Chapitre 4

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     La sonnerie incessante du téléphone de Dazai retentit et, aussitôt, le jeune mafieux sauta presque dessus. Il l'attrapa, décrocha et apporta l'appareil à son oreille.
    – Ango ?? Tu l'as trouvé ?!
    De l'autre côté du téléphone, il put entendre son interlocuteur soupirer un coup.
    – Oui, répondit simplement Ango.
    Alors, un grand sourire fendit le visage du jeune homme aux multiples bandages.
    Il était à peine huit heures du matin, et Dazai était en pleine forme ; la veille au soir, alors qu'il avait rendez-vous avec ses deux amis –Ango et Odasaku– dans leur bar favori, il avait aperçu une tête rousse. Alors, sans même attendre, il s'était précipité dehors et, constatant qu'il avait bel et bien vu celui qui hantait ses pensées, il avait été dans l'incapacité de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Il avait aperçu Chûya, dans les bras de Fyodor. Son cœur s'était brisé, alors que son rouquin à lui pleurait à chaudes larmes dans les bras de son pire ennemi... Puis, Fyodor lui avait lancé un regard avant de rapidement partir avec Chûya – le seul bon point qu'avait pu voir Dazai était que Fyodor semblait prendre soin du rouquin. Mais... Il ne devait pas se fier à ce qu'il avait vu, lors d'une soirée très certainement arrosée. Fyodor n'en restait pas moins son pire ennemi, et il était prêt à tout pour détruire Dazai ! Alors, le brun se promit de rester prudent, tout comme il s'était promis de sauver son Chûya.
    Ainsi, après les avoir vu, Dazai s'était empressé de prendre en photo la plaque d'immatriculation de leur véhicule, puis, il avait demandé à Ango de faire toute les recherches possible sur ce véhicule –d'où il venait, quand avait-il été acheté, etc. Bien que son ami avait été réticent à faire cette pseudo mission, qui était très agaçante ne le cachons pas, il avait finalement accepté en voyant l'empressement de Dazai. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu un tel engouement chez lui...
    Même si, en réalité, Dazai aurait très clairement pu faire ces recherches seul ! Mais Ango n'en tint pas rigueur.
    – La moto est un ancien modèle qui ne se vend plus aujourd'hui, continua alors son ami. On en trouve que quelques modèles à peine, au Japon. Sur la photo que tu m'as envoyée, elle semblait en très bon état, ce qui signifie qu'elle a été achetée récemment, ou bien qu'elle a été en garage récemment.
    – Il va donc falloir faire le tour des garages, murmura Dazai.
    – Ouais. Ce n'est pas tout... Je ne devrais pas t'en parler, Ango finit par soupirer. Mais si ça peut t'empêcher de faire tous les garages du coin, je vais prendre le risque.
    Dazai fronça les sourcils aux mots de son interlocuteur. Inquiet et curieux, il imagina tout un tas de possibilités sur ce que pourrait lui dire Ango.
    – Il y a deux mois, un avion qui nous venait de Guernesey a été étrangement détourné. C'était un vol important, une transaction entre les deux pays... Mais l'avion n'est jamais arrivé. Cependant on a réussi à avoir des vidéos surveillance de ce qui a pu se passer.... Ton ami, celui que tu recherches, il contrôle la gravité, n'est-ce pas ?
    – Oui, c'est bien ça. Ango, qu'est-ce que tu as trouvé ?
    Le cœur de Dazai battait de plus en plus vite à cet instant précis, et sa poigne sur son téléphone se fit un peu plus forte.
    – Je crois qu'on le voit dessus. Enfin, je n'en suis pas sûr.... Mais ce qu'on y voit sur la vidéo est totalement contraire aux lois de la gravité ! Je t'envoie la vidéo.
    Silencieusement, Dazai esquissa un geste de la victoire. Puis, il s'exclama :
    – Merci Ango ! J'te revaudrai ça !
    – Oui, oui, soupira alors le jeune homme.
    – D'ailleurs, en quoi consistait ce vol ?
    Ango ne répondit pas de suite, et Dazai crut d'ailleurs que son ami avait raccroché, jusqu'au moment où le jeune homme reprit la parole d'une faible voix.
    – On y transportait une personne. Un prisonnier qui s'était exilé... Sa capacité était très dangereuse et l'Etat français, qui avait fini par le rattrapé, nous l'a envoyé pour qu'on l'enferme.
    – Victor Hugo, murmura Dazai en fronçant les sourcils, comprenant rapidement de qui il s'agissait.
    Il y a quelques semaines, Mori lui avait parlé de cet homme : après la mort de sa fille adorée, Léopoldine, il avait lentement sombré dans la folie, et ce fut à ce moment-là que son don s'était en quelque sorte déclenché. Si le brun se souvenait du peu qu'il avait pu lire à son sujet, le pouvoir de Victor Hugo lui permettait d'entrer dans l'esprit des personnes touchées. Cependant, il ne connaissait pas toute l'étendue de son pouvoir.
    – C'est ça, rétorqua Ango. Et depuis cette attaque, Hugo a totalement disparu ! Ce qui pose un énorme problème...
    – Je comprends, il soupira.
    Très vite, la discussion entre les deux jeunes homme se finit ; Dazai raccrocha et s'installa confortablement dans son lit, son ordinateur posé sur ses cuisses. Étant chez lui, il n'allait déranger personne. Ainsi, il pouvait faire tout un tas de recherches sans se soucier de tout le bruit qu'il pouvait faire alors qu'il faisait nuit. Et cela l'arrangeait grandement ! Il se pencha alors sur son ordinateur portable et commença à tapoter dessus.
    Sa chambre était plongée dans le noir, seul l'écran de son ordinateur émettait une lueur ; quelques-unes de ses mèches brunes tombaient sur le devant de son crâne, lui chatouillant ainsi les paupières, mais il n'en fut pas dérangé du tout. Un air concentré était peint sur son visage, sa lèvre inférieure légèrement mordue, alors qu'il observait avec une attention particulière la vidéo que lui avait envoyée Ango. Il analysait chaque seconde, et ne pouvait que constater ce que son ami lui avait expliqué : on y voyait bel et bien des choses contraires à la gravité. Puis, la voix de deux personnes retentissait – Dazai était persuadé d'y reconnaître la voix de Fyodor, et la seconde avait un accent particulier, il s'agissait probablement du prisonnier français...
    Dazai fronça les sourcils, alors que les souvenirs de la veille lui revinrent en tête.
    S'il en croyait ce qu'il avait vu, son petit rouquin était forcément avec Fyodor, et donc avec les Anges en décomposition.
    Avec les informations qu'ils avaient là, il pourrait très probablement trouver Chûya en recherchant Fyodor, et ce fut sur cette idée qu'il se basa à présent. Plusieurs idées lui vinrent donc en tête, mais seule l'une d'elle lui paraissait être la plus plausible : Dazai allait devoir rendre visite à deux vieux ennemis de la mafia portuaire...
    Le lendemain même, Dazai se retrouva dans la grande demeure Fitzgerald, en compagnie de Mori et des deux membres de l'agence des détectives...

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