Memento Mori : Le début de la fin

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Il s'agit d'un crossover en trois parties de certaines nouvelles de la session horreur.

‼️Certaines scènes sont violentes et peuvent heurter la sensibilité.‼️

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La ville était paisible, comme à son habitude. J'y étais installé depuis près de trois jours et je m'étais déjà habitué à son atmosphère désuète. Les maisons en pierre et les rues pavées donnaient l'impression que la ville était figée dans le temps. Cet environnement était idéal pour trouver l'inspiration pour ma prochaine œuvre d'art.

À la tombée de la nuit, je me préparais à ajouter une nouvelle teinte à ma palette sombre. J'étais adossé à un mur à l'entrée d'une ruelle peu éclairée lorsque j'entendis des pas réguliers se rapprocher. Lorsque la personne fut suffisamment proche, je surgis de l'obscurité, l'attrapai par le bras et la traînai dans la ruelle. Avant même qu'elle n'ait le temps de réagir, je sortis mon poignard et le plantai en plein cœur.

Cependant, quelque chose clochait. Il n'y avait ni sang ni chair. C'était comme si j'avais poignardé une poupée en plastique. Une seconde fois, j'ai été surpris lorsque la personne m'a asséné un coup sur la tête, me faisant lâcher mon poignard. Je me suis vite repris et j'ai constaté que l'homme était prêt à se battre. Esquissant un sourire en coin, je me suis précipité vers cette poupée vivante, mais cette fois-ci, c'est elle qui a été prise de court. Quelques mouvements de judo plus tard, j'avais sa tête entre mes mains.

Le soleil commençait à se lever lorsque je me réveillai. Je me trouvais dans une ruelle, entouré de cadavres. Je me levai difficilement et regardai autour de moi. Je n'avais aucun souvenir de ce qui s'était passé. J'ai eu une sensation de déjà-vu, mais j'ai décidé de mener l'enquête avant d'affirmer quoi que ce soit.

Un peu plus tard dans la matinée, j'étais assis accompagné d'un verre de scotch à la main. À cette heure de la journée, le bar était quasiment vide. Il n'y avait que le barman et moi. Alors j'en profitais pour interroger le barman. Et pour éviter tout soupçon, j'ai décidé d'engager la discussion sur un sujet complètement banal, mais qui, pour moi, ne l'était absolument pas.

_À qui appartient le manoir en amont de la ville ?

Le barman me fit un grand sourire et répondit :

_Une jeune femme fort charmante, elle est à croquer!

À l'écoute de ces mots, un frisson d'excitation me traversa le corps. Sans perdre une minute de plus, je bus mon verre d'un coup, sortis un billet de ma poche et le posai sur le comptoir du bar. Et avant même que le barman n'eut le temps de dire un mot de plus, j'étais déjà sorti du bar en direction du manoir.

Arrivé sur place, mon excitation fut encore plus grande quand je lus le nom inscrit sur la boîte aux lettres. Étant d'un naturel assez calme, je repris rapidement mes esprits avant d'appuyer sur la sonnette d'entrée. Quelques instants après, une femme âgée vint m'ouvrir la grille. Elle était vêtue d'une robe noire et avait la mine aussi joyeuse que le barman tout à l'heure.

_Bonjour ! Vous êtes là pour madame Deslys, je présume ? Dit-elle le sourire aux lèvres.

_Oui, bonjour. Effectivement, j'aimerais la rencontrer si c'est possible, répondis-je en lui rendant son sourire.

_Mais oui, bien sûr. Suivez-moi, je vous prie.

Arrivé dans le manoir, la vieille dame m'installa dans un salon en me demandant de patienter le temps d'aller prévenir madame Deslys. Je pris place dans un fauteuil, admirant la décoration intérieure, assez classe et sobre, presque dans le style gothique.

Quelques minutes après, une jeune dame entra dans la pièce. Grande et fine, vêtue d'une petite robe de bal d'un gris assez foncé, elle se dirigea vers moi avec autant de classe qu'une personne ayant consacré sa vie au perfectionnement de son élégance.

_Bonjour, très cher ! Je suis Anastasia Deslys, la nouvelle propriétaire de ce manoir, dit-elle en me serrant la main avant de prendre place dans le fauteuil en face de moi.

_Nouvelle, vous dites ?

_Effectivement. Voyez-vous, mon ancienne demeure a été détruite dans un incendie il y a quelques années. Et mes recherches d'une nouvelle maison m'ont conduite ici. Le manoir était abandonné et dans un état assez piteux. Les rénovations ont duré un peu plus de deux ans avant que je ne puisse m'installer il y a de cela 7 mois déjà.

_Et je suppose que votre ancienne demeure était aussi un manoir ?

_Tout à fait. Un malheureux accident l'a réduit en cendres alors que cela faisait à peine un peu plus d'une année que je m'y étais installée.

_Quelle bien malheureuse histoire. Connaissez-vous les causes de l'incendie ?

_Hélas non, très cher. Je dînais avec des convives lorsque l'incendie s'est déclaré quelque part dans la maison. Grâce au ciel, tout le monde a pu en échapper sain et sauf.

_Avez-vous pu sauver vos œuvres d'art ?

_Malheureusement, mes tableaux également ont fini en cendres.

_Je ne parlais pas des tableaux, madame Deslys. M'empressais-je de dire.

_Vous pouvez m'appeler Anastasia, très cher. Mais de quoi parlez-vous dans ce cas ?

_Mais des marionnettes, voyons !

Le sourire qu'elle arborait tout au long de la discussion disparut aussitôt qu'elle entendit cette phrase. N'attendant pas de réponse de sa part, je repris tout de suite :

_Voyez-vous, Anastasia, je suis moi-même un artiste. Et pendant longtemps, j'ai été fasciné par vos œuvres. Ces marionnettes que vous fabriquez sont tellement réalistes !

_Est-ce pour me dire cela que vous êtes venu me voir ?

_Oui, mais pas seulement. J'aimerais vous proposer une collaboration. Comme je vous l'ai dit, je suis moi-même un artiste. Mais contrairement à vous qui donnez vie à vos œuvres, moi je donne la mort.

_Je ne vous suis plus très bien, dit-elle, l'air perplexe.

_C'est très simple pourtant ! La vie n'a de sens que si la mort existe. Comment voulez-vous profiter pleinement d'aujourd'hui tout en sachant pertinemment que demain vous est promis ? C'est là où mon art intervient. Mes œuvres démontrent la fragilité de l'existence et vous exhortent à en prendre le plus grand soin. Mais j'imagine que vous comprenez déjà cette pensée.

_Vous êtes l'être le plus fascinant qu'il m'ait été donné de rencontrer depuis des lustres, dit-elle le regard rempli de fascination. Mais qui donc êtes-vous ?

_Je suis un artiste, mais surtout un messager. Le messager de la vie. Je suis l'Artisan de la Mort.

1055 mots,
Tracy Franck.

Recueil de nouvelles IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant