Chapitre 6

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    Trois jours. Trois longs et douloureux jours à faire tout un tas de missions toutes plus ennuyeuses : voilà le temps que Chûya avait dû attendre. Et Dieu seul savait à quel point il avait attendu avec impatience que cette nuit arrive. Il était curieux de voir ce que donnera cette soirée, mais il était aussi angoissé.
    Depuis sa rencontre avec Dazai, Chûya était à fleur de peau, il réagissait au quart de tout et appréhendait beaucoup, si bien que Fyodor s'était inquiété plusieurs fois. Et aujourd'hui encore, alors que Chûya se préparait pour sortir, Fyodor l'observait avec crainte. Bien évidemment, Chûya n'avait rien pu cacher à son ami lorsque Sigma, Nikolaï et lui étaient rentrés de leur mission commune, trois jours plus tôt. Il avait tout avoué à Fyodor, lui racontant en détail leur discussion et comment avait agi Dazai. Chûya n'avait pas pu le lui cacher, il lui racontait tout, ils se connaissaient par cœur l'un l'autre, alors cela lui était évident qu'il devait parler de ce qu'il s'était passé à son ami. Fyodor avait été très compréhensif vis-à-vis de ce qu'il lui avait raconté mais il avait rapidement semblé embêté, ce qui était compréhensible sachant que Dazai était leur ennemi. Chûya avait certifié qu'il ferait attention et qu'il resterait sur ses gardes.
    Se préparant donc pour ce pseudo rendez-vous avec son ancien partenaire, Chûya commençait un peu à stresser, et il se sentait idiot de stresser pour ça. Son cœur battait vite rien qu'à l'idée de revoir Dazai, de l'entendre parler, de voir son sourire en coin absolument énervant. Il soupira en se regardant dans le miroir. Il avait opté pour une tenu des plus basiques, c'est-à-dire un bas noir proche du corps, marquant la finesse de ses jambes, ainsi qu'une chemise en soie brune, ses manches étaient retroussée jusqu'à ses coudes, laissant apercevoir la peau claire de ses avant-bras. Il avait ouvert sa chemise de trois boutons, comme il le faisait très régulièrement, laissant donc apercevoir ses clavicules marquées. Enfin, il avait attaché un épais ruban noir autour de son cou.
    Derrière lui, Fyodor se releva et vint se placer juste à côté de lui, il déposa une longue veste noire sur ses épaules et lui offrit un doux sourire au travers du miroir. Puis, toujours sans un mot, il lui coiffa rapidement sa petite touffe de cheveux roux, les attachant en un petit chignon rapide dans sa nuque. Enfin, il replaça correctement les mèches rebelles qui tombaient sur son visage. Voilà, Chûya était fin prêt, et magnifique.
    Fyodor resta à ses côtés et passa une main sur sa taille, dans un geste affectueux, qui le fit doucement sourire. Chûya adorait quand il agissait ainsi à son égard. Ils se donnaient toujours beaucoup d'affection, pourtant il n'y avait jamais d'ambiguïté entre eux. Peut-être se donnaient-ils ce qu'ils souhaiteraient recevoir de la part de certaines personnes...
    – Merci, se contenta de dire Chûya en regardant le au travers du miroir.
    Fyodor sourit et vint légèrement raffermir sa prise sur sa taille.
    – C'est normal. J'espère que ça se passera bien.
    – Je l'espère aussi...
    Alors, le plus grand de touna afin d'être face à Chûya. Il vint lui prendre le menton de sa main libre avec délicatesse et lui fit tourner la tête vers lui. Ainsi, Fyodor put ancrer ses yeux écarlates dans le regard azur de Chûya.
    – S'il fait quoi que ce soit qui te blesse, s'il te fait du mal, s'il te force à quelque chose, je le tue, sans hésiter, annonça-t-il avec sérieux et calme. Tu m'entends Chûya ? Pas de pitié. Et encore moins pour cette enflure de Dazai.
    Amusé par sa réaction, Chûya lâcha un rire avant d'acquiescer.
    – Et je t'aiderai à le tuer si ça arrive.
    – Te connaissant, je doute que tu en sois capable, murmura Fyodor d'un air innocent.
    Incrédule, Chûya donna une fausse tappe dans le flanc de son ami, lui provoquant un rire.
    – Fais gaffe, je pourrais te surprendre, rétorqua-t-il.
    – Mais oui, mais oui...
    Les deux jeunes hommes se sourirent et un silence s'installa entre eux, un silence agréable. Ils restèrent ainsi un instant, se regardant quelque peu, avant qu'une tête blanche munie d'un chapeau blanc et noir apparut dans leur champ de vision. Nikolaï arriva soudainement et, en quelques secondes à peine, il sépara le Fyodor de Chûya. Dans un geste possessif, il enlaça Fyodor en regardant Chûya d'un air suspicieux.
    – Il est à moi !
    Fyodor soupira.
    – Il le sait, Nikolaï...
    – Peu importe ! Je dois marquer mon territoire, annonça alors Nikolaï en venant déposer quelques baisers dans le creux du cou de Fyodor.
     Fyodor se força à ne pas réagir et Chûya ricana légèrement. Il observa un instant Nikolaï donner quelques baisers à Fyodor, se mouvant légèrement en faisant virevolter sa longue tresse dans son dos. Finalement, il détourna son regard pour le reposer sur son reflet. Il prit une grande inspiration.
    – Plus sérieusement, reprit Fyodor en ignorant Nikolaï, ne te fais pas trop d'espoir Chûya. Je connais assez Dazai pour te dire qu'il n'a pas changé, et qu'il ne changera pas. Il est toujours autant imbu de lui-même... Je ne voudrais pas que tu te sentes mal, alors que....
    Fyodor ne finit pas sa phrase, mais il n'en avait pas besoin car Chûya avait parfaitement compris où voulait en venir son ami : il ne s'était pas encore réellement remis de ce qu'il c'était passé sept ans plus tôt. Encore aujourd'hui, Chûya souffrait de la perte de Dazai, il souffrait de son abandon. Pourtant il ne savait pas ce qu'il c'était passé du côté de Dazai, mais il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il l'avait abandonné. Dazai avait été le premier à donner un sens à sa vie, et même sept ans plus tard, Chûya vivait pour Dazai. Mais ses motivations avait changé, à présent il le détestait. Et il comptait bien le lui faire comprendre. Il n'avait aucun espoir de retrouver leur complicité d'avant. Ils s'étaient éloignés et même si aujourd'hui ils se revoyaient, les sept années précédentes ne s'effaceraient pas.
    Pourtant, Chûya avait besoin d'avoir des réponses, il avait besoin de savoir si quelque chose était possible avec Dazai. Il en ressortirait soit heureux, soit encore plus brisé, mais il avait besoin de réponse. Et puis, dans tous les cas, il aurait toujours Fyodor.
    Et tout ça, encore une fois, Fyodor le savait. C'était pour ça qu'il avait, en quelque sorte, fait revenir Chûya à ce moment précis. Il avait bien vu que Chûya pensait encore beaucoup à Dazai, même si cela se manifestait par de la colère.
    – Je vais faire attention, murmura Chûya dans un soupir. Je vais y aller, sinon je vais être en retard... Je t'appelle juste après.
    Puis, il sortit de sa chambre, si l'on pouvait appeler cela comme ça, sous le regard inquiet de son ami. Vivre dans un vieil hangar abandonné n'était pas le meilleur en termes de confort. Fyodor lâcha un soupir et tourna la tête vers Nikolaï, qui lui offrit un petit sourire et vint déposer ses lèvres sur les siennes avec délicatesse et amour.
    – Tu n'as pas à t'en faire ! Il est plus un enfant, tu sais ?
    Fyodor leva les yeux au ciel et lui donna une légère tape dans la nuque. Puis, il fit face à Nikolaï en faisant la moue.
    – Faut que tu arrêtes d'être aussi possessif...
    – Mais tu es à moi ! Je ne partage pas, moi !
    Un petit rire passa la barrière des lèvres de Fyodor et il vint passer ses bras autour de la nuque de Nikolaï.
    – Tu ne m'as même pas proposé qu'on sorte ensemble... Théoriquement je peux faire ce que je veux, avec qui je veux.
    – Mais c'est parce que j'attends le meilleur moment pour !
    Fyodor soupira, perdant son sourire, et regarda Nikolaï d'un air sceptique.
    – Et sinon, comment vont nos invités ?
    Un sourire un peu plus cynique se dessina sur le visage de Nikolaï. Son seul œil visible, fendu en deux par une longue et fine cicatrice, brilla d'une étrange lueur. Une lueur dérangeante. Fyodor ne put réprimer un petit sourire en voyant l'expression de son compagnon.
    – Tigrou et son chevalier noir continuaient à se disputer lorsque je suis venu te voir... Ils sont incroyablement drôles !
    – Et pour Hugo ?
    – Notre très cher français est actuellement avec Fukuchi, ils parlent je crois.
    Fyodor acquiesça, un fin sourire fier plaqué au visage. Tout se passait comme prévu. Il espérait maintenant que Chûya n'ait aucun problème.
    La suite des événements ne dépendait que de Dazai à présent.

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