Memento Mori : l'Origine du mal

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Je suis de retour à Javatra. La ville est en feu, et les gens courent dans tous les sens, terrorisés. Je vois mes amis, morts, jonchant les rues. Je suis seul, et je ne sais pas où aller. Soudain, je vois un homme. Il est grand et mince, avec un visage pâle et des yeux noirs. Il porte une cape noire, et il tient une épée dans sa main. L'homme se met à rire. C'est un rire horrible, qui glace le sang. Il s'avance vers moi, et je sais que je vais mourir.

Je me réveille en sursaut, en sueur froide. Je suis en proie à la panique. Je ne peux pas croire que j'ai rêvé de ça encore une fois. Je me lève et vais me regarder dans le miroir. Je suis pâle et fatigué. Je peux voir les cernes sous mes yeux. Je sais que je ne vais pas pouvoir me débarrasser de ces cauchemars. Ils sont là pour me rappeler ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu.

Je ne peux pas effacer de ma mémoire Javatra. Je ne peux pas faire abstraction de la mort de mes amis. Je ne peux pas éliminer la pensée de la mort.

La perspective de ma propre mort est tout autant inévitable, c'est une certitude. Je l'ai acceptée depuis le jour où le diagnostic de ma maladie m'a été révélé. Mon cœur me fait souffrir, littéralement, et il en sera la cause. Combien de temps me reste-t-il ? Je l'ignore.

Je pense à mes parents, mon père qui écrit son prochain livre en nous promettant que ce sera un bestseller, et ma mère qui a enfin trouver un bon poste dans un grand laboratoire de géologie. Ils sont jeunes et en bonne santé. Ils ont encore toute une vie à vivre. Contrairement à moi, pour qui la faucheuse attend au prochain tournant.

Je ne veux pas mourir avant eux. Je ne veux pas les laisser seuls.

Je sais ce que je dois faire.

Je prends mon couteau et je vais dans la chambre de mes parents. Ils dorment paisiblement. Je m'approche de mon père et je le poignarde dans la gorge. Il se réveille en sursaut et me regarde, les yeux remplis d'incompréhension. Je le poignarde à nouveau, cette fois dans le cœur. Il meurt instantanément. Je m'approche de ma mère et je lui fais la même chose. Elle meurt sans un mot.

Je regarde leurs corps sans vie. Je suis rempli d'un sentiment de culpabilité et de regret, mais je sais que j'ai fait ce qu'il fallait.

Je ne veux pas les laisser seuls. Je vais les emmener avec moi. Je les mets dans mon lit et je commence à les peindre. Je veux immortaliser leur beauté, même dans la mort. Je travaille pendant des heures, jusqu'à ce que le tableau soit terminé.

Il est magnifique.

Je le raccroche à mon mur, à côté de mes autres tableaux. Je suis satisfait. J'ai ajouté un nouveau tableau à ma collection. Et j'ai mes parents avec moi, pour toujours.

La peinture est l'un des meilleurs moyens de m'exprimer, de sortir ce que je pense tout bas. Mais depuis quelque temps, les seules choses qui remplissent mon esprit sont la vie et la mort. Deux concepts à la fois opposés et indissociables.

La vie, c'est le temps qui passe, les moments heureux, les rires, les pleurs. La mort, c'est la fin de tout ça, le néant.

Nous vivons, sans nous rendre compte que la mort est partout. J'ai perdu mes amis, toute une ville a péri, et moi-même je vais bientôt mourir. Même mes peintures, qui étaient au départ assez chaleureuse, se sont transformées en des toiles lugubres.

Je prenais peu à peu conscience de la fragilité de la vie. Je voyais tout le monde douter, hésiter, vivre comme si demain leur était promis. Ça m'écœurait.

Je ne voulais pas vivre comme ça. Je ne voulais pas passer ma vie à me demander si je ferais mieux de faire ceci ou cela. Je voulais vivre chaque instant, le savourer pleinement.

Alors j'ai décidé de me consacrer à ma passion, l'art. Je voulais créer des œuvres qui rendraient hommage à la vie, à sa beauté et à sa fragilité. Je voulais que mes tableaux soient un message, un appel à vivre. Un message pour dire que la vie est précieuse, qu'il faut en profiter chaque jour.

Je ne sais pas combien de temps il me reste. Mais je vais faire de ces quelques années une œuvre d'art.

754 mots,
Tracy Franck.

Recueil de nouvelles IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant