Chapitre 5

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    – "Après avoir regagné sa notoriété en quelques mois à peine après sa chute, Francis Fitzgerald est arrêté, soupçonné d'avoir kidnappé un jeune homme lors d'une de ses réceptions. De plus, les membres de l'Agence des détectives armées et de la Mafia portuaire étaient présents sur place, cela a-t-il un lien ?", Dazai, tu peux m'expliquer c'est quoi cette merde, s'exclama Mori d'une voix forte, sans prendre la peine de finir de lire l'article qu'il tenait dans ses mains. Tu avais dit qu'il n'y aurait aucun problème et que ton plan était infaillible !
    L'homme frappa sur son bureau et transperça Dazai de son regard dur. Dazai, de son côté, ne semblait pas se sentir menacé le moins du monde. Assis sur la chaise à roulette du bureau de son patron, il s'amusait à tourner sur lui-même, un fin sourire plaqué sur son visage. Mais, lorsqu'il entendit le coup de l'homme au cheveux noir contre le bois du bureau, il se stoppa. Son visage reprit une expression bien plus sérieuse.
    – Certes... On s'est un peu fait avoir avec Jôno. Mais la police n'a aucune preuve contre Francis, ou nous, ou l'agence !
    Mori soupira.
    – Dazai, tu crois que c'est drôle ? Tu crois que tout ça n'est qu'un jeu ?
    – Eh bien, en fait, je joue actuellement à un jeu de piste avec Fyodor ! Dont la récompense n'est autre que mon très cher Chûya...
    – D'ailleurs, il ne te reste qu'une journée pour me prouver qu'il est encore vivant ! Ce dont je doute très clairement. Ce jeu auquel tu joues n'a aucun sens, tu traques un mort, un fantôme ! Et d'ici vingt-quatre heures, tout ça s'arrêtera.
    – Je ne suis pas d'accord, rétorqua simplement le brun en recommençant à tourner.
    Mori serra les poings et sa mâchoire se crispa ; l'air détendu et sûr de son meilleur sous fifre l'énervait au plus haut point.
    – Bordel, Dazai arrête ça ! Tu n'as aucune preuve, et...
    Le patron de la mafia portuaire se stoppa totalement alors que Dazai lui montrait une photo sur son téléphone : on y voyait Fyodor et Chûya, assis au comptoir d'un bar, discutant et buvant. Le roux était tout souriant.
    – C'est Chûya. Avec Fyodor. Au bar... Il y a trois jours, le même soir où je suis allé au Lupin avec Ango et Odasaku.
    L'homme fronça les sourcils.
    – Donc il est avec ces rats...
    – Je ne le tuerai pas, si c'est ce que vous voulez savoir.
    Face au ton catégorique du plus jeune, Mori haussa un sourcil d'un air incrédule.
    – Pardon ?
    – Je ne le tuerai pas, répéta alors Dazai. Je vous l'ai dit, je vais le sauver.
     Mori soupira, il avait l'impression que le brun était irraisonnable. Il était évident que, si Chûya profitait tranquillement avec Fyodor au bar, c'était qu'il était avec lui. Et donc qu'il était un ennemi de la mafia. Qui plus est, il avait kidnappé Ryûnosuke.
    L'homme planta son regard dans celui de Dazai.
    – Et s'il essaie de te tuer, que vas-tu faire ?
    Dazai esquissa un sourire en coin.
    – Il ne me tuera pas.
    – Et comment peux-tu en être si sûr ?
    – Je l'ai vu, ce soir-là... L'alcool et ses effets ne mentent pas Mori, et le regard que Fyodor m'a lancé était différent des autres... Il n'était pas sûr de lui, mais inquiet. J'ai la certitude que je peux sauver mon petit Chûya. Laissez-moi essayer, Mori, et vous verrez...
    L'homme soupira – une nouvelle fois – et se redressa. Il se tint plus droit et se dirigea vers la grande baie vitrée de son bureau.
    – Tu m'épuises Dazai. Et avec Jôno, vous avez réussi à avoir quelque chose ? Il vous a confirmé que Chûya Nakahara est en vie ?
    Dazai ne put réprimer un sourire. Il se releva dans un bon et s'avança rapidement à côté de son chef.
    Cela ne l'étonnait pas du tout que Mori ait du mal à croire à la vie de Chûya, après tout il était mort. Son cœur ne battait plus, sa respiration avait cessé et son sang imbibait les vêtements de Dazai. De plus Mori n'avait rien trouvé en arrivant sur place, le corps de Chûya avait disparu. Pourtant, Dazai était persuadé que le rouquin était en vie ; il ne rêvait pas. Il l'avait vu deux fois, et son pouvoir se distinguait des autres – il ne pouvait s'agir que de lui lors de l'attaque de l'avion dont lui avait parlé Anago. Peut-être qu'aux yeux de son patron, il donnait l'impression de s'accrocher à une idée, un rêve, une chimère, mais il ne comptait pas abandonner. Il allait retrouver son partenaire d'une mission.
    Pourquoi ? Dazai n'en savait rien, mais le Chûya hantait ses pensées depuis près de sept ans. Et maintenant qu'il avait la possibilité de le retrouver, il ne comptait pas abandonner. Après tout... Pas de corps, pas de mort, n'est-ce pas ?
    – Jôno ne dira rien. Rien du tout.
    – Alors pourquoi l'avoir kidnappé, demanda Mori avec agacement.
    – Pour la même raison que Fyodor a décidé de kidnapper Ryûnosuke et Atsushi... Pour rien.
    – Comment ça ?
    Dazai sourit doucement.
    – Laissez-moi faire, Mori. Je m'occupe de tout...
    Il regarda rapidement l'heure et un plus grand sourire fendit son visage.
    – Veuillez m'excuser ! Je dois m'en aller, ou je risque d'être en retard...
    L'homme aux cheveux noir tourna la tête vers le plus jeune, les sourcils froncés.
    – En retard ? Où ?
    – Pour voir mon petit manipulateur de la gravité préféré, voyons... Quelle question !
    Alors, tout sourire, il fit une révérence théâtrale avant de sortir du bureau, sous le regard perdu de Mori, qui se demandait bien quelle bête l'avait piqué. Finalement, le chef de la mafia lâcha un soupir et esquissa un sourire : Dazai restait Dazai, un mystère à lui tout seul...

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