Chapitre 9

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    L'eau chaude coulait sur son corps nu et mince, le réchauffant doucement. Il regardait le vide, perdu dans ses pensées. Depuis qu'il s'était réveillé, Chûya se sentait totalement perdu, voire paniqué, par les souvenirs qu'il avait de la veille. Il se souvenait de tout, que ce soit le repas, les discussions ou bien les baisers qu'il avait échangés avec Dazai. Heureusement il n'avait été question que de quelques baisers, mais la peur était bien présente dans tout son corps. Lorsqu'il avait ouvert les yeux, dérangé par la sonnerie incessante de son téléphone, il s'était senti si bien dans les bras chauds et confortables de Dazai. Et son odeur enivrante, Chûya ne pouvait s'en passer. Dazai sentait la cannelle, ce n'était pas une odeur forte, mais plutôt agréable, douce. Elle le rassurait.
    Mais, lorsqu'il avait vu le nom de Fyodor apparaître sur l'écran de son téléphone, tout lui était revenu en pleine face : l'abandon de Dazai, ces sept années passées avec Fyodor... Il se sentait perdu. Il avait apprécié cette soirée avec Dazai, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable et honteux, comme s'il avait fait une bêtise. Pourtant... Il n'en avait pas fait, si ?
    Fyodor lui avait demandé de revenir de toute urgence. Il avait tout de même décidé de prendre une douche, histoire de ne plus sentir l'alcool... Il espérait tout de même qu'il n'y avait rien de grave.
    Une fois que son corps fut rincé de tout savon, il coupa l'eau et sortit de la cabine. Il passa une serviette autour de son corps et commença à se sécher. Mais des coups contre la portes se firent entendre.
    – Chûya ?
    Ah oui, Dazai. Malheureusement, il n'avait pas réussi à rester discret, et il l'avait malencontreusement réveillé. Lui qui avait espéré échapper à Dazai... C'était raté.
    – Je t'ai apporté quelques vêtements propres, ça sera mieux que tes vêtements d'hier, même s'ils seront un peu grands pour toi...
    Chûya se pinça les lèvres, les joues à présent rougies. Dazai prenait soin de lui depuis la veille au soir, et il ne pouvait que trouver cela adorable. Aimable. Mais il ne pouvait que se sentir apeuré. Qu'est-ce que cette soudaine attention voulait dire ? Comment devait-il réagir ? Il n'avait jamais connu Dazai aussi à l'écoute et attentionné. Et cette attention lui rappelait celle de Fyodor...
    Le cœur de Chûya se mit à battre avec force dans son torse, et il prit une grande inspiration. Il commença à se sécher les cheveux une fois que son corps fut à peu près sec.
    – Je vais juste remettre mon pantalon d'hier, en t-shirt je vais prendre un de tes t-shirts...
    – Je peux entrer ?
    Il entoura sa taille de sa serviette, soufflant un coup.
    – Tu peux, oui.
    La porte s'ouvrit et Dazai apparut. Il se mordit l'intérieur de la joue, regardant un instant Dazai avant de détourner le regard. Dazai, vint déposer les vêtements qu'il tenait sur le lavabo, ne pouvant pas détacher son regard ambré du corps laiteux aux courbes douces de Chûya. Il l'admirait sans gêne.
    – Tu es magnifique...
    Chuya baissa le regard, les sourcils légèrement froncés, et il murmura un remerciement. Il se sentait soudain mal à l'aise et il n'arrivait pas à regarder Dazai dans les yeux. Peut-être était-ce dû à ce qu'il s'était passé la veille ? Mais, alors qu'il pensait qu'il allait partir et le laisser tranquille, il entendit ses pas se rapprocher. Dazai lui releva la tête avec délicatesse et lui offrit un tendre sourire. Chûya déglutit alors qu'il croisa les pupilles ambrées de Dazai. Il n'était pas sûr de pouvoir garder son masque encore longtemps s'il le regardait un instant.
    – Comme toujours, ajouta alors Dazai.
    – Dis pas de bêtise, je ressemble à rien et j'ai la peau sur les os. Il n'y a rien de "magnifique" chez moi.
    Dazai fronça les sourcils, l'air embêté par les mots qu'il venait de dire. Chûya commença à paniquer, se haïssant d'être aussi franc avec Dazai. Il ne faisait clairement pas attention et il se livrait à Dazai, c'était extrêmement risqué... Mais son corps réagissait plus vite que ses pensées, et voila qu'il venait de faire quelque chose qu'il voulait à tout prix éviter : parler de lui, sans mensonge, à Dazai. Il se figea alors, retenant son souffle, jusqu'à ce que Dazai ne dise quelque chose.
    – C'est toi qui dis des bêtises, s'exclama-t-il. Tu es magnifique Chûya, ton corps est magnifique. Et tous ceux qui disent le contraire ne sont que des cons !
    Il posa avec délicatesse ses mains sur les joues de Chûya et les lui caressa. Il lui offrit un tendre sourire, et Chûya se crispa quelque peu à son toucher. Il fallut quelques secondes de plus pour qu'il ne se détende.
    – Tu es la plus belle personne que j'ai rencontré sur Terre... Tu es le plus beau de tous ! Et s'il faut que je te le dise tous les matins cinq fois au réveil, je le ferai ! Parce que c'est la vérité...
    – Dazai...
    – Je ne veux pas que tu sois malheureux Chuchu. Tu es incroyable, magnifique et incroyablement magnifique !
    Chûya battit les paupières sans savoir quoi dire face à ces mots. Il fronça les sourcils lorsqu'il prit conscience du surnom que Dazai venait d'utiliser. Il profita de ceci pour changer de sujet.
    – Chuchu ? Réellement, demanda-t-il avec incrédulité.
    – Bah quoi ? C'est mignon, comme toi, s'exclama Dazai avec fierté.
    – C'est surtout ridicule ! Ne m'appelle plus jamais comme ça, tu m'entends ?
    – Mais pourquoi Chuchu ?
    – Je déteste ce surnom ! Alors tu vas arrêter tout de suite de m'appeler comme ça, sinon je...
    Il se fit interrompre par Dazai, qui fondit sur ses lèvres avec douceur. Chûya répondit directement au baiser. Encore une fois, son corps réagissait avant tout.
    Même si le contact des lèvres douces et sucrées de Dazai était quelque chose d'agréable, il s'en voulait. Il s'en voulait d'être aussi faible face à Dazai. Son corps se réchauffait, mais son cœur le faisait souffrir. Perdu entre la haine et un tout autre sentiment qu'il ne comprenait pas, il était perdu. Que devait-il faire ? Devait-il repousser Dazai ? Et que dirait Fyodor s'il apprenait qu'ils s'étaient embrassés ?...
    – Chut, j'ai raison, murmura alors Dazai contre ses lèvres.
    – Mais...
    Encore une fois, il fut interrompu par les lèvres de Dazai, et il finit par sourire malgré lui. Dazai n'était pas possible, mais Chûya aimait ça étrangement.
    Il avait beau détester cette idée, au fond il savait qu'il accepterait de revenir dans cet appartement. Mais il n'était pas sûr qu'il accepterait aussi tous ses baisers. Mais ça, jamais il ne l'avouerait à voix haute.
    – Je dois vraiment me préparer pour y aller par contre, murmura-t-il finalement après s'être légèrement décalé. Mes amis m'attendent...
    Dazai fit la moue, mais il acquiesça et se recula.
    – Je te prépare ton petit déjeuner et un cachet pour ta gueule de bois ! Je t'attends dans le salon !
    Puis, Dazai disparut derrière la porte après avoir mimé un baiser volant en direction de Chûya, qui ne put que ricaner. Il était attendri. Enfin seul, il s'habilla, plutôt rapidement. Il enfila son bas noir puis un des t-shirts de Dazai totalement noir, avec une petite marguerite brodée au niveau du pec droit.
    Il se regarda un instant dans le miroir : son teint avait meilleure mine que d'habitude et ses cernes étaient moins apparentes. Il avait plutôt bien dormis. Il recoiffa rapidement ses cheveux avant de soupirer, une moue embêtée plaquée sur son visage. Mais que faisait-il ? Pourquoi laissait-il Dazai avoir ce plein contrôle sur lui ? Et surtout, pourquoi désirait-il autant l'embrasser. Il sourit malgré lui en repensant aux lèvres de Dazai contre les siennes. Il espérait que cette situation se reproduise à l'avenir. Vivre avec Dazai, se réveiller dans ses bras... Le chérir et l'aimer. Autrement dit, il espérait des choses qu'il pensait totalement impossible une semaine auparavant.
    Mais, il le détestait. Il ne pouvait pas lui faire confiance ! Il savait qu'il finirait briser : c'était certain. Et puis, il avait déjà ce bonheur avec Fyodor, pourquoi irait-il chercher autre part ?
    Et merde...
    
Il était complètement contradictoire.
    Il avait réussi à vivre sept ans sans lui, ce n'était pas maintenant qu'il allait avoir besoin de lui ! Il avait Fyodor, Sigma, Nikolaï, il lisait beaucoup. Il avait tout pour être heureux ! Et il l'était. Mais Dazai arrivait et il bouleversait tout.
    Il soupira un coup, puis inspira grandement. L'odeur de Dazai remplit ses narines, et il sourit davantage. Son odeur était présente sur le t-shirt, et cela l'aidera très certainement à passer la journée. Pour être apaisé, évidemment...
    Enfin prêt, il sortit de la salle d'eau et se dirigea vers le salon. Il y trouva Dazai, assis sur le canapé, en train de lire un livre. En entendant Chûya arriver, il ferma son livre et tourna la tête vers lui. Il lui offrit un grand sourire et se leva. Chûya ne bougea pas alors que Dazai s'approchait de lui et venait l'enlacer.
    – Tu reviens ce soir ?
    – Je ne sais pas encore, murmura Chûya en laissant sa tête tomber doucement contre son torse. Ça va dépendre de ce qu'il se passe aujourd'hui, de si j'ai une mission, ou autre. Mais... Je vais essayer de revenir, oui.
    – Je t'attendrai alors !
    Dazai déposa un tendre baiser sur le haut de son crâne. Puis il se recula légèrement et lui déposa son chapeau sur la tête avec un grand sourire. Chûya ne put que sourire lui aussi. Il regarda un instant Dazai, comme pour graver les traits de son visage dans son esprit, avant de reculer un peu. Il tourna alors la tête vers la table, qui se trouvait juste à côté d'eux. Il y trouva un verre d'eau avec un cachet et deux petits bols de riz. Il sourit un peu plus et vint prendre le verre d'eau et le cachet.
    – Tu n'as pas trop mal à la tête, demanda-t-il après avoir avalé le comprimé.
    – Excuse-moi de te le dire, mais contrairement à toi, je tiens l'alcool ! Je suis juste un peu fatigué, mais ça va.
    – Roh c'est bon.
    – Ce que tu es susceptible, mon Chuchu !
    – Je suis pas susceptible ! C'est juste que tu m'énèrves, espèce d'idiot.
    Chûya leva les yeux au ciel et commença à manger son riz. Dazai fit de même, toujours avec le même sourire amusé plaqué au visage.
    – Tu as apprécié ta soirée, demanda finalement Dazai.
    – Mh... Plutôt oui, soupira-t-il en n'ayant pas la force de mentir.
    – Moi aussi. J'ai même adoré !
    Ils se regardèrent un instant, silencieux. Dazai aperçut la lueur inquiète et perturbée dans ses yeux azurs. Aussitôt, il vint placer sa main sur celle de Chûya, voulant le rassurer du mieux qu'il put.
    – J'étais sincère, hier soir.
    – Tu sais qu'une seule soirée ne suffit pas pour que je te fasse confiance ?
    Dazai acquiesça.
    – Je l'imagine bien. Après tout, la confiance est une chose qui peut prendre du temps... Je ferai tout pour que tu aies confiance en moi.
    Il caressa le dos de la main du plus petit de son pouce, et les joues de Chûya prirent une teinte rougeâtre. Il détourna la tête.
    – Je t'aime, Chûya, continua-t-il. Je prendrai soin de toi autant que je le peux.

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