Fin

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    – Je t'ai apporté à manger.
    Chûya offrit un petit sourire à Sigma, qui vint s'installer à côté de lui sur le toit de la mafia portuaire.
    Une semaine avait passé depuis l'affrontement contre Fukuchi et Chûya, Fyodor, Nikolaï et Sigma étaient toujours à la mafia. Cette semaine leur avait permis de se reposer, même si Fyodor passait la moitié de ses journées à négocier avec Mori. Chûya avait pu apprendre à connaître Ryûnosuke et Gin. Ils avaient beaucoup parlé ensemble et ils avaient même embêté quelques personnes, comme Atsushi et Nikolaï. Ils avaient beaucoup ri. Pendant cette semaine, Chûya avait aussi pu se retrouver tout seul. Il avait beaucoup pensé, énormément même, mais il n'avait trouvé aucune réponse à son problème. Il avait à peine parlé avec Dazai. Il l'évitait même.
    – Merci, lui murmura-t-il avec un petit sourire.
    Il prit le bol de riz que lui avait ramené Sigma et commença à manger.
    Sigma l'avait vu, seul sur le toit, et il avait décidé de venir lui apporter de quoi manger. Chûya lui en était reconnaissant. Il s'installa à côté de lui. Le soleil se couchait lentement en face d'eux, leur offrant un spectacle magnifique. Leurs pupilles reflétaient les douces et chaudes lueurs de cet astre, les faisant briller comme des petits diamants.
    – Qu'est-ce que tu vas faire, demanda soudainement Chûya.
    Sigma se tourna et lui fit face.
    – Je pense retourner dans mon casino... Je dois avouer que ça me manque. C'est le seul endroit que je considère comme ma maison, et je ne me vois pas vraiment vivre loin de ma maison.
    Chûya se pinça les lèvres, comprenant totalement ses paroles. Se sentir chez soi, ce n'était pas quelque chose de simple. Alors, devoir quitter son chez soi, c'était certainement la chose la plus difficile que l'on pouvait demander à quelqu'un. C'était comme lui imposer de vivre loin de ce qu'il aimait, de ce qui le rendait heureux.
   Le cœur de Chûya se serra.
    – Mais en même temps je ne me vois pas vivre loin de vous, continua Sigma dans un soupir. Vous êtes ma seule famille, toi, Nikolaï et Fyodor... Alors, si vous partez, je pense que je vous suivrai.
    Le cœur de Chûya se serra un peu plus. Là encore, il le comprenait. Lui non plus, il ne se voyait pas vivre loin de son chez soi, ni loin de sa famille.
    – Et toi, demanda-t-il avec un petit sourire.
    Chûya baissa la tête en soupirant.
    – Je ne sais pas vraiment. Dazai veut qu'on parte tous les deux.
    Sigma eut une expression un peu plus sérieuse. Il posa ses mains sur ses genoux et pencha légèrement la tête.
    – Et toi, tu veux partir avec lui ?
    – Je veux pas être loin de vous...
    – Ça ne répond pas à la question.
    Chûya esquissa un sourire et acquiesça lentement.
    – C'est vrai...
    Sigma sembla réfléchir un instant. Il avait les sourcils froncés et ses yeux étaient plantés dans le vide.
    – Qu'est-ce que tu ressens avec nous ?
    – Je me sens bien. Je ne ressens aucune peur, aucun stress. C'est juste... Très agréable. Je suis vraiment heureux avec vous, et c'est comme si je pouvais passer n'importe quelle épreuve. Tant que vous êtes auprès de moi, j'aurai la force de tout faire. Surtout avec Fyodor... Je l'aime énormément.
    Un sourire se dessina lentement sur son visage alors qu'il parlait. Rien que de penser à ses amis le faisait se sentir bien.
    – Et avec Dazai ?...
    – C'est... Différent. J'ai peur avec lui. Peu importe la situation, j'ai toujours cette petite peur qui me suit partout... Même si Dazai me montre à quel point il m'aime. Je n'arrive pas à être pleinement heureux avec lui. Et puis...
    Il soupira sans réussir à finir sa phrase.
    – Tu sais ce que c'est cette peur ?
    Chûya entrouvrit les lèvres afin de répondre, mais il ne dit rien. En fait, il ne savait pas réellement. C'était toujours pour quelque chose de différent. Lorsqu'il était avec Dazai, il se demandait tout un tas de tout un tas de "Et si... ?". Il les recevait comme des coups, bien qu'il essayait de les oublier.
    Au contraire, avec Fyodor il savait exactement tout ce qu'il voulait. Avec Fyodor, il se sentait mieux.
    Soudain, une voix s'éleva derrière eux.
    – Tu as peur qu'il parte, non ?
    Chûya se tourna vers la voix alors que Sigma sursauta. Ils tombèrent nez à nez avec Ryûnosuke. Il avait l'air en forme, son teint avait repris pas mal de couleur et ses yeux semblaient briller. Juste derrière lui, ils purent voir Atsushi. Ils se tenaient la main.
    – Peut-être, murmura Chûya. Qu'est-ce que vous faites là ?
    Ryûnosuke haussa les épaules. Atsushi se pencha légèrement afin de pouvoir les regarder, il tenait un bento dans sa main libre.
    – On a pour habitude de venir manger ici, dit-il en leur offrant un sourire.
    – Oh, on peut partir si vous voulez, répondit Chûya.
    Ryûnosuke secoua négativement la tête et il vint s'asseoir à côté d'eux, entraînant Atsushi avec lui.
    – On va parler. Tu crois réellement qu'on va te laisser te morfondre.
    Chûya ne savait pas quoi répondre, Atsushi semblait gêné et Sigma souriait avec amusement. Sous le regard interrogatif de Chûya, il continua de parler.
    – Toute la mafia et toute l'agence savent ce qu'il se passe entre toi, Dazai et Fyodor. Et on se pose tous une question : avec qui tu partiras ?
    – Quoi, s'étonna Chûya.
    – On est pas idiot tu sais..
    – Ryû, murmura Atsushi. Peut-être qu'on ne devrait pas s'infiltrer comme ça dans leur vie...
    Ryûnosuke leva les yeux au ciel.
    – Non, c'est bon, annonça alors Chûya en fronçant les sourcils. Je veux savoir ce que vous en pensez. Et ce que vous savez aussi.
    – Dazai t'aime. Fyodor t'aime, dit-il en énumérant les faits sur ses doigts. Tu t'isoles depuis la fin du combat avec Fukuchi et tu ignores Dazai. Tu as passé ton enfance avec Dazai, mais tu as vécu pendant sept ans avec Fyodor. Même si avec Dazai c'est peu probable, il s'est à coup sûr passé quelque chose avec Fyodor durant ces sept ans. Et puis, votre façon d'agir, toi et Fyodor, est plus qu'ambiguë... Pourtant, on sait tous qu'il se passe un truc entre toi et Dazai, il le crit limite sur tous les toits.
     Une fois qu'il eut fini, il regarda Chûya dans les yeux, qui fut presque sûr de l'avoir vu esquisser un sourire durant une seconde. Atsushi soupira légèrement et commença à manger tout en évitant soigneusement de regarder Chûya. Ryûnosuke venait de faire un parfait résumé de la situation, Chûya en eut un frisson.
    – Merde, murmura-t-il.
    – Vous avez besoin d'aide, demanda Atsushi. On peut peut-être vous aider ?...
    Chûya réfléchit un instant. Peut-être que leur avis pourrait l'aider ? De toute façon, il était perdu, alors autant essayer. Il leva le regard vers eux et les regarda avec sérieux.
    – Globalement... C'est exactement ce que vient de dire Akutagawa, soupira-t-il. Dazai veut qu'on parte. Et au fond j'en ai envie. Mais je ne veux pas quitter Fyodor, ni mes amis et ma maison. C'est ici qu'il y a toute ma vie ! J'ai déjà beaucoup galéré à trouver ma place, je me suis souvent senti utilisé. Comme si je n'étais rien d'autre qu'une arme... Mais c'est ici, avec Fyodor, Sigma et Nikolaï que j'ai réussi à me sentir vraiment vivant. Et si jamais je devais réellement partir, ça serait avec Fyodor.
    Sigma sourit doucement en entendant ses mots.
    – Mais je ne peux pas ignorer tout ce que Dazai me fait ressentir... Je suis perdu. Est-ce que je suis Dazai et je quitte tout le monde, ou est-ce que je refuse et je reste avec Fyodor et ma famille ?
    Atsushi fronça un peu les sourcils.
    – Mais... Si monsieur Dazai vous aime réellement, il s'en fiche de tout ça.
    Ils tournèrent tous les trois le regard vers lui. Il rougit légèrement et paniqua un instant. Pourtant, il reprit pour expliquer le fin fond de sa pensée.
    – Monsieur Dazai vous aime pour qui vous êtes. Alors... Que vous partiez tous les deux loin d'ici ou que vous restiez à Yokohama, ça ne changera rien. il est censé comprendre que vous avez toute votre vie ici et que vous ne pouvez pas tout quitter pour lui. Après tout, vous avez vécu sept ans avec eux alors... C'est normal que vous ne puissiez pas les quitter. Il doit respecter votre choix, quel qu'il soit !
    Ryûnosuke acquiesça.
    – Et s'il ne comprend pas, c'est que c'est un con qui ne mérite pas d'être avec toi, ajouta-t-il.
    Chûya ricana. Sigma acquiesça et vint déposer une main sur son épaule. Il lui offrit un sourire.
    – Ils ont raison... Et je pense que le mieux c'est que tu aies une discussion avec Fyodor et Dazai. Les deux en même temps.
    Chûya réfléchit un instant à ce qu'ils lui disaient. Ils n'avaient pas vraiment tort. Ils avaient même totalement raison. Si Dazai n'était pas capable de le comprendre et d'accepter ses choix, comment pourrait-il réellement le rendre heureux ? Il acquiesça lentement et leur offrit un petit sourire.
    – Vous avez raison... Je vais faire ça. Merci beaucoup.
    Il sourit un peu plus et Sigma lui caressa le dos avec douceur. Puis, ils mangèrent tous ensemble tout en discutant de sujets légers et joyeux.

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