"Mais c'est quoi la vie? Si ce n'est la mort que l'on nous accorde pour être en vie."
Chaque fois que j'admirais mes peintures, cette même réflexion me traversait l'esprit. J'étais assis dans ma chambre, devant mon chevalet, peignant une toile représentant un cadavre ensanglanté. C'est une œuvre macabre d'une beauté étrange.
Je suis un artiste. Et mon art tourne toujours autour de la mort. Pourquoi la mort ? Me demanderiez-vous. Tout simplement parce que la mort est une part essentielle de la vie. Si vous cherchez la définition de la vie dans un dictionnaire, vous verrez sûrement : Fait de vivre, propriété essentielle des êtres organisés qui évoluent de la naissance à la mort.
Le principe de la vie est ainsi seulement possible si la mort existe. En effet, si la mort n'existe pas, nous sommes immortels et si c'est le cas le terme de vie n'est pas approprié puisque la "vie" ne se termine jamais.
La mort n'est pas le message que j'essaye de transmettre à travers mon art, du moins, pas cette manière. Je vais au-delà de la simple toile, car bien que la peinture offre un champ infini de possibilités, le message reste parfois ambigu pour certains. C'est pourquoi j'ai décidé d'aller plus loin, de viser plus haut. Et quoi de mieux que de parler de la mort en la transcendant par elle-même ?
Oui, je suis un tueur, mais je ne suis pas un psychopathe. Ma motivation réside uniquement dans l'art. Le message que je souhaite véhiculer à travers mes œuvres est simple : la vie est fragile et précieuse. Je souhaite que mes victimes servent d'exemples pour les autres, les incitant à vivre pleinement et à apprécier chaque instant de leur existence.
Dans l'obscurité de ma demeure, je créais des œuvres qui étaient des poèmes funèbres dans la danse des ombres. Ma fascination pour l'éphémère de la vie et la permanence de la mort m'avait conduit sur cette voie. Choisir mes sujets au hasard, partout dans le monde, était ma manière de montrer au monde que la mort pouvait frapper n'importe où, à tout moment, sans préavis. Comme Arsène Lupin, je défiais la prévisibilité.
Dans les rues pittoresques de Paris, mon premier meurtre se dessina. La représentante de commerce, Sophie, rentrait chez elle après une longue journée de travail. Les lumières de la ville lançaient des ombres dansantes alors qu'elle marchait. Habillé en noir comme une ombre elle-même, je surgit de l'obscurité. Le couteau brilla brièvement dans la lueur des réverbères, et chaque coup fut précis. Sophie, dans sa tenue professionnelle élégante, fut transformée en une œuvre d'art macabre. Son sang était une teinte rouge, contraste saisissant sur le pavé. l'Artisan, impassible, contempla sa création avant de s'évanouir dans la nuit.
Mon dernier meurtre en date se produisit dans les rues animées de Kinshasa. La chaleur humide et le bourdonnement de la ville ne pouvaient rien me dissimuler. Ma détermination était un hommage à mon art. Camouflé parmi la foule, je suivais ma cible, un jeune étudiant rentrait chez lui après une journée intense. La nuit avait eu le temps de tomber le temps d'arriver à son appartement. Le manque d'éclairage mêlé à la symphonie sombre dans la nuit créait une atmosphère d'angoisse qui se lisait sur le visage de ma victime. Lorsqu'elle ouvrit la porte de son appartement, les lumières de l'entrée créaient une ambiance inquiétante pour notre ballet macabre. Chaque coup de couteau était rapide, assuré, une exécution silencieuse. Son dernier soupir était la fin de l'acte, une performance qui rappelait à tous que la mort n'épargne personne.
Dans les rues tranquilles de Tokyo, une jeune artiste était plongée dans ses créations. Les couleurs vives de ses œuvres contrastaient avec la froideur de la nuit. J'avais choisi un moment où l'inspiration semblait la consumer. Je pénétrais dans son atelier silencieusement, un ombre parmi les ombres. Le regard de l'artiste se figea dans l'horreur quand elle comprit sa présence. Chaque coup de couteau était une expression de la fusion des cultures, un acte final qui éclipsa la couleur de son art par la rouge de sa vie. La jeune artiste devint l'incarnation de l'Artisan, mon plus beau chef-d'œuvre.
Je suis l'Artisan de la Mort, un artiste du chaos et de la vie éphémère. Chaque acte est une toile dans la galerie sombre de la réalité. mon message reste gravé dans ces actes, une invitation à tous ceux qui contemplent mes œuvres : la vie est fragile, imprévisible, et précieuse. Profitez-en avant que la danse macabre de la mort ne vienne vous réclamer.
Et souvenez-vous, n'importe qui peut être la toile de ma prochaine création. Peut-être même vous, cher lecteur, êtes-vous déjà choisi dans le jeu aléatoire de la destinée. La nuit peut tomber à tout moment, laissant place à l'angoisse qui vous envahira alors que l'ombre de l'Artisan de la Mort s'étendra sur votre existence, attendant le moment opportun pour ajouter votre couleur à sa sombre palette.
824 mots,
Tracy Franck.
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Recueil de nouvelles I
RandomLe concept est simple: un thème, une limitation de mots et de temps pour produire un monde qui nous soit propre. Êtes-vous prêt à vous embarquer dans un voyage vers l'inconnu? ‼️ Certaines nouvelles pourraient contenir des scènes violentes. ‼️