2. l'arrivée

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Cette colonie est à la fois une semaine de pur bonheur, car je suis avec ma sœur, mais aussi une semaine cauchemardesque. Chaque jour, je dois faire attention à chacun de mes gestes, porter des lentilles et toujours garder mon masque qui dissimule ma soi-disant beauté.

Je pensais que nous allions, comme d'habitude, dans la même colonie, mais mes parents nous surprennent en annonçant que cette fois-ci, nous partirons près de Paris, la ville rêvée de ma sœur. Personnellement, je préfère la campagne, ou des endroits plus calmes.

Après plusieurs heures de route, nous arrivons enfin devant une grande maison blanche, avec une toiture noire élégante. Des rosiers bien entretenus encadrent une imposante porte en bois. Devant la maison, il y a déjà des dizaines de personnes, se disant au revoir, s'embrassant, certains en larmes. Mes parents enlacent longuement ma sœur, tandis que je reste en retrait, impassible.

Une femme, vêtue d'un haut blanc et d'une jupe noire, s'approche de nous.

— Bonjour et bienvenue au centre de loisirs des Jours Heureux. Je m'appelle Céline, et je serai votre responsable de chambre pour la semaine, dit-elle d'une voix forte et claire.

Notre père lui tend la main avant de présenter ma sœur.

— Excusez-moi monsieur, n'étiez-vous pas censé avoir deux filles ? reprend-elle en observant ma sœur.
— Si, voici la deuxième, dit-il en me tirant brusquement par le bras.

Elle me sourit poliment.

— Petite insolente, tu pourrais au moins dire bonjour ! chuchote mon père, juste assez fort pour que moi seule l'entende.
— Je... désolée. Bonjour, balbutiai-je d'une voix à peine audible.
— Excusez-nous, mais malheureusement, nous avons raté l'éducation de celle-ci, ajoute mon père, sans une once de gêne.

Je baisse les yeux, mal à l'aise d'être au centre de l'attention.

Un homme, monté sur les marches, s'adresse à la foule d'une voix forte :

— Bonjour à tous ! Je m'appelle Paul, je suis l'un des encadrants. Laissez-moi vous expliquer le déroulement de la semaine. Les chambres seront partagées entre quatre à huit personnes, et chaque chambre aura un responsable. Moi, par exemple, je supervise les chambres 14, 16 et 17. Il y aura des activités adaptées à la météo et aux choix que vous avez faits, ainsi que des visites de Paris. Je vous invite maintenant à dire au revoir une dernière fois à vos parents, puis à consulter les panneaux d'affichage pour découvrir vos chambres et vos camarades.

Mes parents, après une ultime étreinte à ma sœur, s'éloignent en direction de leur voiture, nous laissant livrées à nous-mêmes pour la semaine.

Ma sœur me prend la main, et nous nous dirigeons ensemble vers le panneau d'affichage. Nous sommes assignées à une chambre de six, partagée avec deux autres groupes de sœurs : Lola, Sophia, Lucie et Clémence.

Nous montons un majestueux escalier en marbre rose et blanc jusqu'à notre chambre, située au premier étage, dans un couloir à droite. Derrière la porte numéro 6, la pièce est gigantesque : six lits doubles en bois blanc, des armoires assorties, une porte menant sans doute à la salle de bain, et un petit salon aux tons blancs et bleus baigné de lumière.

Les quatre autres filles sont déjà là, ayant choisi leurs lits. Lucie, enthousiaste, se précipite vers nous.

— Salut ! Moi, c'est Lucie, et là-bas, c'est ma sœur Clémence. Vous avez vu comme la chambre est immense ? On a déjà choisi nos lits, j'espère que ça ne vous dérange pas, dit-elle avec un grand sourire.
— Moi, c'est Lisa, et voici ma sœur Lina, répond ma sœur avec assurance.
— Vous êtes sœurs ? Ça ne se voit pas, s'étonne Lucie.
— Nous sommes même jumelles, dis-je d'un ton détaché.
— C'est trop cool ! J'aurais adoré avoir une sœur jumelle.

L'héritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant