était affairé à fixer une nouvelle porte, le maudit fae fit son entrée dans le bureau, flanqué d'Artur. Ce dernier ne cessait de lui coller aux bottes, au plus grand dam du démon. Pour une raison qu'il ignorait, celui-ci se montrait hostile et ne cessait de lui jeter des œillades méprisantes auxquelles il s'efforçait de ne pas prêter attention. Il écouta d'une oreille leur conversation, le nez collé à sa feuille où il notait toutes ses tâches pour s'y retrouver. Danvilliers congédia l'acrobate et ouvrit la cage d'Elfie. La primate l'accueillit avec un petit cri de joie. Sowl tenta de lui échapper et dut s'approcher de son bureau pour récupérer son chariot d'outils.

— Combien de temps penses-tu passer sur ce projet ? demanda distraitement Danvilliers.

— Quelques semaines, répondit Sowl. Je crois que je ne vais pas avoir assez de matériaux pour faire ce dont j'ai besoin.

— Ah, sourit le fae.

— Vous n'avez pas l'air désolé, observa Sowl. Je me trompe ?

— En effet. Je dois bien avouer qu'une nouvelle tête dans la troupe a remis un peu de joie dans nos rangs.

— Comme si j'avais eu le choix, maugréa le démon. Comptez-vous m'aider pour les travaux ou allez-vous encore passer votre temps à me regarder faire ?

Sowl regretta immédiatement sa question. Danvilliers s'approcha de sa démarche féline et prit appui sur le bureau, à quelques centimètres de lui. Son odeur fit frémir ses narines malgré lui.

Cet homme utilise bien trop de parfum, songea-t-il.

— Je préfère te regarder, Sowl.

— Cela n'est guère étonnant. Voilà une vraie attitude de patron.

Danvilliers ricana, amusé par sa remarque.

— Je suis ton maître, pas ton patron. C'est différent.

Manakiel & Sowl (mxm)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant