Signe de vie

Chapitre 7

    Fyodor faisait les cent pas dehors. Ses cheveux noir étaient attachés sur sa nuque, il se mordait nerveusement la lèvre inférieure. La nuit était tombée et il attendait impatiemment depuis une bonne heure le retour de Chûya. Il ne se préoccupait que peu du vent froid qui fouettait sa peau, bien trop inquiet pour avoir un réel raisonnement logique.
    Non loin de lui, Nikolaï s'amusait à tresser les cheveux bicolores de Sigma, qui regardait Fyodor avec crainte.
    – Il va revenir, commença Sigma. Tu n'as pas à t'en faire Fyodor... Et puis, si jamais il lui arrivait quelque chose, il a toujours son pouvoir.
    – Oui, commenta Nikolaï d'un air désintéressé. Ce n'est pas comme si il était sans défense.
    Fyodor leur lança un regard avant de soupirer. Il s'arrêta de marcher et plaça ses mains sur ses hanches, le regard perdu dans le vide. Il secoua la tête de droite à gauche frénétiquement.
    – Vous ne comprenez pas, marmonna-t-il les dents serrées. Je sais bien qu'il est fort et qu'il sait se défendre. C'est juste que... Je...
    – Tu tiens beaucoup à lui, compléta Sigma avec un petit sourire.
    – C'est ça, soupira Fyodor en acquiesçant lentement.
    Nikolaï ne dit rien et continua de s'occuper des cheveux de Sigma, mais il fronça légèrement les sourcils.
    – S'il revenait blessé, ou même triste, je m'en sentirais coupable... Je veux uniquement son bonheur, et je sais que Dazai ne lui en apportera aucun !
    – Comment tu peux le savoir, demanda Sigma.
    – Dazai est... Il n'est pas celui qu'il faut pour Chûya. Je le sais, c'est comme ça...
    – Alors qui serait fait pour lui, d'après toi ?
    Fyodor se pinça les lèvres en entendant la question de Sigma. Il connaissait Chûya par cœur, il savait qu'il avait besoin de gestes doux et affectueux, et surtout, de quelqu'un qui saurait le soutenir et l'élever toujours plus haut. Il avait besoin de quelqu'un qui fasse très attention à lui, qui lui donne de l'attention...
    Il soupira.
    – Chûya a besoin d'amour.
    – Pourquoi, demanda Nikolaï brusquement.
    Sigma et Fyodor tournèrent alors leur regard vers lui, l'air perdu. Nikolaï avait le regard noir et les poings serrés. Si Sigma ne comprenait pas la réaction brutale de Nikolaï, mais Fyodor comprit directement. Il revêtit alors un air moins expressif, comme dans un automatisme.
    Le mutisme de Fyodor et Sigma obligea Nikolaï à justifier sa question.
    – Je veux dire... Dazai semble déterminé à l'aimer. Pourquoi ne pas simplement le laisser aller vers lui ? Comme ça tout le monde sera content, Dazai et Chûya seront heureux ensemble et je serai heureux avec Fyodor.
    – Nikolaï, murmura Sigma en fronçant les sourcils. Pourquoi es-tu aussi... Catégorique ?
    – Laisse Sigma, c'est rien, répondit simplement Fyodor avant de leur tourner le dos. Vous devriez rentrer, il se fait tard et vous avez besoin de repos.
    – Tu... Tu es sûr, demanda Sigma avec inquiétude.
    – Oui. Rentrez.
    Sigma soupira mais acquiesça avant de rentrer. Il tenta d'emmener Nikolaï avec lui, mais celui-ci ne bougea pas d'un pouce. Alors, il abandonna l'idée.
    Fyodor pouvait sentir le regard de Nikolaï sur lui, comme un poids lourd sur les épaules. Finalement, Nikolaï se leva et s'approcha de lui. Son souffle s'échoua sur la nuque de Fyodor, lui donnant quelques frissons.
    – Ça va pas, demanda Nikolaï.
    – Si, ça va. Tu devrais rentrer, ta journée a été chargée.
    Pour toute réponse, Nikolaï l'enlaça et le serra contre lui avant de lui déposer un baiser sur la joue. Il soupira et ferma les yeux.
    – Toi aussi tu devrais te reposer...
    – Nikolaï, je suis à fleur de peau, tu ne devrais pas me toucher. C'est risqué.
    – Mais je te fais confiance.
    Fyodor ne répondit pas et baissa la tête, se perdant peu à peu dans ses pensées.
    Nikolaï lui faisait confiance.
    Il déglutit et se dégagea de l'emprise de son ami avec délicatesse, ayant soudain peur de brusquer Nikolaï. Puis, il se tourna pour lui faire face.
    – Je suis sérieux, va dormir...
    – D'accord, répondit Nikolaï en venant déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Je t'aime !
    Fyodor se contenta de lui faire un petit sourire, puis Nikolaï partit joyeusement. Se retrouvant seul, Fyodor baissa la tête et fixa le sol. Il pensa à plein de choses, et notamment à Nikolaï et Chûya. Mais, il se perdit bien vite. Il leva donc la tête et observa la lune avec attention, l'air triste.
    Comme si le ciel avait entendu ses prières, le bruit d'un moteur de moto retentit au loin, signe que Chûya revenait.