Lupus in Fabula ( Memento Mori)

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Aujourd'hui est le plus beau jour de ma vie. Je m'étais levée aux aurores pour être sûre de ne pas me préparer sous pression. Dans le calme et la bonne humeur, j'avais enfilé ma robe blanche, remontée mes cheveux en un magnifique afro et appliquée une bonne couche de maquillage.

C'est inhabituel pour une future mariée de se préparer seule, mais mon bien-aimé aime la simplicité, alors je fais ce que je sais qu'il appréciera sûrement.

L'heure de la cérémonie approche, alors j'appelais mon chauffeur pour qu'il me conduise jusqu'au lieu d'union.

_Vous êtes radieuse, mademoiselle ! Me dit-il en m'ouvrant la portière.
_Merci, Pierrick ! Répondis-je en lui rendant son sourire. J'ai hâte de voir la réaction de Franck lorsqu'il me verra arrivé !
_Je suis sûre qu'il serra sans voix, mademoiselle. J'acquiesçais en hochant la tête, impatiente d'arriver sur les lieux.

J'apprécie énormément Pierrick car un simple geste de ma part suffit pour lui faire comprendre que sa vitesse de conduite n'est pas à mon goût. En moins de temps que prévue, la vieille chapelle se dessina devant moi. Et une fois hors du véhicule, je fis signe à l'homme présent à l'entré de s'occuper du gentil chauffeur.

À mon arrivée, les invités se levèrent alors que le pianiste jouait plus fort. Il n'y avait pas beaucoup de monde, seulement nos familles ainsi que mes hommes les plus fidèles et ma meilleure amie, Émilie. Elle se trouvait à quelques pas de Franck, au premier rang, car elle était mon témoin. Et à ses côtés se tenait Mike, meilleur ami de mon futur époux.

Comme l'avais prédit Pierrick, mon promis était sans voix à ma vue.

Je m'avançais vers lui au bras de mon père, mais je ne pu m'empêcher de m'arrêter au près de ma meilleure amie pour la prendre dans mes bras.

_Merci d'être venue, ta présence compte énormément pour moi, en ce jour important !
_Tu ne m'en as pas laissé le choix ! Me répondit-elle, en me montrant les menottes qui enserraient ses poignées.
_Tu vas te faire coffrer, sale poufiasse ! Ajouta Mike avant de recevoir un coup de poing venant de l'homme en noir derrière lui.

Je les laissais ensuite pour rejoindre Franck ainsi que le père Daniel, celui qui devait nous unir.

_Tu es tellement beau, mon amour ! Ne pus-je m'empêcher de m'exclamer en le voyant.
_Tu me dégoutes, espèce de folle ! Rétorquât-il, me faisant franchement rire. Je m'accrochais à son bras, attendant que le prêtre commence à dire sa bénédiction.

_Chers frères... Chères sœurs... Nous sommes... Ici, euh... Nous sommes réunis...

Je fis un signe à mon homme derrière le révérant et celui-ci lui donna un coup de pied au dos, le faisant tomber à genou.

_Voyons, mon père, l'heure tourne ! Dis-je en lui désignant la petite Grâce, fille d'Émilie, assise au milieu de l'édifice, portant gentiment une bombe sur son torse. Je n'arrêterai le minuteur qu'après l'officialisation de notre union.

Le célébrant repris contenance et prononça plus rapidement le sermon. On arrivait enfin dans le vif du sujet !

_Franck, veux-tu... Épouser Jennie ici présente ?
_BIEN SÛR QU'IL NE VEUT PAS, SALE GARCE ! Cria Clémence, sa sœur, dans le public.

Tranquillement, je me saisis de l'arme qu'avait l'homme derrière Franck et tira, faisant apparaitre une tache rouge sur sa robe verte au niveau du ventre.

_Les excès de sentiments sont tellement difficiles à gérer pendant un mariage ! Ris-je alors qu'un léger brouhaha se faisait entendre derrière moi. Cher père, si nous sommes ici, c'est parce que nous nous aimons et nous voulons être unis à jamais. Vous pouvez passer ces questions, nous sommes tous les deux d'accord.

Je me retournais ensuite vers le public, chacun délicatement menotté.

_Quelqu'un veut s'opposer à ce mariage ? Personne ? C'est bien ce que je pensais. Mon père, continuez.
_C'est... Il est temps de vous... D'échanger vos vœux.

L'homme derrière les témoins les aida à avancer, tenant avec précautions les alliances.

À ce moment, mon père se précipita sur nous, créant une cohue soudaine. Émilie profita de ce remue-ménage pour se rapprocher de Franck alors que Mike assommait l'homme derrière lui à coup de pied dans l'entrejambe.

J'avais été patiente avec eux, longtemps, mais je ne pouvais plus supporter de les voir gâcher le plus beau jour de ma vie. Alors je me saisis de l'arme et tirais sans hésitation sur mon père, en visant bien la tête. Son sang gicla sur moi, imprégnant ma robe ainsi que mon visage d'un vif rouge.

Des cris s'élevèrent de la vieille chapelle en ruine alors que son corps tombait inanimé sur l'autel.

_Tu es une psychopathe, une dérangée ! Pleurait ma mère. Ton oncle avait raison, nous aurions dû te faire interner bien plus tôt, et de façon plus sécurisée !

Oui, j'étais dans un asile il n'y a pas si longtemps. Mon oncle César avait conspiré avec Émilie, Franck et d'autres ingrats pour m'y enfermer. Ils disent de moi que je suis folle, simplement parce que j'ai enfermé Émilie dans une maison en flamme.

C'était sa faute, pas la mienne. Elle voulait épouser mon bien-aimé en sachant pertinemment que je suis amoureuse de lui depuis l'enfance ! Elle était sur mon chemin. Comme mon oncle, qui a fini de la même manière que mon père.

_TAIS-TOI ! Criais-je, à bout. TAISEZ-VOUS TOUS ! VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT DE GÂCHER LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE !

Elle voulu faire un pas en avant mais je lui tirai dessus sans scrupule, faisant exploser sa cervelle en quelques secondes. J'infligeais le même traitement au père Daniel qui tentait de s'échapper avec tout ce chahut.

Entre-temps, Grâce avait été libérée par son grand-père qui a l'air de s'y connaître en bombe et était sur le point de rejoindre ses parents. Ils avaient tout gâché. Alors je pointais mon revolver vers la cause de tous mes problèmes : Émilie.

Franck se mit immédiatement devant elle. Écœurant.

_Attends ! Dit-il, la main tendue vers moi. Jennie, calmes-toi et reposes cette arme, s'il te plaît.

C'était le pompon.

_Pourquoi tu la protèges ? POURQUOI TU ES TOUJOURS DU CÔTÉ DE CETTE GARCE ET PAS DU MIEN ?
_Tu te trompes, c'est dans ton intérêt que je fais ça... Il me répond. Pose cette arme, poses-la et finissons cette cérémonie.

Et mon sourire réapparut instantanément à ces mots. Je lui tendis ma main gauche sans pour autant lâcher l'arme, ne sachant pas ce que ces malades mentaux pourraient en faire.

Nous nous passâmes la bague au doigt devant nos familles et nos meilleurs amis, comme je l'ai toujours rêvé. Je regardais Émilie, triomphante. J'avais gagné, il était enfin à moi !

_Maintenant, laisse partir tout le monde. Me demanda Franck après la signature des papiers de mariage.
_Bien sûr, très cher mari ! Souris-je. Prononcer ces mots avait un véritable effet euphorique. Mais avant, je dois me débarrasser de la source de tous nos problèmes.

Mon premier acte en tant que madame Dimittis fut de tirer sur Émilie Admirari, lui perforant le ventre de la dernière balle de mon chargeur.

Et les gyrophares de la police remplacèrent la musique solennelle de sortie des nouveaux mariés.

1200 mots,
Emmanuela.

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