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Mercredi 26 novembre 2022

9h57

Pdv : Izuku

Kacchan est allongé sur son canapé. Pour éviter de devoir trop me déplacer, on a décidé de cohabiter quelque temps. Jusqu'à ce qu'il aille mieux. On a parlé avec les médecins et ils nous ont conseillé de cohabiter pendant environ deux semaines pour être sûr. Et moi, je suis d'accord avec ça, contrairement à Kacchan. Lui était contre. Mais, pour être sûr qu'il respecte ces dates, les médecins ont signé un document qui l'oblige à accepter d'être en ma compagnie pour deux semaines. J'aime bien cohabiter avec lui, même si je suis là parce qu'il ne peut pas faire certaines choses. Jusqu'à maintenant, je m'occupais de la cuisine, du ménage, de son traitement, de ses activités... La seule chose que je ne faisais pas, c'était tout ce qui avait un rapport avec son intimité première. Par là, je veux parler de son hygiène.

Et pour tout dire, ce n'est pas plus mal. Je me sentirai mal d'entrer dans sa bulle d'intimité. Même si je le fais en m'occupant de son appartement. D'ailleurs, à rester avec lui pendant ces quelques jours, j'ai appris certaines choses sur sa manière de vivre. Comme : comment il range ses affaires. Il les plie soigneusement et les range par préférence. Ses chaussures, elles sont placées dans un meuble à l'entrée et sont toujours au même endroit. Ensuite, sa cuisine est grande pour une seule et unique raison : pouvoir cuisiner en toute liberté. Il est doué pour ça et il aime cuisiner. D'ailleurs, il a deux énormes frigos et un gros congélateur. Il dit qu'il achète pour un mois entier. Il a également beaucoup de bière et d'alcool. Les bières dans le frigo et les alcools dans un autre petit frigo à la bonne température. Il a précisé que s'il a autant de bières et d'alcools différant, c'est parce que sa bande vient souvent boire chez lui.

Et son salon est immense. Avec une grande baie vitrée menant à sa terrasse. Une grande télé est disposée en plein milieu de la pièce de vie, devant un mur, entre deux portes. Je n'avais pas tout remarqué la dernière fois, mais son appartement est vraiment luxueux. Bien plus que ce que je pensais. Il a deux chambres et deux salles de bains. Une salle de musculation et un grand dressing. D'ailleurs, les deux chambres sont derrière les deux portes de chaque côté de la télé. L'une d'elle étant raccordée à son énorme dressing. Sur le mur à droite de la télé se trouve une autre porte menant à sa salle de musculation. Et sur le mur à gauche de la télé, deux portes, menant chacune vers une salle de bain. L'entrée se trouve entre la cuisine ouverte et le salon. D'ailleurs, son entrée est aussi super grande. Tout son appartement est joliment décoré. Il n'est pas non plus surchargé. Il y en a juste assez. Et puis l'entièreté du lieu à une odeur plus qu'agréable.

Hey, Deku ! Je tressaute légèrement, surpris. Vos supérieurs sont ok pour deux semaines ? Demande-t-il, le nez dans son livre.

C'est vrai que je ne te l'avais pas dit. Je réfléchis quelques instants puis réponds, un sourire aux lèvres. Oui, c'est bon. L'agence m'appellera uniquement s'ils ont vraiment besoin de moi.

Ok. Il ne dit plus rien.

Ha. C'est tout ? Il ne veut rien savoir d'autres ? Je pensais qu'on continuerait de parler juste un peu... On ne parle quasiment jamais. C'est... ennuyant ? Je devrais peut-être lui demander quelque chose à faire ? Son appartement est nickel, donc il n'y a pas de ménage à faire.
J'inspire un grand coup de me lancer.

Dis-moi, Kacchan... Tu ne t'ennuies pas, toi ?

Non. Répond-il simplement. Pourquoi ?

Ben... Je n'ai rien à faire et le programme télé n'est pas top. Excuse bidon... programme télé hein ?...

C'est vrai que ce n'est pas le meilleur des programmes aujourd'hui. Tu veux jouer à un jeu ? Il relève les yeux de son livre et me regarde.

Quel genre de jeu ?

Je ne sais pas, moi ! Je n'ai pas spécialement d'idées. Avoue-t-il. Et puis, les jeux qui se jouent à deux, il n'y en a pas des masses. Il pose son livre sur le meuble à côté de lui.

Oui. On peut peut-être regarder un film ?

M'oui. Mais je choisis. Il me regarde, un sourire moqueur aux lèvres.

D'accord ! Je lui souris. Je vais chercher des trucs à grignoter et à boire ! Je me lève et vais dans la cuisine.

Ramène-moi une bière, s'il te plaît. Crie-t-il à moitié.

Tu ne devrais pas, Kacchan. T'es encore blessé. Je répondis, moi aussi, en criant à moitié.

Mouais. Il ne dit rien un temps. Un coca alors.

Tout de suite !

Tout ce qu'il faut en main, je reviens sur le canapé. Je dépose les snacks sur la petite table en face de ce dernier et relevé la tête vers la télé. Ho. Un film d'action. Cool, je suppose ? Je m'assois sur le canapé, à côté de Kacchan. Il se lève et prend un plaid avant de revenir s'asseoir et de lancer le film. Il étend le plaid de manière que l'on soit tous les deux recouvert. Je le remercie brièvement et me concentre sur le film.
Non... Je ne peux pas concentrer... C'est impossible. Je ne peux pas alors qu'il ne fait que le fixer. Je le vois du coin de l'œil et de toute façon, je sens son regard très insistant. Trop insistant.

Tu n'as pas changé du tout. Murmure-t-il subitement.

Quoi ? Demandais-je, surpris.

Tu n'as pas changé. Il me regarde dans les yeux, un sourire triste collé au visage.

On ne se quitte pas des yeux. Lui comme moi, sommes ensorcelés.

Je crois... que tu m'as manqué, dans un sens. M'avoue-t-il.

... Ne pouvant rien répondre, je continue de le regarder.

Les souvenirs refont tous surface.
À la maternelle, quand je défendais un camarade, le regard de Kacchan planté dans le mien.

Ma première année de primaire, j'étais par terre. Kacchan et ses amis devant moi, rigolant de plus belle.
Ma première année de collège. Les yeux regardant le sol, concentré à ne pas pleurer sous les insultes de Kacchan et ses amis.
Ma troisième année de collège. Par terre, les autres élèves chuchotants. Kacchan devant moi, rieur.
« Il n'a pas d'alter. »
« C'est une grosse victime. »
« T'as vu ses yeux ? Ils sont tellement dégoûtants »
« Il est dégoûtant. »
Ma dernière année de collège. Le regard sur mon cahier. Kacchan venant de le jeter.
Mon entrée à Yuei. Mes quatre membres cassés, le géant écrasé.
Ma fugue. Je ne mangeais plus. Mes camarades m'ont retrouvé et Kacchan s'est excusé. J'ai pleuré.
Ma deuxième année à Yuei. Kacchan n'était pas encore réveillé. La bataille a failli lui coûter la vie.
Ma dernière année. Kacchan m'évitant. Une cicatrice sur son visage. Une cicatrice psychologique pour moi.
Trois mois après mon diplôme. Pleurant à chaudes larmes. Déprimé et fatigué.
Six mois après mon diplôme. Les gens m'acclament. Ochaco vérifiant que je mange bien, craignant une rechute dans la malnutrition pour la troisième fois.
Neuf mois après mon diplôme. Portant un masque chaque jour. Tombant en larmes tous les soirs, fatigué.
Onze mois après mon diplôme. Traînant sur les réseaux, essayant de divertir mon esprit pour manger le plus possible. Même si juste après, j'allais vomir tout ce que j'avais avalé.
Il y a quelques jours. Allant acheter des somnifères. La foule en furie. Un garçon au bord du vide. Mon cerveau se remet en marche une fois sur le toit. Kacchan. Il était là.

Je commence à pleurer sous le regard étonné de mon ancien ami. Mon ancien coéquipier. Mon ancien camarade.

Je lui ai manqué aussi ?

1291 mots.

Voili voilou.
Je suis malade :).
Passez une bonne nuit !
Moi, je vais essayer de fermer l'oeil.

Notre histoire [bkdk]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant