Une voiture se gara à vingt heure moins dix devant le grand building de la mafia portuaire. Fyodor, Chûya, Nikolaï et Sigma sortirent du véhicule et se dirigèrent vers la porte d'entrée d'un pas ferme.
Fyodor se tenait un peu devant les trois autres. Contrairement à d'habitude, sa veste était négligemment posée sur ses épaules et le côté gauche de son torse était entièrement caché par celle-ci. Il avait un regard noir et son teint était livide. Son visage était recouvert d'égratignures. Il semblait affolé malgré l'air sûr de lui qu'il abordait, sa mâchoire était crispée et ses épaules semblaient tendues. À sa droite se trouvait Chûya. Il marchait avec rapidité, la mâchoire crispée lui aussi et les sourcils froncés. Il observait le bâtiment en face d'eux avec appréhension, les souvenirs de ses quinze ans remontaient doucement. La veste en cuir qu'il portait ainsi que son pantalon noir proche du corps marquaient sa fine taille et sa maigreur. De l'autre côté, à gauche de Fyodor, se trouvaient Sigma et Nikolaï. Nikolaï n'avait pas le sourire heureux et rayonnant qu'il avait l'habitude d'arborer. Un air apeuré et inquiet était gravé sur son visage. Quant à Sigma, il marchait difficilement et grimaçait presque à chacun de ses pas. Un grand et épais bandage entourait sa jambe. Nikolaï l'aidait à marcher, le tenant par la hanche avec fermeté. Ils semblaient tous être exténués. Rien qu'en les voyant tous les quatre, il était simple de deviner qu'ils avaient durement lutté.
Ils arrivèrent rapidement devant l'entrée du bâtiment. On leur ouvrit la porte sans attendre et ils furent directement conduits jusque dans le bureau de Mori. Tout se passait dans un silence de mort. Sur le chemin, Chûya se pinça les lèvres et ses mains commencèrent à trembler. Fyodor remarqua rapidement son angoisse. Il lui prit la main afin de le rassurer, il entrelaça leurs doigts. Ils se firent de petits sourires.
Une fois devant la porte du bureau de Mori, les deux membres exécutifs qui les accompagnaient partirent. Fyodor lança un regard aux trois autres et serra un peu plus la main de Chûya dans la sienne. Chûya frappa trois coups à la porte.
– Entrez, résonna la voix puissante de Mori derrière le bois.
Fyodor souffla un coup et Chûya ouvrit la porte. Ils entrèrent en silence. Leurs talons claquèrent contre le sol du bureau durant une petite minute, jusqu'à ce qu'ils arrivèrent en face de leurs hôtes.
Mori se trouvait assis à la chaise de son bureau, ses coudes étaient posés dessus. Il les regardait d'un air dur. Sur sa droite, assis sur une chaise lui aussi, se trouvait Fukuzawa. Il avait la tête haute et lui aussi un air dur plaqué au visage. Ses yeux étaient teintés de curiosité malgré tout. Juste à gauche du chef de la mafia se trouvait Dazai, qui avait les mains croisées dans son dos. Un fin sourire était apparu sur son visage lorsque Chûya et ses amis étaient entrés dans la pièce. Enfin, à côté de Fukuzawa se tenaient deux détectives. Il y avait un petit jeune homme, aux vêtements bruns, et une jeune femme aux cheveux noirs. Ils dévisageaient Fyodor, Chûya, Nikolaï et Sigma.
Mori les regarda tour à tour et il s'arrêta sur Chûya, le regardant avec sévérité. Chûya se pinça les lèvres, le cœur battant à une vitesse ahurissante.
– Bonjour à vous, commença alors Fyodor en venant s'incliner avec respect. Merci de bien vouloir nous recevoir.
– Je me voyais mal refuser cette proposition, lorsque Dazai est venue me l'annoncer ce matin, annonça Mori sans détacher son regard de Chûya. Après tout... Ce n'est pas tous les jours que les morts réapparaissent.
Dazai serra imperceptiblement la mâchoire. Fyodor ricana.
– Ce n'est pas tous les jours que l'on trouve une personne en or, laissé pour mort, dans une flaque de sang.
Dazai serra les poings. Ce fut au tour de Mori de ricaner, faussement amusé. Mais avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit, Fukuzawa s'exclama.
– Que nous vaut votre venue ? Et pourquoi nous avoir demandé de venir, nous aussi ?
Fyodor regarda tour à tour les mafieux et les détectives. Alors que le temps passa, il resta silencieux quelques instants. Le silence ne fut pourtant pas dérangeant. C'était comme s'il lui permettait de reprendre ses esprits pour trouver comment expliquer la raison de leur venue. Il finit par fermer les yeux et il lâcha un soupir. Un fin sourire se dessina sur son visage. C'était un sourire triste. Jamais Dazai ne l'avait vu dans cet état. Dazai se pinça les lèvres.
Finalement, Fyodor rouvrit les yeux et encra son regard dans celui des hôtes.
– Les anges en décomposition n'existent plus.
Fukuzawa fronça les sourcils tandis que Mori daigna enfin détourner son regard sombre de Chûya pour venir le poser sur Fyodor, l'air étonné.
– L'organisation a explosé. Il y a eu une mini-guerre, continua-t-il avant de montrer ses camarades d'un signe de la tête. Comme vous pouvez le voir, nous avons beaucoup subi... C'est pour ça qu'on vient aujourd'hui vers vous. On vous demande votre aide, une alliance.
– En quoi cela nous concerne, demanda alors Fukuzawa en penchant la tête sur le côté, semblant de plus en plus curieux. Après tout, nous ne sommes pas touchés par ça et nous sommes toujours vos ennemis. Nous ne pouvons que nous réjouir de cet éclatement.
– C'est justement là que vous avez tort, rétorqua alors Fyodor en levant légèrement la tête.
Il esquissa un sourire fier.
– Si je ne m'abuse, deux de vos membres sont actuellement K.O., n'est-ce pas ?
Un court silence suivit cette question, faisant un peu plus sourire Fyodor. Dazai lança un regard à Chûya, comprenant que celui-ci avait très certainement expliqué à Fyodor ce qu'il lui avait dit au sujet de Ryûnosuke et Atsushi. Il reporta ensuite son regard sur Mori, qui ne bougeait pas d'un pouce. Pour Dazai, la réponse était évidente, ils devaient les aider. Mais il ne savait pas comment Mori et Fukuzawa allaient prendre les choses. Allaient-ils accepter ? Allaient-ils refuser ? Dans tous les cas, il se prépara à devoir les convaincre d'accepter la proposition de Fyodor.
– Pourquoi Fukuchi s'est-il embêté à stopper Ryûnosuke et Atsushi ? Il aurait pu se servir d'eux, les manipuler grâce au pouvoir de Victor Hugo ! Mais il ne l'a pas fait. Ce qui l'handicape en réalité... Et pourquoi, d'après vous ?
– Parce qu'il souhaite simplement notre mort, commença alors le petit détective à côté de Fukuzawa.
Celui-ci releva la tête vers Fyodor, révélant ainsi une paire de lunettes posée sur son petit nez, avant de regarder Fukuzawa et Mori.
– Explique toi, Ranpo, s'exclama alors Fukuzawa.
– Il va vouloir nous tuer. Comme il a essayé de les réduire à néant, s'exclama Ranpo avec calme en montrant Fyodor et ses amis. Et au vu de l'état de ces quatre-là, le mieux qu'on puisse faire c'est de s'entraider, si on ne veut pas finir en petit morceau. Il va essayer de nous tuer un à un. Et il a déjà eu deux d'entre nous. Une alliance est la meilleure chose qu'on puisse envisager, on aura plus de chance de vaincre notre ennemi ensemble que chacun de notre côté.
Mori dévisagea un instant Ranpo alors que Fukuzawa réfléchissait, il avait l'air d'être plutôt d'accord avec Ranpo.
– Moi, il y a quelque chose qui me tracasse, s'exclama alors Mori d'une voix dure en venant reposer son regard sur Chûya. Que s'est-il passé il y a sept ans ?
Un ange passa. Mais cette fois-ci, le silence était plutôt dérangeant. Alors que Mori regardait fixement Chûya, celui-ci détourna le regard tandis que les souvenirs lui revinrent d'un seul coup en tête. Bien qu'il avait retrouvé Dazai, repensé à ceci le faisait toujours autant souffrir. Et à chaque fois, il revoyait les mêmes scènes. Il revoyait Dazai, son regard plein de larmes et de peur. Alors qu'à son réveil, il n'était même pas présent, il l'avait abandonné.
Dans un geste protecteur, Fyodor serra un peu la main de Chûya dans la sienne et lança un regard noir à Mori.
– Puisque nous sommes dans les révélations : dites-moi Mori, pourquoi avoir laissé Chûya pour mort alors qu'il travaillait pour vous ?
Suite aux mots de Fyodor, Dazai réagit au quart de tour. Il se tourna vers Mori, les sourcils froncés.
– De quoi il parle ?
– De rien, voyons, s'exclama Mori. Comme je te l'ai dit Chûya n'était plus là quand je suis arrivé sur place.
– Menteur, s'écria Fyodor d'un air agacé. Je vous ai vu, Mori. Vous êtes arrivé et vous avez regardé Chûya. Vous avez vérifié son poul avant de partir en souriant ! Vous sembliez plus que satisfait de le voir au bord de la mort !!
Chûya tourna lentement la tête vers lui, la bouche entrouverte, alors qu'il entendait ses mots. Fyodor ne lui avait jamais parlé de ça... Sa poitrine se comprima, il déglutit.
– Fyodor... C'est quoi cette histoire, demanda-t-il d'une voix mal assurée.
Fyodor se stoppa soudain, comprenant peu à peu qu'il avait parlé trop vite. Il tourna la tête vers lui avec lenteur et il entrouvrit la bouche afin de parler. Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Chûya fronça les sourcils, sa respiration se faisait plus lourde. Il ne se sentait pas blessé, il n'en voulait pas à Fyodor, mais il était déçu.
– Tu m'as dit que quand tu étais arrivé, tu m'avais trouvé seul... Il n'était jamais question de Mori.
– Chûya... C'est juste que... Je ne me voyais pas te dire ça, tu... Tu allais déjà si mal.. Je voulais simplement te préserver !
Chûya retira sa main de celle de Fyodor et il se recula un peu. Fyodor tenta de s'approcher, mais il continua de reculer, secouant la tête de droite à gauche mécaniquement, les yeux grands ouverts.
– Je te faisais confiance...
– Mais- Mais, tu peux me faire confiance, Chûya ! Je ne t'ai jamais menti, j'ai juste caché une part de la vérité ! Ce n'est pas si grave ! Je l'ai fait pour te protéger.
Tant bien même qu'il disait la vérité, il se sentit nul et idiot. Pourtant il ne doutait pas du fait que Fyodor avait pensé faire ça pour son bien. Il le connaissait par cœur et il savait qu'il avait toujours tout fait dans son intérêt. Mais une part de lui ne pouvait s'empêcher d'être déçu.
En même temps, Dazai s'était approché de Mori et l'avait attrapé par le col. Ses yeux brillaient de colère et de déception, de tristesse et de douleur. Sa poigne sur son vêtement était forte, bien que tremblante, et son souffle était lourd. Son cœur le faisait souffrir.
En cet instant, ce fut comme si les âmes de Dazai et Chûya s'étaient accordées pour leur faire ressentir la même douleur.
– Vous avez laissé Chûya alors qu'il était mourant, et vous m'avez doublement menti, grogna-t-il les dents serrées. Je n'aurai jamais dû vous faire confiance !
– Attends, Dazai. Tu ne vas quand même pas croire l'ennemi ?
La porte claqua dans le bureau et les appels paniqués de Sigma, de Nikolaï et de la détective aux cheveux noirs raisonnaient. Mais c'était actuellement le cadet des soucis de Dazai, qui ne se préoccupait que de Mori. Il voyait rouge, il voulait faire regretter à son patron ce qu'il avait fait. Malheureusement, ce n'était ni le moment, ni le lieu. Qui plus est, il n'avait pas envie de s'abaisser à tuer un homme comme lui.
– L'ennemi c'est celui qui nous nuit, pas celui qui vient implorer notre aide. Et, je crois bien que vous avez nuit à mon bonheur pendant sept putain d'années, Mori. Sept putain d'années où je vous faisais confiance ! J'ai été le pire des idiots.
Mori voulut répliquer mais Dazai ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit.
– Vous l'avez laissé mourir, et vous m'avez ouvertement menti en me faisant croire qu'il était mort, s'écria-t-il avec colère. Soyez sûr d'une chose, Mori, une fois que Fukuchi sera hors d'état de nuire, je quitte la mafia. Et je partirai avec Chûya, que vous soyez d'accord, ça ne changera rien. Je ne vous tuerai pas, non, juste pour que vous puissiez vous rendre compte de toute l'étendue de votre erreur. Croyez-moi sur le fait que je vous le ferai bien regretter ! Au moins, Fyodor lui, il a pris soin de Chûya... Je ne peux pas en dire autant de vous.
Sans ajouter un mot de plus, Dazai le lâcha et se recula en serrant les poings.
– Tu as été bien plus compétent après ça, cria soudainement Mori. Laisser mourir Chûya a été la meilleure des décisions que j'ai prise, que ça te plaise ou non !
Dazai l'ignora complètement. Il regarda rapidement la pièce et constata que Chûya n'était plus présent. C'était d'ailleurs certainement lui qui avait claqué la porte. Sigma était au sol et grimaçait. Nikolaï étaient accroupi à côté de lui et semblait lui parler. Enfin, Ranpo semblait débattre avec son chef avec sérieux et calme. Fyodor, quant à lui, regardait le vide d'un air perdu.
Dazai serra les poings et, ignorant l'appel de son propre chef, il quitta la pièce en claquant lui aussi la porte.
Fukuzawa soupira une fois que la porte claqua pour la seconde fois et regarda chaque personne présente. Il fronça les sourcils et il frappa dans ses mains avec force. Il attira alors l'attention de tout le monde et le silence remplit à nouveau la pièce.
– On se croirait dans une garderie, soupira-t-il avant de regarder la jeune femme. Yosano, peux-tu soigner Sigma, Nikolaï et Fyodor ? Mori, nous avons à parler de ce qu'on va faire, puis il se tourna vers Fyodor, nous reviendrons vers toi une fois que tu seras soigné. Ranpo, tu restes avec Mori et moi, ton avis peut nous être utile.
Ils acquiescèrent tous, silencieusement, et Yosano sortit de la pièce, accompagnée de Fyodor, Nikolaï et Sigma.___
Aie aie aie... Ça sent pas bon tout ça 👀
Qu'en pensez-vous ? 🙈A demaiiinn
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Signe de vie
FanfictionAlors que Dazai pensait avoir perdu Chûya, une suite étrange d'évènement le mène à penser que le petit rouquin serait encore vivant...